Squid

L'attente du premier vrai concert de Squid à Paris fut longue et fortement motivée par l'excellent Bright Green Field sorti en mai dernier. Deux années se sont écoulées depuis la toute première prestation au Pitchfork Music Festival où, malgré le sentiment d'être un peu noyés dans l'immense hall de la Villette, la rencontre avec le public parisien avait cependant fortement aiguisé notre curiosité et notre appétit. Suite à un petit raté du fait de passeports non reçus en temps et en heure (merci le Brexit) pour un concert à la Maison de la Radio et de la Musique en septembre, Squid ne nous a pas fait faux bond pour ce concert dans un Trabendo plein avec jauge à 75%.


Le quintet de Brighton mené par Ollie Judge à la batterie (et voilà la théorie qui se vérifie encore) prend place sur la scène plutôt exiguë du Trabendo mais qui étonnement sait toujours contenir les musiciens grâce à une organisation stratégique. Batterie sur le devant, entourée de deux ensembles composés de multiples synthétiseurs, chaque musicien se retrouve soit à la guitare, soit à la basse, soit au triangle, soit à la sonnaille (traduction de « cowbell », ce qui sonne un peu moins cool). La trompette est bien évidement présente sur plusieurs morceaux et jouée par le bassiste Laurie Nankivell.
Comme indiqué dans la critique de Bright Green Field dans nos colonnes, les cinq musiciens sont tous multi-instrumentalistes, formés au classique et particulièrement érudits. Dès lors, nous retrouvons l'univers extrêmement fourni du disque sur scène, adapté pour sonner comme un véritable concert rock, la cadence imposée par Ollie Judge étant éreintante.

Étonnamment, les morceaux les plus atypiques de l'album que sont Documentary Filmmaker avec ses cuivres jazzy expérimentaux, Narrator, trip ahurissant de huit minutes malgré l'absence des cris d'extase de Martha Skye Murphy et Boy Racers et son final psychédélique rendent parfaitement bien. Le public se retrouve littéralement emporté dans une quasi-transe tant la puissance du volume et de la cadence ne laisse aucun répit.


On retrouve avec plaisir The Cleaner issu de l'EP Town Centre, Paddling et Peel St. qui déclenchent dans la fosse les vagues de pogos et de crowd surfing tant attendues par les fans. Sous le light show aux couleurs vives et stroboscopiques, la folie furieuse culmine dans la salle jusqu'à la fin du set et le groupe peu loquace mais tout sourire sort ravi de cette première plus que réussie.

Prêt à revenir l'an prochain selon les quelques mots échangés en fin de concert, Squid ne tardera pas à prendre de l'ampleur et risque de se produire dans des salles plus conséquentes. Les 75% de la capacité maximale du Trabendo peuvent se considérer comme privilégiés d'avoir assisté dans de telles conditions aux débuts brillants de ce groupe atypique, audacieux et plus qu'efficace à tous les niveaux.