Quelque part au pied de la gare du Nord à Paris, nous retrouvons à l'issue d'une longue journée de promotion Ollie Judge et Louis Borlase, venus présenter le troisième album de Squid, Cowards, à paraître en ce début février. Malgré le froid et la fatigue, les membres de Squid restent tout ouïe face à nos questions.
Bienvenus à Paris ! Nous allons débuter avec une question qui vise surtout à assouvir ma curiosité personnelle : vous sortez il y a quelques jours seulement d'une nouvelle petite tournée aux États-Unis, je suis très curieuse de savoir comment cela c'est passé. L'accueil a-t'il été à la hauteur de vos espérances ?
Ollie : C'est la seconde fois que nous nous y rendons cette année (ndlr : l'interview se déroule fin novembre 2024), la première était en février. Toutes les dates étaient complètes ! Louis : Nous sommes arrivés là-bas à peine trois jours suite aux résultats des élections, à New York. Nous avons bien ressenti le choc que les gens vivaient. C'était une atmosphère assez étrange, nous nous sentions vraiment désolés pour eux ! Ollie : Nous avons toujours été très bien accueillis par les américains, ils sont très réceptifs à notre côté « british », un peu exotique pour eux. Il n'y a pas trop d'équivalent à notre son là-bas, ce qui est plutôt une bonne chose ! Louis : Nous avons voyagé en bus pour la première fois, nous avons pu voir un peu mieux le pays, nous sommes allés un peu dans le sud aussi, dans des tous petits clubs.
Vous avez une petite fanbase là-bas, est-ce que votre musique est jouée par les radios ?
Ollie : Leurs radios sont très différentes des nôtres, nous avons les radios nationales comme la BBC et ses web radios, là-bas je ne sais pas vraiment comment ça fonctionne, mais je sais que l'on nous diffuse, probablement ce qu'ils appellent les « campus radios ».
En France, vos concerts sont toujours complets et vous êtres très attendus, un petit mot sur votre public français ?
Ollie : La France est le premier pays en dehors du Royaume-Uni où nous avons joué. Ça compte pour nous. C'était dès le départ un objectif très clair d'y jouer ! Louis : La tournée du printemps passe seulement à Paris, mais j'espère pouvoir revenir en festivals plus tard.
Votre nouveau disque sort début février, on retrouve à nouveau Dan Carey aux manettes. Est-ce que travailler avec lui est un gage de sécurité ? Envisageriez-vous de collaborer avec quelqu'un d'autre ?
Louis : Dan a co-produit cet album avec Martha Salogni, elle était aux commandes lors de l'enregistrement et lors du phasage des titres, et Dan a fait un travail additionnel. Il a une vision globale, il sait donner une direction différente, réajuster. Après toutes ces années c'est rassurant de travailler avec lui. Ollie : Il n'y a pas de compromis avec lui.
A ce stade, est-ce que certains d'entre vous envisagent de travailler à part, de se concentrer sur des projets en dehors du groupe, ou est-ce encore trop tôt ?
Ollie : Oui c'est trop tôt, peut être lorsqu'on aura gagné quelques millions et qu'on aura nos propres studios, où bien lorsqu'on aura atteint le cap des quinze ans ensemble ! (rires) En fait le travail en groupe demande énormément de temps, par exemple sur notre premier EP, réaliser trois chansons nous a pris des années ! Nous nous fions beaucoup au producteur, qui sait trancher, prendre des décisions. D'ailleurs Dan avait ce rôle sur cet album, il tranchait comme un boucher peut le faire, c'est « Dan The Butcher » ! Il adore ça ! (rires)
Cowards me paraît bien plus centré que vos précédents disques, peut-être moins éparpillé dans ses idées et ses styles abordés. Il semble que vous saviez dès le départ vers quoi vous diriger...
Louis : Oui tout à fait, nous avons tous les mêmes visions, les mêmes pensées, surtout à propos de la direction que prend le monde en général. Les paroles sont d'ailleurs beaucoup plus sombres, c'est un album plus intense. C'est d'ailleurs pour tous les cinq notre album préféré. Ollie : Il y a juste une chanson qui n'est pas sur le disque, The Hearth & The Circle Round Fire, que j'adore mais qui après réflexion ne collait pas à l'ensemble de l'album, c'est la seule chose sur laquelle nous nous sommes un peu pris la tête, ça n'est pas facile d'écrire à tant de plumes !
Vous avez une routine s'agissant de la composition de vos chansons ?
Louis : C'est très important de savoir écrire à plusieurs, de connaître ce qu'aiment les autres, mais c'est aussi important d'avoir son espace de liberté pour créer. Evidement, des avis qui divergent à certains moments, mais si tu présentes bien ton argumentaire, tu te fais comprendre. L'entente a été beaucoup plus facile sur cet album d'ailleurs. Ollie : C'est nécessaire de savoir faire de la musique de son côté. Anton a son petit studio, il fait quelques trucs pour lui, Laurie joue de la trompette et du violoncelle à part.
Pour la tournée à venir, Paris est en effet la seule date française, vous vous concentrez sur le nord de l'Europe avec la Belgique, les Pays Bas et l'Allemagne...
Ollie : Pour être tout à fait honnêtes, voyager et jouer en Europe en ce moment est devenu très compliqué, ça va au-delà des histoires de vans, d'essence ou d'hôtels ! C'est tout le processus, évidement lié au Brexit et aux normes, qui devient extrêmement coûteux... Louis : Nous sommes en ce moment en train de vivre toutes les conséquences du Brexit, pour les petits groupes c'est un enfer. Même si nous avons eu la chance de tourner à l'international, c'est toujours compliqué, c'est aussi dû à la vie qui coûte plus cher ! Londres ou Paris, c'est partout pareil. Nous abordons les tournées segment par segment.
J'espère que vous pourrez voyager un peu plus loin en Europe cet été, peut-être dans le sud où il fait plus chaud !
Ollie : Oui nous aussi, bien que personnellement, je supporte mal la chaleur !