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The Slow Readers Club
October Drift

Paris, Supersonic - 30 mars 2023

Live-report par Laetitia Mavrel

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Nichée au creux de l'agenda très fourni du Supersonic se dissimulait la soirée du jeudi 30 mars qui a offert en ce "preekend" (ndlr : nouvelle expression trouvée sur les réseaux sociaux qui annonce le pré-weekend) avec deux têtes d'affiches de poids. A l'honneur, October Drift et The Slow Readers Club, formations anglaises ayant chacune quelques années au compteur et jouissant d'une popularité certaine dans leur pays d'origine mais qui restent encore méconnues de par chez nous. Ainsi, il est de ces soirées où l'on peut profiter de concerts de haute-volée dans les conditions intimistes qu'offre la petite salle de la Bastille, Mecque des clubbeurs et des rockeurs parisiens, et surtout passage obligé pour tous les nouveaux talents en devenir.

Nous n'avons cependant pas assisté au concert du groupe de Jean-Kévin et Louis-Brandon, jeunes guitaristes qui tentent de migrer de leur garage vers les scènes les plus hype de la capitale. Avec un début de carrière qui remonte au début des années 2000, James Ryan et Aaron Starkie ont ensuite glissé vers The Slow Readers Club, Kurtis Starkie, frère d'Aaron, et David Whitworth venant les y rejoindre. Depuis 2011, six albums dont le dernier Knowledge Freedon Power paru en février, qui a convaincu la rédaction de Sound Of Violence du fait de sa patine pop élégante et particulièrement dansante.
C'est ainsi guidés par les chroniques très alléchantes de notre collègue Bertrand Corbaton, qui de sa ville qui sent bon la violette et le rugby nous a vanté les mérites des derniers opus de chacun des groupes, que nous nous rendons avec entrain au Supersonic. Malgré cette belle affiche, la salle n'atteindra pas sa capacité maximum. On peut donc remercier la vingtaine de sujets de sa Majesté le Roi d'avoir fait le déplacement pour encourager ses poulains. En laissant trainer son oreille dans la fosse qui se remplit petit à petit, on découvre la stupeur des présents qui pensaient comme cela leur avait été annoncé de l'autre côte de la Manche que le groupe se produisait dans une salle de 2000 personnes. L'inflation frappant décidément à tous les étages, c'est donc une joyeuse bande d'anglais en goguette qui réalise avec ravissement qu'elle assistera dans des conditions jamais vues chez elle à un véritable concert de The Slow Readers Club.


Avant cela, place est faite à October Drift, quartet du sud de l'Angleterre remettant sérieusement au goût du jour un rock puissant imprégné de grunge made in USA qui pour la plupart d'entre nous en ce début des années 90 a bercé nos jeunes années d'apprentis rockeurs. C'est en effet une impression de rock en chemises à carreaux de chez l'oncle Sam qui émerge des deux premiers albums d'October Drift, et nous assistons dès les premières secondes du titre d'ouverture à une débauche de mouvements chaotiques à coups de sauts, headbangs et autres moulinets de bras sur les manches de guitares.
Jamais à court de jus, Kiran Roy, Daniel Young, Alex Bipsham et Chris Holmes vont par on ne sait quel miracle éviter la collision et rendre difficile la captation d'images par votre chroniqueuse alors concentrée pour immortaliser les chevelures ainsi déployées sauvagement. Sept titres des neuf présents dans la setlist sont issus du dernier album I Don't Belong Anywhere qui, sans révolutionner le genre, offre un très bon disque défouloir, et c'est dans cet esprit que le groupe aborde ce qui est leur première prestation parisienne.

Malgré un auditoire un peu figé, le groupe ne se démonte pas et Kiran Roy, petit homme tout en ressorts dont le physique évoque une version un peu plus courte sur pattes de Bobby Gillespie, prend d'assaut dès les tous premiers titres le balcon de la salle en se faisant hisser par les spectateurs pour venir escalader la balustrade et ainsi risquer la chute pour le plaisir de tous. Une fois redescendu sur terre, le musicien redouble d'efforts et de remerciements pour un public qui réussira finalement à rentrer dans le concert en terminant sur un tonnerre d'applaudissement et quelques gobelets de bière sympathiquement balancés au-dessus de la mêlée, comme tout bon baptême rock l'exige.


Suite à ce premier set réussi, les rangs se resserrent petit à petit et c'est ici que nous échangeons avec Bob et Kate (les noms sont empruntés, le mancunien brisant la glace immédiatement avec une bière et non avec des politesses trop formelles) qui n'en reviennent toujours pas de se retrouver dans un club, gratuitement et en petit effectif. On nous explique alors que The Slow Readers Club bénéficient d'une forte popularité dans le nord de l'Angleterre, sur les terres de Manchester qui ont donné naissance à tant de formations mythiques.
On retrouve dans la pop éléctro du groupe beaucoup d'influences phares, certaines dynamiques et colorées, d'autres plus sombres et torturées. Ce qui étonne pour les néophytes est ce parfait mélange des genres qui empêche tout collage d'étiquettes intempestif, chose tellement aisée quand on vient de Manchester. On évitera donc de placer la formation entre les curseurs Joy Division – New Order – Oasis pour préférer élargir à tout ce qui a nourri la scène électro pop joyeuse, absolument pas maniérée avec ce qu'il faut de bons gros riffs de guitares pour rappeler que quand même, un mancunien qui n'a pas fait ses armes dans sa chambre sur les trois accords des frères Gallagher mérite le déshonneur.

Aaron Starkie dégage une présence scénique imposante, et réussit sans s'agiter à porter l'intensité des titres grâce à ses regards profonds et ses mouvements vers le public qu'il ira chercher à de nombreuses reprises. Après le petit sondage venant déterminer qui les a déjà vu sur scène, c'est ainsi un tiers des spectateurs qui répond positivement. Cela aura pour effet de booster les musiciens, et avec une setlist très généreuse et 1h20 de concert sans interruption, si ce n'est un mini blackout qui permettra au chanteur d'assurer quelques pas de danse très personnels, le public est lui à 100% conquis.

Voyant arriver les premiers noctambules qui s'installent pour la nuit clubbing s'enchaînant juste après, le groupe conclut sous les vivas du public et aura ainsi pioché de façon équilibrée dans sa discographie tout en mettant l'accent sur son dernier opus rappelant qu'il y a tant à découvrir pour tout ceux qui souhaitent se plonger dans l'univers hybride de The Slow Readers Club.
setlist
    October Drift
    Losing My Touch
    Lost Without You
    Waltzer
    Silence
    Bleed
    Insects
    Airborne Panic Attack
    Come & Find
    Forever Whatever

    The Slow Readers Club
    Modernise
    Fool For Your Philosophy
    All I Hear
    The Greatest Escape
    The Wait
    How Could You Know
    Plant The Seed
    Everything I Own
    Forever In Your Debt
    Jericho
    Afterlife
    You Opened My Heart
    Block Out The Sun
    Lay Your Troubles On Me
    On The TV
    Feet On Fire
    I Saw A Ghost
    Knowledge Freedom Power
    Lunatic
photos du concert
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