Devenus quasiment inséparables depuis leurs premières scènes ensemble, et quand les garçons de Londres furent invités par la première à remixer le single
No light, No Light devenu pour l'occasion
No Light, No Light (Spector Ryan Gosling Remix), on n'imagine plus un concert de Florence And The Machine sans les Spector, et vice-versa.

Consacrés « fashion inspirations » par Florence Welch et ses Machines qui partagent également le même label Luv Luv Luv Records, le team
Spector joue encore et toujours la carte de cette élégance désuète et fancy 100% made in England. Devant nous ce soir, les garçons en costumes-cravates noirs sur chemises blanches et lunettes nerdiques déchaînent leurs mélodies. De
Grey Shirt & Tie, joli titre à la rythmique aussi lancinante qu'un slow dans le garage des parents, au plus agité
Never Fade Away qu'on chantonne volontiers en cœur, les londoniens nous offrent ce soir une belle palette de leur jeune répertoire, au son de guitares toujours plus indie-power-pop eighties. Et décidément atteints de fashionite, ils remercieront même la partie du public venue en « tuxedo » pour saluer leur performance et celle du groupe les suivant.
Réclamés à corps et à cris par un public constitué de connaisseurs,
Florence And The Machine se font gentiment attendre. L'occasion d'admirer le décor scénique, comme un immense paravent Art Déco, sur lequel on devine que seront projetées de belles vidéos. Les musiciens montent maintenant sur scène ! Et Florence fait son apparition, encore et toujours théâtrale, en ombres chinoises derrière le paravent, sur les premières notes de la solennelle
Only If For The Night, qui augure bien de la magie de cette grand messe.
Telle une grande prêtresse amazone, les cuisses nues parées de voiles noirs et de perles, elle virevolte déjà sur
What The Water Gave Me, courant de long en large, cherchant partout à capter, captiver un public qu'elle aime, qu'elle appelle de ses vœux, qu'elle désire, pour communier avec elle, lui donner la cadence, l'entraîner dans le tourbillon de ses rythmes, fous et enchanteurs. Cette artiste possède une aura sans pareille dans la scène pop britannique.

Chacun de ses gestes impulse une chanson, et chacune de ses chansons impulse une énergie incroyable, ultra-communicative. Juchée sur une enceinte comme un oiseau de bon augure, elle se penche à plusieurs reprises vers la fosse, prête à l'accueillir dans son vol, mais s'en retourne chanter, ravie de son petit effet. Le public n'est pas encore aussi chargé d'électricité qu'elle, et ce n'est qu'après les
Drumming Song et
Cosmic Love, sublimes, qu'il entre dans la transe communicative de la prêtresse. Elle enjoint les spectateurs à interagir avec elle, entre eux aussi, à sauter, chanter, fait mine de les compter, de ses gestes aussi aériens et éthérés que ses folles gigues païennes.
Son claquant
Rabbit Heart (Raise It Up) achève de motiver les plus hésitants, qui se laisseront définitivement séduire par son joli effort de s'adresser à tous en français, même si l'on sait tout l'aspect cyclique et répété de ceci, de la part d'une diva très attentive à son image, parfois un peu trop, et souvent un peu trop lourde dans des vocalises que l'on souhaiterait plus sensibles. Car l'autre bémol de la soirée tiendra dans ce simple constat : le Zénith, de par son acoustique, n'est vraiment pas la meilleure des salles parisiennes. Mais on se laisse envoûter malgré tout, on plane, on profite d'une belle sélection de son répertoire, ponctuée d'explosions, de danses, de cris auxquels elle se livre avec sa pianiste, et finalement couronnée d'un enivrant rappel fait des pétillantes
Sweet Nothing et surtout, de la folle
Dog Days Are Over. Un grand merci pour ça, tout ça, tout ce grand théâtre, toute cette attention parfois affectée, mais attention qu'elle porte quand même à un public qui l'aime et qu'elle aime.
Si l'on intervertit deux lettres dans « aime », on obtient « amie »... Alors au plaisir de vous revoir vite, beautiful friends.