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Morrissey
The Slow Readers Club
The Lottery Winners

Leeds, Millennium Square - 12 juillet 2023

Live-report par Laetitia Mavrel

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Il ne faut jamais boucler une boucle trop rapidement. Souvenez-vous, fidèles lecteurs, c’est avec ces mots que votre chroniqueuse avait entamé son récit du dernier concert londonien de Morrissey à l’Eventim Appollo en mars dernier, devant plusieurs milliers de fans surexcités, la ferveur dans la fosse lui déclenchant à cette occasion une sympathique lombalgie. Mais cela était sans compter sur la ténacité de Steven Patrick Morrissey, qui continue contre vents et marées à se produire là où il se sait bien accueilli. C’est début avril que ce dernier annonça un troisième pan de tournée de retour au Royaume-Uni, allant visiter les villes écartées à l’automne dernier, avec un quatrième rendez-vous londonien afin de signifier que tout mancunien qu’il est, c’est bien dans la capitale anglaise que ses fans les plus fidèles le célèbrent le plus.

Ne souhaitant pas contredire le fameux adage « jamais deux sans trois », votre chroniqueuse s’arme à nouveau de son baluchon pour participer aux festivités et surtout pour pouvoir entendre les nouvelles compositions achevées en début d’année aux studios de Saint-Rémy-de-Provence toujours en attente d’un label pour les sortir. Le rendez-vous est entre autres pris à Leeds, pour le festival Sounds Of The City, qui voit plusieurs villes anglaises accueillir sur les dix premiers jours de juillet de grands noms de la pop et du rock, au cœur même des cités.
Au sein du Millennium Square, grande place nichée au pied du musée de la ville, le festival accueille ainsi Bastille, The Wombats, Shed Seven, et en ce mercredi soir très venteux Morrissey, dont on craignait qu’il ne puisse se plier à ses obligations, ce dernier ayant deux jours avant annulé le matin même son concert prévu à Nottingham, et ce sans espoirs de report.

Morrissey étant Morrissey, soit un personnage complexe et hautement déroutant, le suivre en tournée est en soit même une aventure. Mais ce dernier est bien présent ce soir et c’est en mode festival qu’on le retrouve tout aussi en forme que s’il s’agissait d’un concert en son nom propre. C’est un petit air de Manchester qui règne dans le comté du Yorkshire car l’affiche annonce en support The Lottery Winners et The Slow Readers Club, deux formations mancuniennes dont Sound Of Violence vous a déjà évoqué les aventures sur disques et en live.


Nous retrouvons ainsi la pop hyper vitaminée de The Lottery Winners et son chanteur guitariste Thom Rylance qui ne cessera de remercier le festival pour l’invitation, tant son amour pour The Smiths et Morrissey ne s’est jamais démenti depuis sa prime jeunesse. Leur dernier album Anxiety Replacement Therapy sorti en avril dernier ayant atteint brièvement la première place dans les charts britanniques, The Lottery Winners s’avèrent plus qu’une « première première partie » et apportent tout leur univers pop indé à un public très accueillant.


On continue avec The Slow Readers Club, dont nous vous avons narré l’excellente prestation toute en intimité au Supersonic en mars dernier. Aaron Starkie propose à la foule qui se massifie de minutes en minutes sa pop electro matinée de cold-wave qui perd un peu de sa spontanéité sur une scène si grande. Cependant, le public adhère massivement aux titres et apporte tout son soutien au groupe, honoré d’ouvrir le bal pour le personnage des plus imposants qui va suivre.

A 20h30, sous un ciel débarrassé de ses gros nuages, les scopitones qui traditionnellement précèdent le concert débutent et l’on est ravie de voir que ces derniers ont encore évolués depuis le printemps dernier, retrouvant notamment David Bowie sous les traits de Ziggy Stardust. Trente minutes puis Morrissey arrive sur scène, avec un nouveau line-up constitué de Camilla Grey aux claviers et Carmen Vanderberg à la guitare, cette dernière prenant la place d’Alain Whyte qui nous avait fait les honneurs de son retour jusqu’au printemps dernier. Très à l’aise sur les grandes scènes qu’il accapare pleinement, Morrissey s’affiche au meilleur de sa forme, costume bleu marine et chemise claire ouverte, évidement sans jamais un mot sur ses absences ou annulations récentes, face à un public qui est à 100% acquis à sa cause.


On retrouve un Morrissey loquace qui placera entre chaque titres ces petits mots dont il a le secret, tantôt taquins (que tous ceux qui s’adonneraient à quelques plaisirs charnels cette nuit pensent à lui), tantôt acides (il lui est toujours impossible de sortir un disque en Angleterre car ayant selon lui tendance à ne dire que la vérité). On retrouve à nouveau ces saillies tonitruantes qui font pleinement le personnage. Le choix de la setlist reste dans la lignée des concerts précédents, pas de surprises s’agissant des reprises des Smiths en maintenant les réguliers tels que How Soon Is Now en ouverture, Stop Me If You Think You’ve Heard This One Before et Girlfriend In A Coma, Half A Person et Please, Please , Please Let Me Get What I Want pour les ballades les plus mélodieuses et le final attendu des fans les plus zélés qu’est Sweet And Tender Hooligan et son jeté de tee-shirt qui continue de semer le chaos dans la fosse.

Légèrement raccourcie du fait du format festival, c’est donc une setlist Best Of s’agissant des titres solo avec Suedehead, Our Frank, Irish Blood, English Heart et Everyday Is Like Sunday dont on aimerait très personnellement qu’elle retrouve ses paroles d’origines en lieu et place des quelques « cuando » un peu irritants. L’éventuel prochain album Without Music The World Dies nous offre à nouveau ce soir The Night Pop Dropped, titre très dynamique, et une nouvelle chanson dévoilée précédemment lors des concerts en Israël apparait : Notre-Dame. Avec en illustrations de nombreuses images de notre belle cathédrale en flamme, on regrette un peu le mélange des genres car les paroles se veulent selon nous porteuses de raccourcis un peu faciles. Mais Morrissey étant un génie de la plume, on ne saurait nous-mêmes réellement juger le fondement de sa pensée et on se laissera alors porter par la majestuosité du morceau qui pour celles et ceux qui ont vu l’édifice partir en fumée, ravive une certaine émotion.


Le public de Leeds quant à lui ne cesse de répondre positivement au concert, très probablement aidé par le contenu des très nombreuses pintes qui arrose le sol encore plus que la pluie qui a précédé dans la journée, et on ressent chez les présents une simple envie de communier au son des hits du mancunien. Et ce dernier ne boude alors pas son plaisir, bien qu’un peu entravé par la distance qui le sépare de la foule, empêchant ainsi toute invasion maintenant devenue un rituel. La voix est au top, la force et la passion dans le chant toujours présents et ce malgré les longs mois de tournée, cette dernière ayant débuté il y a presque un an à Las Vegas.

Morrissey démontre, s’il le fallait encore, son immense talent, charmant tout aussi efficacement qu’à ses début ce public qui scande son nom, arbore tous les artefacts possibles à son effigie et qui ne cesse depuis quarante ans maintenant d’en demander toujours plus.
setlist
    THE LOTTERY WINNERS
    Worry
    The Meaning Of Life
    Letter To Myself
    Much Better
    Burning House
    Start Again

    THE SLOW READERS CLUB
    Modernise
    All I Hear
    The Wait
    Afterlife
    Plant The Seed
    I Saw A Ghost
    Lunatic

    MORRISSEY
    How Soon Is Now? (The Smiths cover)
    Suedehead
    Stop Me If You Think You’ve Heard This One Before (The Smiths cover)
    Irish Blood, English Heart
    Girlfriend In A Coma (The Smiths cover)
    I’m Throwing My Arms Around Paris
    Notre-Dame
    I Wish You Lonely
    Sure Enough, The Telephone Rings
    The Night Pop Dropped
    Half A Person (The Smiths cover)
    Our Frank
    Everyday Is Like Sunday
    Knockabout World
    The Loop
    Please, Please, Please Let Me Get What I Want (The Smiths cover)
    Jack The Ripper
    Sweet And Tender Hooligan (The Smiths cover)
photos du concert
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