Rozi Plain

L'artiste Rozi Plain a cela de particulier que l'on l'aperçoit souvent aux concerts d'autres groupes, en Wing Girl de rêve qu'elle est. On l'a vue récemment avec This Is The Kit mais aussi il y'a plus longtemps avec Devendra Banhart ou François & The Atlas Mountains. Ce jeu collectif ressort sur ses propres projets puisqu'elle n'hésite pas à faire appel à de multiples musiciens pour y participer. C'est le cas de ce cinquième disque où la native de Winchester bricole une introspection synthétique entremêlée de quelques cordes de la guitare qu'elle a elle-même fabriquée.

On retrouve bien ce son propre à Rozi Plain, sorte de mélange electro-organique des plus délicieux où la discrète voix n'apparaît que subtilement. Elle n'intervient que sur quelques touches disparates, se faisant presque attendre, laissant les instrumentaux s'exprimer dans la douceur avec ce côté electronica où un synthé flottant et lacté semble marcher sur la pointe des pieds. Les compositions donnent l'impression d'être bricolées mais les arrangements se collisionnent en des harmonies délicieuses, entre la harpe de Serafina Steer et autres touches minutieuses de cuivres. Les morceaux tracent leur chemin dans une certaine neutralité tandis que des éléments les enveloppent subitement pour les emmener ailleurs, sans toutefois dévier leur chemin. La voix s'exprime dans une certaine fragilité et une mesure monocorde mais reste toutefois très attachante, sachant jaillir de l'inconnu.

PRIZE est un labyrinthe de coton en perpétuel mouvement. Entre nappes synthétiques et blips de baleines rappelant Radiohead, Rozi Plain déploie des chants d'oiseaux synthétiques. Elle semble vouloir retranscrire des sons naturels mais de manière électronique et les paroles sont en résonance comme sur ces « This existed before you » sur Sore. On retrouve finalement cette guitare qui se dresse comme une colonne vertébrale autour de laquelle s'enroulent les jets d'eau sonores éclatant alors que des synthés se libèrent du brouillard ambiant. La lenteur est érigée en maître mot de ce disque qui nous invite à prendre son temps. Une douceur pop et une subtilité folk bercées de notes de piano et de violons qui s'écoute comme on écoute la neige tomber.

Entre flottements introspectifs et malicieux et mélanges de mystères, l'alchimie de Rozi Plain opère avec surprise et éblouit nos sens. Ce génie créatif que l'on connait bien depuis quinze ans ressort divinement sur ce disque qui forme la clarté à partir de la complexité.