H. Hawkline

Faisant suite à notre première rencontre lors d'une soirée Avant-Garde du Pitchfork Music Festival en 2021 et à la sortie de son cinquième album Milk For Flowers en ce début de mois de mars, nous retrouvons H. Hawkline au Trianon de Paris, assurant la première partie de la néo-zélandaise Aldous Harding, ce dernier faisant intégralement partie de son backing band. Entraperçu un peu de loin sur la grande scène de Rock en Seine cet été, c'est donc avec plaisir et curiosité que nous retrouvons le gallois dans le beau théâtre du 18ème arrondissement, qui peut ainsi se produire devant une salle affichant complète.

Lors de l'interview qu'il a bien voulu nous accorder juste avant le concert, Huw, de son véritable prénom, nous a alors confié que jouer devant des audiences un peu exigeantes telles celles de Paris ou Londres rendait l'exercice beaucoup plus stimulant, devant ainsi redoubler d'efforts pour capter l'attention des spectateurs, souvent en train de discuter durant son set. Une chose est sûre, le défi à été relevé haut la main et les quarante minutes se déroulent devant un public attentif, respectueux et surtout tombant petit à petit sous le charme de la pop raffinée de H. Hawkline.


Assis sur un tabouret, seulement muni de sa guitare, avec sur bande magnétique les instrumentaux de ses chansons, H. Hawkline décline son répertoire en mode dépouillé. Est mis à l'honneur Milk For Flowers, album aux titres profond et stylés à la fois, qui est ici réinterprété en mettant en valeur l'aspect émotionnel des chansons. L'exercice du set acoustique (ici pas véritablement, la guitare étant électrique) peut être difficile lorsque l'on affronte un public qui n'est pas familier avec votre travail. Et pourtant, le dynamisme des titres, bien que légèrement éclipsé par l'absence d'instruments, est compensé par la dextérité du musicien et par un charisme tout en subtilité, distillé par un chant clair et puissant à la fois.

Se présentant modestement avant de débuter son set, H. Hawkline rappelle qu'il vient du Pays de Galles, qu'il adore Paris et qu'il apprécie grandement que les gens aient poussé leur curiosité jusqu'à venir si tôt pour l'écouter jouer. Nous est présentée une sélection de titres emblématiques de son dernier album, faisant découvrir un univers gai et en même temps mélancolique. On apprécie cette entrée en matière douce mais jamais lassante, et on observe avec délice que finalement, le brouhaha latent durant les premières parties se fait ici des plus discrets.


Milk For Flowers, Plastic Man, It's A Living et Empty Room rendent compte de l'étendue des talents de ce musicien qui teinte ses chansons de nuances contrastées, et leur adaptation dénudée sur scène les rendent encore plus élégantes. Le dernier morceau, Last Thing On Your Mind, issu de l'album précédent I, Romanticize, voit H. Hawkline se lever de son tabouret en se munissant seulement de son microphone et se délester de ses chaussures pour nous exposer des chaussettes rouge du plus bel effet. Cette petite balade synthétique aux rythmiques un peu funky lui permet de se lancer dans une petite danse le menant au plus près du public, ce dernier ravi de partager ce moment cocasse.

L'attention du public parisien a donc été totalement captée, démentant au passage toutes les rumeurs inlassablement colportées sur son côté hautain. Dans le contexte actuel des plus agités, on remerciera donc H. Hawkline d'avoir réussi à faire descendre la pression grâce à une prestation efficace et très séduisante.