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Squid

O Monolith

Squid - O Monolith
Chronique Album
Date de sortie : 09.06.2023
Label : Warp Records
45
Rédigé par Laetitia Mavrel, le 6 juin 2023
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Revoilà Squid, un groupe sur lequel nous faisons peser toutes nos attentes sans aucun scrupule tant son premier essai Green Bright Field, sorti en 2021, a fait trembler nos fondements et obtenu la médaille d'argent dans le classement annuel de notre rédaction cette année-là. L'Ufologie n'est pourtant pas notre spécialité mais l'ovni Squid a définitivement attiré nos regards vers des cieux emplis de sonorités cosmiques à base d'expérimentations sonores mêlant ardeur juvénile, tonalités jazzy et classieuses enveloppées de cette couche électro chic qui nous a apporté un ouragan de fraîcheur dans l'étendue post-punk à grosses guitares qui continue de se répandre depuis les quatre ou cinq dernières années.

Squid est composé de musiciens de formation classique, éduqués au conservatoire, biberonnés aux références hétéroclites de leurs parents eux aussi musiciens, mais sont surtout des gamins cool, pas prétentieux pour un sou et curieux de tout. Une formule gagnante qui amène les jeunes anglais à toujours repousser leurs limites avec O Monolith, obélisque lumineuse érigée vers l'espace et au fondement solidement ancré dans le terreau fertile que constitue leur imagination.
Une grande partie des morceaux présents ont été peaufinés au travers de leur dernière tournée, nous avons en effet eu un petit avant-gout de ce second album lors du passage à Rock en Seine l'été passé, le groupe profitant d'être en présence d'une belle poignée de fans fidèles (90% des festivaliers étant alors déjà plantés devant l'autel érigé en l'honneur du grand Nick Cave à l'autre bout du domaine de Saint-Cloud) pour lancer quelques essais. Le résultat est O Monolith, album plus énigmatique dont le batteur/chanteur Ollie Judge estime qu'il fait passer un cap au groupe. Sont laissés de côté les diatribes énervées contre le gouvernement toujours en place au Royaume-Uni en faveur d'un registre plus personnel, bien plus teinté des émotions de chacun des membres.


Musicalement parlant, Squid reste un véritable défi pour tout bon chroniqueur qui se respecte. Alors on se laisse aller à tout simplement coucher sur le papier les différentes émotions ressenties à l'écoute des huit titres, toujours dans la tradition du quintet, c'est à dire à rallonge, voire à tiroirs, qui se jouent des cadres imposés par le solfège. Ici, nous nous asseyons littéralement sur les 4/4 et autre structure bâtie sur les fondements couplet / refrain / couplet avec les expériences menées par Squid et le titre d'ouverture Swing (In A Dream) en est la meilleure illustration. Ça débute timidement à tâtons pour monter crescendo vers une explosion de sons et de sens où le chant éraillé de Ollie Judge vient appuyer les distorsions de la section rythmique.
Pas à pas, les atmosphères s'étoffent et gagnent en complexité, comme avec Devil's Den et son ambiance caverneuse presque angoissante, rehaussée de riffs de guitare puissants et des braillements d'Ollie. Siphon Song est pris sous le joug du vocoder, qui vient tirailler la mélodie se voulant elle plutôt douce et glacée.


Undergrowth renoue avec les premiers essais de Squid que l'on a dévoré comme une petite friandise sur leur premier EP Town Centre, avec ce mélange punk et jazzy qui aujourd'hui marque l'empreinte des anglais. The Blades est des plus emblématiques de ce chemin un peu tortueux qu'empruntent avec aisance Squid. Cadence saccadée à la limite du trip-hop, avec à mi-chemin comme un étau qui se resserre autour des paroles de Ollie Judge, rendant le tout captivant.
On l'a bien compris, Squid nous entraînent sur un parcours nivelé, bosselé de partout et c'est cette audace qui nous convainc. Ambiance éthérée (After The Flash), retour aux sources chaotiques (Green Light) et un final au titre à rallonge (If You Had Seen The Bull's Swimming Attempts You Would Have Stayed Away) qui clôt l'album sur un périple aux échos vaporeux puis presque cacophoniques, avec chœurs féminins et cette trompette chaude toujours interprétée magistralement par Laurie Nankivell.

Je vous l'annonce tout de go, et ce malgré la très belle moisson de disques récoltée depuis cette fin de printemps, O Monolith de Squid sera candidat pour figurer dans votre top 10 de fin d'année car sa composition originale alliée à la maîtrise du jeu des musiciens hisse cet album à un très haut niveau. Comme son prédécesseur, O Monolith est authentique, encore plus atypique et continue de changer la donne pour notre plus grand ravissement.
tracklisting
    01. Swing (In A Dream)
  • 02. Devil's Den
  • 03. Siphon Song
  • 04. Undergrowth
  • 05. The Blades
  • 06. After The Flash
  • 07. Green Light
  • 08. If You Had Seen The Bull's Swimming Attempts You Would Have Stayed Away
titres conseillés
    Swing (In A Dream), Devil's Den, Undergrowth
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