Aqualung

Octobre 2022 : vingt années se sont écoulées depuis la sortie du premier album de Matthew Hales alias Aqualung, auteur / compositeur / producteur / interprète originaire de Southampton. Avec sa pop douce et son don au piano, l'anglais a produit durant ces deux décennies sept albums studio au succès d'estime non négligeable. Ayant connu quelques épiphanies grâce notamment à l'utilisation de certains de ses titres dans des publicités au Royaume-Uni et aux États-Unis, Aqualung persiste et signe dans le petit monde toute en finesse des chanteurs à piano.


Et pourtant c'est bien vingt ans après ses débuts que votre chroniqueuse découvre cet artiste des plus charmants et cette dernière se lance donc humblement dans l'exploration du répertoire de Matt Hales avec ce septième album studio intitulé Dead Letters. A la première écoute, on se place rapidement dans le registre de la musique « de chambre », sous-entendu que l'on écoute engoncé dans sa couette, idéalement au coin du feu avec un bon chocolat chaud (quand les températures nous le permettent), et si l'occasion s'y prête, tapis au creux d'une épaule accueillante sur laquelle on viendra se poser pour se plonger dans cet univers très délicat.
Aqualung nous expose tout du long de ces neufs titres son univers mélancolique et envoûtant, le timbre de voix plutôt sibyllin se mariant parfaitement avec les douces harmonies qui se succèdent. Seul au piano ou accompagné de délicates nappes synthétiques, de violons et de guitares acoustiques, les ambiances se promènent entre dream pop éthérée (Here And Now, Devotion) et folk légère (Imperfect Cadence, November), avec quelques passages plus flamboyants comme sur Champion Of The World ou Fool.


L'écoute du disque est fluide, mais le répertoire ne s'envolant que peu, l'oreille se laisse distraire et malgré un certain brio dans le jeu au piano, reconnaissons qu'une certaine linéarité pèse un sur ce paysage sonore pourtant de plus élégants. Étonnamment, en creusant un peu dans les archives, nous découvrons qu'au gré des albums, le constat reste le même : le talent est là mais il manque encore cette petite étincelle qui viendrait réellement mettre en valeur le tout. Aqualung persiste dans un registre de qualité mais qui reste à ce jour bien trop timoré, même dans le contexte de pop à piano, qui pourtant chez des musiciens comme Tom Chaplin ou James Blake, sait habilement se mettre en valeur grâce à de multiples artifices.

Dead Letters est donc un bel album, mais manque encore à se démarquer pour rester réellement dans les mémoires.