Hollow Hand

Le texte de la chronique s'affiche devant vos yeux comme par magie. Pour continuer à lire, rendez-vous à la ligne suivante. Sinon, retournez en page d'accueil. Your Own Adventure, donc, troisième album d'Hollow Hand, comme un clin d'oeil aux livres dont vous êtes le héros qui ont fait le bonheur des adolescents des 90s. Le titre évoque aussi l'approche DIY de Max Kinghorn-Mills qui compose, chante et produit quasiment tout seul avec un talent insensé. Entre british folk et pop vintage, ce nouvel opus porte la pâte de l'anglais : des mélodies élégantes inspirées des Kinks, des lignes des guitares savantes héritées de Richard Thompson et des suites d'accords limpides et harmonies vocales soignées qu'on aurait pu croiser à Abbey Road.

L'album commence en fanfare. Après une courte introduction psyche-médiévale (Max Kinghorn-Mills publie par ailleurs des cassettes instrumentales de Dungeon Synth sur son propre micro label Cosmic Ocean Tapes), on entre dans le vif du sujet. Before Tomorow se signale par la participation de Tim Smith, l'ex-chanteur et compositeur erratique de Midlake, pour une de ses très rares réapparitions au chant et au synthétiseur, avant la sortie prochaine annoncée de son album solo cette année.


Et quel morceau ! Cette ballade beatlesienne au motif de synthétiseur entêtant sonne comme un générique eighties. Elle finit en beauté sur un canon vocal, entre science-fiction et renaissance. L'entraînante One Last Summer, qui suit, évoque les Byrds ou Teenage Fanclub pour une cavalcade jangle pop. La soul douce et ensoleillée I Am Going To Let You Break My Heart, en duo avec Holly Macve, maintient le niveau avant que n'arrive une des nouvelles pièces maîtresses de l'album, Heaven Just Watched. Ce morceau plus sombre, bâti sur un riff tordu qui pourrait être signé Syd Barrett, est très bien servi par une prod précise, dynamique et facétieuse, des flutes apportant une couleur originale au morceau. All My Love est elle aussi une grande réussite avec son final psychédélique.

Aucune baisse de forme sur le reste de l'album : l'ombre de Ray Davies plane sur Where I Am Is Here, qui ressemble à un inédit oublié de Something Else, et sur la douce Weatherman, kinksienne en diable. Plus 70s, les superbes Doomed To Roll et Childhood Room évoquent les Wings ou les Raconteurs. Hollow Hand regarde aussi vers l'americana sur Jealous King, ornée par le pedal steel de Spencer Cullum, et Blue-Eyed Babies, entre Pavement et Velvet Underground.


S'inscrivant dans la veine des grands songwriters anglais des 60s et 70s, Max Kinghorn-Mills évite toutefois le stérile exercice de style grâce à un sens de la mélodie affûté et une science des arrangements méticuleux. Musicien XXL, il gravit une nouvelle marche avec Your Own Adventure, épaulé par le mixage précis et dynamique de Chris Cohen. Si l'époque, avide d'infrabasses et de boîtes à rythmes, semble peu propice à l'éclosion de la pop subtile et ensoleillée d'Hollow Hand auprès du grand public, les initiés trouveront matière à se réchauffer auprès de ces sublimes chansons exécutées à la perfection