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Danny Goffey

Bryan Moone's Discopunk

Danny Goffey - Bryan Moone's Discopunk
Chronique Album
Date de sortie : 24.02.2023
Label : Distiller Records
4
Rédigé par Laetitia Mavrel, le 20 février 2023
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Avant toute chose, une confidence s'impose. Votre fidèle chroniqueuse qui a embrassé à pleine bouche le fabuleux monde du rock indé dès le milieu des années 90 (arrêtez de compter, c'est vexant) et participé à l'essor d'un des meilleurs groupes de la vague Britpop, aka Supergrass, n'a, à ce jour, jamais tendu l'oreille vers le travail solo de Danny Goffey. C'est donc très humblement que la voici enfin prête à se plonger dans ce troisième album dont le titre Bryan Moone's Discopunk nous annonce une initiation à la hauteur de nos attentes.

Danny Goffey est sorti de son confinement remonté comme une pendule, notamment suite à l'arrêt brutal de la tournée de Supergrass réunis pour célébrer leurs vingt-cinq ans de carrière. C'est ainsi qu'il a repris immédiatement contact avec Simon Byrt, producteur de ses deux premiers essais, et a laissé s'exprimer sa plume pour revenir à un style fortement teinté de la fougue, la malice et l'exubérance de ces débuts.
Car oui, à la première écoute, ce qui nous marque est l'incroyable écho au rock débridé, juvénile à souhait et exalté du groupe d'Oxford. Rappelons quand même que Danny Goffey, malgré son gabarit poids plume, a mené de front la cadence au sein de sa formation et a trôné parmi les meilleurs batteurs live de la scène indie britannique durant de longues années, comme pourront le confirmer les nombreux spectateurs qui ont assisté aux prestations explosives de Supergrass.


Dès lors, il n'est pas étonnant de retrouver dans Bryan Moone's Discopunk cette furie qui a teinté tout le répertoire de Danny et ses anciens comparses. Mais attention, il ne s'agit pas ici d'un simple copier/coller. On retrouve parsemées tout au long du tracklisting quelques digressions soit disco, soit pop très 60s voire funky, matinées d'un peu de ska-punk qui viennent étoffer la base rock alternative solide qui définit en grande partie la musicalité de son compositeur.
Autre constat : la fluidité des morceaux du fait de leur agencement plutôt habile et cette atmosphère décontractée, hyper joyeuse et totalement décomplexée qui rendent l'écoute du disque immédiatement convaincante. Il est évident que les nombreuses analogies avec le « son » Supergrass (tiens donc, l'ami Gaz a participé à l'aventure, comme cela n'est pas étonnant) aident fortement à rentrer dans le disque. Mais pas que : les titres sont tous issus de l'imaginaire fertile du musicien qui grâce à un réel talent de conteur nous narre de nombreuses anecdotes pour la plupart inspirées de sa propre histoire.


Everybody's On Drugs vient d'une remarque entendue dans un pub, I Lost My Girl To A Fairground Worker relate le souvenir gênant de s'être fait piquer sa petite copine lors d'une fête de village par un concurrent plus baraqué et frimeur... Les sources d'inspirations sont donc tournées vers les aléas de nos quotidiens desquels il vaut mieux rire plutôt que ruminer. Musicalement parlant, le disque est l'équivalent d'une cure de vitamine C par intraveineuse. Les morceaux rayonnent, on se laisse prendre par les guitares pêchues et toutes adolescentes de Everybody's On Drugs et The Left Side la pop fleurie et Beatles-que de Flea Market Woman et I Lost My Girl to A Fairground Worker, la disco un peu libidineuse de All Dressed Up ou l'éléctro pop pétillante de Discopunk, qui sonne très moderne.
Le voyage continue avec des titres plus posés tel Dog Eats Dogs et sa délicieuse ligne acoustique (on pense ici deviner qui fait les chœurs) et The Marakesh Express, l'ode à l'évasion qui clôture l'album réunissant tous les ingrédients d'une chanson pop parfaitement calibrée, qui reste dans la tête et que l'on fredonne sans même en connaitre les paroles.

Ayant pris consciencieusement connaissance des retours sur les deux précédents albums, on constate avec plaisir que Brian Moone's Discopunk (un personnage sorti de l'imaginaire de Danny Goffey, qui voit sa vie illustrée par les dessins de son fils Franck dans un livre accompagnant la version deluxe de l'album) semble enfin aboutir à ce que pouvaient décemment attendre les fans de Supergrass d'une part et les afficionados d'indie pop imprégnés des glorieuses années britpop d'autres part. Avec ce timbre de voix d'éternel gamin, cette espièglerie qui ne l'a jamais quitté et son sens du rythme incandescent, Danny Goffey réussit à marquer de son propre sceau nos oreilles de mélomanes avertis, tout en rappelant que c'est aussi au sein de son groupe qu'il s'épanouit largement. Et quel groupe.
tracklisting
    01. Everybody's On Drugs
  • 02. Pressure
  • 03. All Dressed Up
  • 04. Discopunk
  • 05. I Lost My Girl To A Fairground Worker
  • 06. Dog Eats Dogs
  • 07. Looking After Number One
  • 08. Back Into The Water
  • 09. The Left Side
  • 10. Flea Market Woman
  • 11. The Marrakech Express
titres conseillés
    Everybody's On Drug, All Dressed Up, I Lost My Girl To A Fairground Worker, The Left Side
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