The Slow Readers Club

Il est tout de même passionnant de voir qu'il suffisait d'un accident de la route, aussi dramatique soit-il, d'une célébrité française pour mettre fin à la guerre en Ukraine. Non, franchement bravo, c'est à se demander pourquoi nos élites n'y avaient pas pensé plus tôt. Mais laissons à d'autres le risque de franchir la ligne blanche, et sans transition revenons à plus de légèreté. Voici qui tombe fort à propos, car c'est justement le chemin que souhaitent emprunter The Slow Readers Club avec le successeur de The Joy Of Return sorti en 2020. Pour ce groupe de synth pop, il n'est pas forcément question de sortir des sentiers battus, et ceux d'entre vous qui ont aimé les dernières productions de la bande de Aaron Starkie ne devraient pas être déstabilisés à l'écoute de ce Knowledge Freedom Power, sujet de ces quelques paragraphes.

Point de révolution donc, mais une volonté affichée de ne pas s'enfermer dans un carcan trop sombre. La pop matinée d'électro de The Slow Readers Club se veut positive, lumineuse et porteuse d'espoir à l'image de ce très réussi How Could You Know. Sur What Might Have Been, le groupe nous surprend par cette mélodie sautillante qui ne manquera pas de faire penser à Foals. Pourtant, si la lumière est perceptible, c'est parce que la mélancolie est prégnante et agit comme un fil conducteur dans la musique de The Slow Readers Club. Elle est même un des rouages essentiels de la plupart des compositions de Knowledge Freedom Power. C'est assez évident sur le touchant Lay Your Troubles On Me, et sur le flamboyant Forget About Me, mais surtout sur le très accrocheur et convaincant Afterlife, pièce essentielle de l'album. No You Never, morceau final de l'album ressemble à un amalgame assez parlant de tout ce que souhaite exprimer Knowledge Freedom Power.

Mais voilà, malgré toutes ces bonnes intentions et un talent indéniable dans ses composition Knowledge Freedom Power ne parvient pas à fédérer, et peine à concrétiser les efforts consentis pour s'élever au-delà d'un simple bon album pop. Pire, certains morceaux sont de véritables sorties de route, à l'image de ce Sacred Song assez incompréhensible, ou du titre éponyme malheureusement peu inspiré. Dans l'absolu, ces écarts ne sont pas rédhibitoires, et vous avez ici de très bonnes chansons pop. Mais The Slow Readers Club semblent se heurter à un plafond de verre qui l'empêche de franchir un palier, de voir plus haut, un peu à l'image de leurs jumeaux rock October Drift.


Il ne suffit pas d'écrire de bonnes chansons, il faut un univers, une âme, un cœur et The Slow Readers Club semblent toujours être à la recherche d'un chemin qui les feraient talonner un peu plus White Lies. Que cela ne vous empêche pas pour autant de vous plonger dans Knowledge Freedom Power.