Le retour de The Boo Radleys, légendes des années 90 trop vite retombées dans l'oubli, se confirme en 2023 avec Eight, qui porte bien son nom puisqu'il s'agit du huitième album de la bande menée par Sice Rowbottom. Huit albums en trente trois années, c'est peu commence-t-on déjà à me souffler dans l'oreillette. Mais, excusez-moi du peu chers lecteurs exigeants, précisons alors dont six en huit années, car les « Boos » se sont mis en berne dès 1998, refusant cette notoriété qui a été la leur suite à la parution de Wake Up!, album les ayant menés vers le mainstream, faisant alors mentir ses créateurs sur leur volonté de rester authentiques.
Deux décennies plus tard, c'est en trio et avec un désir partagé de renouer avec leur public que The Boo Radleys se reforment. Ils continuent ainsi de marquer leur comeback entamé en 2021 avec Eight, qui nous offre une série de titres tous extrêmement bien produits, construits autour d'une pop rock ensoleillée à l'orchestration riche passant des guitares légèrement rugissantes aux volutes synthétiques donnant de nombreuses nuances à certains morceaux comme Sorrow (I Just Want To Be Free) ou Swift's Requiem.
On retrouve la touche un peu plus bohème de The Boo Radleys avec les trompettes chaudes de Seeker, renouant avec le son très reconnaissable du groupe, de celui qui nous était familier il y a plus de vingt ans maintenant.
Le retour aux affaires après de si longues années n'est pas aisé, mais cela ne serait sans compter sur l'incroyable chant de Simon Sice Rowbottom. Nous vous mettons alors au défi de comparer quelques titres de la première ère avec par exemple la magnifique ballade Way I Am ou le très mélodieux Hollow. Je vous le donne en mille, on n'y perçoit guère de différence. Le secret de Simon pour maintenir cette voix intacte est des plus mystérieux et on apprécie ainsi de reprendre le train en marche sans subir de gros bouleversements.
La tracklisting se veut fourni, démontrant que la symbiose entre les membres du trio persiste pour notre plus grand plaisir. Les ambiances flirtent avec la pop fleurie (Now That's What I Call Obscene), les hommages ska (The Unsconscious), voire avec quelques réminiscences de power pop (Wash Away That Feeling, How Was I To Know). Le spectre est plutôt large et peut être que Eight aurait gagné à se recentrer un peu avec quelques titres en moins, mais c'est être ici un peu pointilleux (en même temps, nous sommes grassement payés pour cela).
Eight nous permet de retrouver The Boo Radleys au meilleur de leur forme et offre une passerelle nous reliant à la grande époque du groupe, avec aujourd'hui une maturité qui leur permet d'approfondir encore plus leur sens de la pop mélodique et toujours sacrément enjouée. Prochaine étape fortement attendue : un retour sur nos terres depuis bien trop longtemps désertées par le groupe.