Aqualung

Découvert lors de l'utilisation de son single Strange and Beautiful dans un spot publicitaire de la marque automobile Wolkswagen en 2002, Matthew Hales, aka Aqualung, n'est jamais réellement parvenu à concrétiser sur la durée le succès et l'attention que ce premier titre avait pu lui apporter. Quatre albums plus tard, après avoir partagé son temps entre B-Unique puis Columbia, c'est chez Verve Forecast (Guillemots, Elvis Costello, Jamie Cullum...) que l'anglais tente un énième retour sur le devant de la scène.

Tout au long des dix nouvelles compositions que Words And Music propose, Aqualung se plait encore trop souvent à cultiver le même paradoxe que sur ses derniers albums. Si ses tentatives d'enrichir certains titres d'arrangements sont louables et devraient en toute logique lui permettre d'apporter profondeur et diversité à son œuvre, le résultat obtenu en dépit de ces efforts laisse trop souvent percevoir l'effet inverse. Compositeur émérite, Matthew Hales ne semble en effet jamais aussi à son aise que lorsque seul son fidèle piano ou une guitare acoustique ne l'accompagnent, quand bien même la plupart de ses chansons manquent de rythme et parfois surtout de diversité. Face à ce dilemme, une seule solution semble être venue à l'esprit de l'artiste : mêler, au sein de ce nouvel album, titres inédits et réinterprétations de certains de ses classiques.

Ainsi, un 7 Keys remis à neuf constitue d'emblée une réelle surprise de par ses cuivres et ses arrangements inattendus, quand bien même Slip-Sliding Away, composée à l'origine par un certain Paul Simon, constitue l'un des temps forts du disque dans un style moins intimiste qu'à l'accoutumée. Après un départ plus que satisfaisant, les choses se gâtent malheureusement, et ce de manière irrémédiable. Si les compositions remises au goût du jour semblent avoir subi le poids des années, les inédits, à l'image de Mr. Universe manquent tout autant de profondeur que d'inspiration, laissant au final un goût amer mêlant déjà-vu et espoirs déçus.

Toujours aussi proche artistiquement de Rufus Wainwright qu'à ses débuts avec une formule piano/voix bien rôdée, Aqualung ne parvient que trop épisodiquement à recréer la magie de ses débuts. En un mot comme en cent, Words And Music est tout simplement dispensable.