Spector

Pour les plus fidèles et anciens lecteurs de Sound Of Violence, le nom de Spector sonnera familier. En effet, votre média préféré ne cesse de crier sur les toits de l'internet que le groupe mené par Fred Macpherson, établi à Londres et au boulot depuis plus de dix ans maintenant, est un must have dans une discographie. Avec leur trois premiers opus, Spector en ont parcouru du chemin s'agissant de leur style, en s'inspirant certes de pas mal de références reconnaissables entre mille mais de celles qui faisaient notre bonheur au début des années 2000, renouant alors avec une pop rock affutée ouverte au plus grand nombre, dont The Vaccines, The Killers et autre Kaiser Chiefs se sont faits les chefs de file. Voilà pour le côté « fidèles et anciens » lecteurs.

Pour nos amis plus fraîchement adeptes du genre, voici donc Spector revenant avec Here Come The Early Nights, quatrième disque studio qui, pour notre plus grand plaisir, renoue avec les guitares et la joie de vivre, en comparaison d'avec Now Or Whenever, qui nous faisait débuter l'année 2022 au son un peu glacé d'une pop plus mélancolique, enveloppée d'une aura toute synthétique donnant au tout une jolie touche 80s. On se souvient alors du petit choc ressenti quelque mois plus tard lorsque nous croisions sur scène le groupe qui avait alors fait chavirer le Supersonic à grand renfort de larsens et bonds dans tous les sens, s'écartant largement de l'atmosphère un peu bleue de l'album.


C'est alors qu'en bonne prédicatrice du dimanche votre chroniqueuse terminait son papier en pressentant que les évènements prendraient par la suite une tournure plus axée sur les six cordes. Il va donc être temps que cette dernière joue quelques grilles de Loto car l'arrivée de Here Come The Early Nights ne fait que confirmer son sixième sens, et ce sans apercevoir aucune personne décédée.
Ce nouvel opus tranche d'avec l'aspect plus introspectif du précédent. Dès les premières notes de The Notion, nous retrouvons une pop rock beaucoup plus cadrée, avec les guitares qui savent donner juste ce qu'il faut quand il le faut, notamment sur le refrain où l'on redécouvre le timbre de voix de Macpherson qui continue de nous évoquer Justin Young à un tel point qu'une suspicion de parenté éloignée subsiste dans nos esprits.


Mais nous faisons toutefois facilement fi de cette drôle de spécificité à l'écoute des titres qui suivent, la talent du jeune anglais pour composer des morceaux efficaces et surtout particulièrement accrocheurs dès la première écoute se faisant ressentir sur Driving Home For Halloween, Not Another Weekend, Another Life et ce qui nous semble être le meilleur single du tracklisting, Some People.
Passant de guitares punchy à langoureuses, quelques autres morceaux adoptent un aspect plus velouté permettant à Fred Macpherson d'adopter sa tonalité de crooner avec Room With A Different View et Here Come The Early Nights, où l'on constate que notre sosie de Buddy Hollie se bonifie avec l'âge, comme un bon vin pour lequel on attendrait le temps qu'il faut pour le déguster au mieux.

Les dix morceaux passent alors très, voire trop, rapidement tant l'ensemble est totalement cohérent. Après dix années de pratique, Spector offrent un parfait album de pop rock sans prétention, armé de singles carrés, ces derniers destinés à abreuver les bandes FM et playlists de plateformes de streaming car ouvertement grand public. N'y voyez ici aucune ironie, apprécier un album tel Here Come The Early Nights tout en honnêteté, aisément accessible et simplement bien fait nous rappelle que l'exigence ne passe pas forcément par la complexité.