H. Hawkline

Non, Sound Of Violence ne se contente pas de dérouler le tapis rouge aux noms le plus tendances du moment, à celles et ceux qui gagnent étonnamment des Grammy Awards. Tout en modestie, votre média préféré sait ouvrir ses colonnes à des noms beaucoup plus discrets, surtout quand ces derniers ont déjà un joli petit bout de carrière outre-Manche et, me concernant, particulièrement quand ils proviennent du fier Pays de Galles, magnifique contrée pourvoyeuse de rock racé, inventif et – en temps normal – de rugby de haute qualité.

Découvert par votre chroniqueuse lors de l'édition 2021 des soirées Avant-Garde du Pitchfork Music Festival, niché dans le coin de scène du Supersonic Records à Bastille, H. Hawkline, grand gaillard tout en boucles et en folk, avait alors marqué les esprits et peut-être un peu les chœurs des présents. H. Hawkline, de son véritable nom Huw Gwynfryn Evans, mène depuis maintenant une quinzaine d'année une carrière très honorable entre le Royaume-Uni et les Etats-Unis, où ayant pris ses quartiers quelques années à Los Angeles, il a pu y faire découvrir sa pop folk très élégante avec ce je-ne-sais-quoi de très exotique – c'est-à-dire de très européen - pour nos amis américains.
Ancien homme de télévision sur S4C, chaîne toute en gallois, H. Hawkline compte à son actif cinq albums studio dont ce nouveau Milk For Flowers. Bien que doté d'un fort charisme en tant que frontman, ce dernier s'est surtout illustré comme accompagnateur de grands artistes tel Cate Le Bon, Kevin Morby, Devendra Banhart et en ce moment même Aldous Harding. Imprégné par tant d'autres talents renommés, le registre de H. Hawkline ne pouvait que briller du fait d'une grande intelligence dans son approche d'une pop aux accents tantôt folk, tantôt dreamy voire un peu sucrée, avec toujours en fil conducteur ce dépouillement qui rend les morceaux si fluides et percutants dès la première écoute.


Beaucoup d'allure sur cet album, où nous découvrons ainsi quelques petites perles quasi acoustiques comme Like You Do, où un soupçon de saxophone apporte chaleur et sensualité au morceau, en plus des chœurs féminins. Le chant de H. Hawkline est profond mais reste d'une grande douceur, ainsi les afficionados de psyché pop débraillée trouveront moins leur bonheur, le compositeur ayant un peu levé le pieds s'agissant du rythme pour gagner en clarté. Milk For Flowers, Suppression Street ou le pétillant It's A Living ancrent le style du musicien dans un registre plus classique, mais la très grande élégance dont il fait preuve dans son orchestration, avec cette patine légèrement surannée nous évoquant à plusieurs reprises la pop américaine un peu soul des années 70, apporte beaucoup de charisme au tout. Comme un Simon ou un Garfunkel (au choix, avant que ces deux là ne divorcent tant dans leur vie que dans leur style), il règne une ambiance féérique et douce notamment sur I Need Him où l'on retrouve, ainsi que sur le titre de clôture Empty Room, la touche country cher au gallois.


Ce vaste panel d'influences s'explique également par les grands noms venus collaborer à l'album, tels Cate Le Bon, Tim Presley ou John Parish, prouvant que H. Hawkline sait décidément bien s'entourer en plus d'entourer à son tour les plus grands. Milk For Flowers est une parfaite introduction à l'univers très soigné du gallois (je le répète sans cesse, mieux vaut tard que jamais) qui enchantera les oreilles les plus délicates des néophytes et ravira les fans déjà acquis à la cause de ce charmant gallois dont on n'espère qu'il percera enfin dans notre beau pays.