The Academic

The Academic : Les académiques en VF. Au même titre que les Inrockuptibles et le Port-Salut, le groupe irlandais d'indie rock, qui fête cette année ses dix ans d'existence, porte sur lui la marque de ce qu'il est, et désolé de vous gâcher la surprise, mais ce n'est pas l'originalité. Piochant d'influences en influences au gré des productions, les académiques se sont d'abord fait remarquer en rejouant de l'indie rock des années 2000 en 2018, dans un Tales From The Backseat qui sentait bon les Strokes et le rock californien, avec quelques touches de Catfish & The Bottlemen, prédécesseurs gallois de la repompe efficace de la discographie de Weezer et cie.

Cinq ans plus tard, les quatre étudiants originaires de Mullingar n'en finissent plus d'étudier, et ajoutent à leur bassine d'influences à mesure que les heures de cours s'enchaînent, sans jamais chercher à les dépasser ou à les remettre en question. Débutant pied au plancher par l'enchainement Pushing Up Daisies et Don't Take It Personally, combinaison plutôt efficace de David Bowie et des Fratellis, on se dit que les universitaires sont revenus aux vraies valeurs britanniques, et que cet album risque fort d'être très agréable à l'oreille, à défaut de révolutionner la musique. Une impression confirmée par un This Is Your Life enfantin, badin, à la simplicité et à la joie de vivre déconcertantes, de la pop dans son plus simple appareil, directement suivie par Homesick, merveille totale et single des plus trompeurs, tant la magie à l'œuvre ici surclasse de la tête et des épaules tout ce que The Academic ont pu produire jusque-là. Une chanson emplie de mélancolie, de beauté couverte de chaudes larmes tiraillés entre joie et tristesse, entre bravoure et acceptation. On entend du My Morning Jacket, du Flaming Lips, et on en arrive à se demander si les Beatles n'ont pas fait une petite escapade du côté de l'île voisine et de ses landes de pierre.

Malheureusement, il était hautement improbable que The Academic nous pondent comme ça d'un coup l'album de l'année, et c'est donc Heartbreak Where It's At qui vient doucher nos espoirs en pleine course, parce qu'il serait temps de se l'avouer, la pop avec des synthés c'est comme l'amour, ça finit mal en général. Les chansons qui suivent, de Do What You Want à Let Go Of My Heart, sont plus simplistes que simplement simples, même si pas désagréables, car s'il y a bien une chose que l'on ne leur enlèvera pas, c'est qu'à peu près n'importe laquelle des chansons présentes dans cet album fera un ajout très sympathique à une playlist pop-rock de soirée.
On se consolera donc, un verre de Manzana dans une main, une bouteille de Malibu Coco dans l'autre, avec un Right Where You Left Me à l'efficacité démentielle, bombe de pop-rock venant gentiment faire la nique à The Luka State sur leur propre terrain, dont on se demande encore pour quelle raison, si ce n'est la surdité, personne n'a eu l'idée d'en faire un single. Buying Smokes clôt enfin l'examen, rouvrant très joliment le chapitre Bowie du polycopié distribué à la fin de l'amphi, parce que nos quatre lycéens ne sont jamais aussi efficaces que face à une question qui a déjà été faite en TD.

Ainsi, le justement nommé Sitting Pretty s'assoit joliment sur nos espoirs de voir en The Academic un renouveau de la pop anglaise, mais sait se rendre des plus sympathiques dans l'ensemble, et sublime à de très et trop rares occasions. Le nom du groupe provenant apparemment du roman The Catcher In The Rye, écrit en 1951 par J.D. Salinger et décrivant les aventures d'un lycéen quittant son établissement scolaire pour aller faire tout et surtout n'importe quoi dans les rues de New York, on ne saurait que conseiller à nos quatre musiciens estudiantins de s'inspirer un petit peu plus des déboires d'Holden Caulfield, et de passer nettement moins de temps à potasser du déjà fait sur les bancs de l'école. Parce qu'il y a un temps pour apprendre, et un temps pour sécher les cours et aller faire du rock dans le garage des parents de ses potes.