Witch Fever

Le quatuor de doom-punk originaire de Manchester nous revient une nouvelle fois à l'automne, toujours inspiré de lectures et films d'horreur, juste à temps pour Halloween.

Dans une atmosphère menaçante et enragée, le groupe débute son premier album Congregation par Blessed Be Thy, reprenant un des thèmes principaux de l'EP Reincarnate sorti l'an dernier et cher à la chanteuse Amy Walpole : le malaise ressenti lors de ses longues années passées à l'église. Beauty And Grace écrase quant à elle l'idée d'une féminité unique. Au cas où l'on devrait encore nous rappeler, en 2022, que, un, les caractéristiques véhiculées dans les médias sont étriquées et oppressives, et deux, que la féminité est multiple et que l'important est de se sentir bien dans sa peau et d'en faire une force.

Si les deux premières chansons permettent une continuité avec l'EP Reincarnate, Congregation apporte un souffle nouveau à leur musique. Le groupe se laisse ici davantage d'espace et de temps. Titre de cinq minutes au rythme nettement plus lent que les précédents, il nous permet de respirer après les coups de poing dans la face des trois précédents. Se rapprochant davantage d'une ballade, le chant d'Amy se fait plus plaintif, racontant ses tentatives de ressentir la foi au sein d'un groupe religieux, mais échouant et se sentant coupable.
Beaucoup plus court et classique, Deadlights suit et s'oublie facilement. Il en va de même pour Snare, qui prendrait certainement une autre dimension sur scène. Market présente un peu plus d'intérêt, avec des passages plus variés et davantage de place donnée aux à la batterie, basse et guitare.


Parmi les morceaux marquants de ce premier album très réussi cependant, I Saw You Dancing attire l'attention par l'espace et le rythme presque dansant des couplets. Evoquant le regard lubrique extrêmement perturbant des hommes d'église pour Amy, la manière dont sont prononcés les mots communique parfaitement le malaise ressenti : « Oh my how you've grown... » (« Oh comme tu as grandi... ! ») fait froid dans le dos. Ces paroles sont par la suite reprises dans des cris enragés, comme pour, cette fois-ci, servir d'exutoire.
Sour et sa ligne de basse bien grasse accompagnée d'une guitare plutôt lourde est probablement le titre le plus frappant (dans le sens premier du terme) de ce disque. En forme de menace, les sorcières de Witch Fever semblent se retourner contre ceux qui ont attaché leurs ailes. La rage de ce qui s'apparente à un slogan, « Vous êtes au milieu de cette violence / Rien n'a jamais changé dans le silence », est jouissive.

Slow Burn surprend par son introduction qui tranche avec le titre précédent. Beaucoup plus post-punk, dans l'instrumentation comme dans le chant, elle montre que le groupe est finalement capable d'une grande diversité musicale, piochant allègrement dans divers styles musicaux. Tantôt punk, solaire ou sombre, tantôt proches du metal voire du rap dans le débit du chant comme sur le titre 12, Witch Fever ont suffisamment d'arguments pour retenir notre attention et nous faire attendre leur prochaine tournée avec impatience.