PREGOBLIN

Nous voilà à nouveau dans ces périodes creuses sans jours fériés ni célébrations particulièrement festives. Détenteur du titre peu flatteur de mois le plus inintéressant de l'année avec son compère novembre, février continue de nous faire grise mine si ce n'était les quelques surprises que nous découvrons dans notre bannette au bureau de bon matin. Aujourd'hui, nous nous penchons sur le cas PREGOBLIN, aperçu à plusieurs reprises accompagnant Peter Doherty et ses multiples incarnations sur scène, et depuis signé sur le label du plus Bidochon des anglais, Strap Originals.

Nous concernant, la première fois eut lieu dans la prestigieuse Salle Pleyel, en entame du concert bobo-esque de Peter Doherty et Frédéric Lo. Une rencontre des plus incongrues, dans des conditions pas vraiment appropriées pour la pop expérimentale de cette drôle de formation menée par un être étrange aux allures d'elfe gothique. Les éléments glanés depuis lors sont somme toute assez maigres. Doté de ce patronyme à faire bondir tous les métalleux hors de leur tanière, la question qui nous taraude depuis est : c'est qui, ou plutôt c'est quoi PREGOBLIN ?


Digne d'un épisode de Blow-Up sur ARTE, l'énigme PREGOBLIN commence à se résoudre. Il apparait que derrière ce nom tout en majuscule se cache Alex Sebley qui a débuté l'aventure alors en duo avec Jessica Winter et a égrené depuis 2019 sur les plateformes de streaming une poignée de singles. La dernière apparition en France eut lieu en novembre 2023, en mode intimiste lors du set acoustique de Peter Doherty au Trabendo, à cette occasion également accompagné de Lias Saoudi de la Fat White Family qui, nous le découvrons, a collaboré dans une autre vie avec Alex Sebley. Afin d'en avoir le cœur net, nous mettons la main sur le premier album de PREGOBLIN illogiquement nommé PREGOBLIN II dont les treize titres sont un joyeux patchwork de pop tantôt classique et fleurie, tantôt plus léchée avec moult incursions dans un style assez bluesy où le piano domine, les chœurs féminins y sont chaleureux et où l'on se surprend à trouver très agréablement mixés le saxophone et les samples.


C'était donc bien cette impression un peu bordélique que nous avait laissée PREGOBLIN sur scène : accompagné d'un seul guitariste et pianotant à quelques reprises sur un clavier, Alex Sebley nous avait intrigué par un chant délibérément chaotique et une allure des plus mystérieuses, dissimulé derrière ses énormes lunettes fumées et vêtu d'un imperméable noir digne des pires faits divers relatés dans la presse locale. Le répertoire alors dévoilé nous étant totalement inconnu, il était difficile de s'accrocher à un style particulier mais on se remémore parfaitement avoir adhéré à cet univers un peu bancal et fondé sur un socle pop assez solide.
On ne s'étonne donc pas de retrouver dans PREGOBLIN II de nombreuses pistes qui, finalement, entrent dans le cadre pop rock que nous connaissons tous, où nous avons plaisir à trouver la guitare dominante mais jamais trop expansive et capter de façon plus claire la voix d'Alex Sebley, qui sait se faire douce comme sensuelle. Quelques duos avec les amis et anciens collaborateurs (dont Peter Doherty et Jessica Winter) et un musicien qui se révèle être doué dans un répertoire très mélodieux, avec cette petite touche un peu vintage qui, de-ci de-là, nous évoque les slows à l'américaine de nos boums de gamins où l'anglais semble se livrer de façon honnête, sans déguisements superficiels à la différence de ses concerts.

PREGOBLIN II est une agréable surprise qui nous aide enfin à mieux décrypter ce que représente vraiment PREGOBLIN, soit un musicien portant une pop romanesque et très joliment orchestrée. On attend donc d'Alex Sebley qu'il nous en dévoile un peu plus sur scène, on l'espère la prochaine fois hors de l'ombre un peu écrasante de l'ami Peter.