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Adwaith

Bato Mato

Adwaith - Bato Mato
Chronique Album
Date de sortie : 01.07.2022
Label : Libertino Records
45
Rédigé par Adonis Didier, le 29 juin 2022
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Adwaith, « réaction » en gaélique. Et ce sera tout pour la traduction, vous m'excuserez, mon gaélique est un peu rouillé. En effet, pas de paroles en anglais ici, et comme dirait Perceval, Pays de Galles indépendant ! Les trois musiciennes qui composent le groupe Adwaith sont fières de leurs racines, et comptent bien se battre pour maintenir leur exception culturelle en vie à travers ce qu'elles savent faire de mieux : de la pop, du rock, et plus précisément du shoegaze.

Adwaith, c'est l'histoire de deux amies d'enfance, Hollie Singer et Gwenllian Anthony, rejointes à l'issue de leur première performance live, dans leur ville natale de Carmarthen, par une troisième larronne à la batterie, Heledd Owen, avec dans l'idée de faire du rock chanté en gaélique, pour perpétuer une langue et une culture de plus en plus absorbée par cette maudite langue de Shakespeare et ce maudit rosbeef à la menthe.
Présentes depuis maintenant plusieurs années dans la plupart des manifestations promouvant la culture galloise, ancrées dans cette terre au combien magnifique, placée là pour séparer les anglais et les irlandais, Adwaith embrassent pleinement la tradition rock galloise, ainsi que l'âme des paysages que leur musique vise à inspirer, dans ce nouveau et deuxième album, le bien-nommé Bato Mato (quoi que ça veuille dire).

Alors, préparez-vous à embarquer sur de grands bateaux elfiques, à voguer sur des flots puissants, rugueux, à sentir les embruns du vent frais et iodé sur votre peau burinée, tout en admirant la côte verte et fleurie où paissent paisiblement de dodus moutons. Parce que le Pays de Galles, c'est de la campagne, des fleurs, des prairies, mais aussi la mer, les falaises abruptes, ainsi qu'une modernisation et une mondialisation inévitable dans laquelle on a vite fait de se perdre.
Adwaith, dans l'amour de leur petit pays, c'est donc un shoegaze pop-rock à la fois aérien et métallique, qui parfois nous rappelle aussi qu'il sent bon le bois et la terre. Aérien dans le chant elfique, flottant dans l'écho, de Hollie Singer, rappelant à nous les plus beaux souvenirs de Sigur Rós années 90. La musique se fait industrielle et métallique lorsque la voix, la guitare, et la basse se remplissent de fuzz bourdonnant, comme sur Lan Y Mor ou Nid Aur, ou dans les sonorités d'usine désaffectée de la batterie de Yn y Swn et de la basse post-punk de Oren. Enfin, ça sent fort la campagne galloise lorsque de subtiles touches de guitare folk s'ajoutent ça et là aux couches de guitare réverbérées, et on met véritablement le nez dans la terre quand basse et batterie dégainent leurs influences punk pour dynamiter les fins de chanson, ou alourdissent le rythme avec le bon gras du mouton sur Bywyrd Syml.

Pour la partie name dropping, impossible d'écouter cet album sans penser instantanément aux Stone Roses, qui plus est vu l'entame Cuddio et Sudd. On a déjà parlé de Sigur Rós, on peut ajouter l'ambiance parfois sombre et fond de l'océan des Cocteau Twins, mais oserai-je citer un autre monument musical sacré en la « personne » de My Bloody Valentine ? Voilà, le nom est tombé, et oui, certaines chansons rapportent d'au-delà de l'océan un parfum de Loveless, tant le vent semble souffler dans ces couches de guitares pop formant une mer de nuages cotonneux dans laquelle on rêve de plonger. Eto est sans aucun doute la plus somptueuse de celles-ci, le sommet absolu de l'album, sorte d'Himalaya de la banlieue de Cardiff, et l'une des plus belles chansons de shoegaze de ces vingt dernières années. Croyez-moi, j'aimerais savoir écrire assez bien pour la décrire, mais la meilleure chose à faire reste encore de l'écouter.

On terminera notre tour d'horizon du paysage welsh avec le single Wedi Blino, preuve que nos désormais jeunes femmes préférées du Pays de Galles savent s'aventurer dans l'efficacité pop sans rien perdre de leur génie et de leur identité. Tout ce qu'on peut alors leur souhaiter, c'est que les jeunes anglais hurlent tout l'été « Falle fi yw'r problem, Falle fi yw'r rheswm ti ar ddyhun yn y nos », que Londres ne parle plus que gaélique d'ici dix ans, et que le Sloubi devienne un sport national devant le tennis sur gazon et le polo. Et à nous, d'enfin comprendre les règles de ces jeux improbables du Pays de Galles, mais surtout de retrouver un jour Adwaith en France, pour profiter en live de l'imagerie musicale de ce pays si beau dont elles continueront sans relâche à défendre les traditions, la culture, et la langue à l'aide de leur splendide musique.
tracklisting
    01. Cuddio
  • 02. Sudd
  • 03. Wedi Blino
  • 04. Toddi
  • 05. Yn Y Sŵn
  • 06. Cwympo
  • 07. Lan Y Môr
  • 08. Nid Aur
  • 09. Oren
  • 10. Anialwch
  • 11. Bywyd Syml
  • 12. Amser Codi
  • 13. ETO
titres conseillés
    Wedi Blino, Nid Aur, Eto
notes des lecteurs