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Chronique Album
Date de sortie : 28.05.2024
Label : Invada Records
45
Rédigé par Pierre-Arnaud Jonard, le 23 juin 2024
Printemps chargé pour les anciens Portishead. Juste après la sortie du premier album solo de Beth Gibbons acclamé par la critique, Geoff Barrow revient aujourd'hui avec le quatrième opus studio de Beak>. L'album est paru d'un coup d'un seul, sans aucune promo ni annonce préalable, le musicien estimant que c'est la meilleure façon de faire aujourd'hui pour qu'un disque soit bien écouté.

L'album s'ouvre par un sublime Strawberry Line entre krautrock et Pink Floyd période Syd Barrett. Les notes de clavier répétitives et plaintives nous renvoient à la belle époque de Nico et des premiers films de Philippe Garrel. Ce titre psychédélique envoûtant et planant, lent et hypnotique, est une pure merveille. Un morceau de très haute volée sur lequel les voix éthérées semblent décliner une sorte de mantra. En écoutant le morceau on est téléporté dans l'espace-temps et on a la belle impression d'être de nouveau en 1974 ou 1975. Ces huit minutes d'envolées spatiales nous entraînent dans un voyage intersidéral fascinant. Du grand art. Il n'est pas exagéré de dire que ce morceau est rien moins que la plus belle chose qui nous ait été donné d'entendre ces derniers mois. On sait déjà qu'il va tourner en boucle sur notre platine dans les semaines à venir.

The Seal, qui suit, poursuit dans la même veine avec toujours une musique répétitive et hypnotique. Les boucles du morceau se révèlent d'une inventivité rare. Une fois encore Beak> nous entraînent dans un puissant voyage mental. On navigue dans quelque chose de psychédélique mais sur un tempo plus rapide et moins éthéré que pour Strawberry Line, mais avec la même réussite au bout. Windmill Hill est le seul titre court du disque et montre que si Beak> sont évidemment à l'aise sur les longues plages musicales (le genre psyché/krautrock voulant aussi cela) ils se révèlent aussi intéressants sur des durées plus courtes. Ce morceau instrumental est totalement barré et se rapproche davantage de l'avant-garde que de de la pop ou du rock classique.

Le disque poursuit ensuite ce travail d'exploration musicale avec toujours le même bonheur : Denim est un mid tempo hypnotique et répétitif sur lequel les parties de clavier évoquent François de Roubaix (on sait que Geoff Barrow est un grand fan de musique de films), Hungry Are We possède un délicieux côté 60's agrémenté des vocaux qui flirtent avec le sublime, Ah Yeh se veut presque du tribal afro, Bloody Miles donne l'impression de plonger dans l'océan et de nager au milieu des dauphins, tandis que Secret Miles est une autre pépite qui fait quelque peu penser à David Bowie période Lodger. L'album s'achève par un majestueux Cellophane ou le croisement improbable mais pourtant réussi entre Pink Floyd et Sunn O))), quand le psychédélisme rencontre le drone.

Ce nouvel opus de Beak> est d'une inventivité rare et d'une beauté quasi surnaturelle. Il sera sans aucun conteste l'un des disques de cette année 2024 et nul doute que dans vingt-ans il n'aura pas pris une ride.
tracklisting
    01. The Strawberry Line
  • 02. The Seal
  • 03. Windmill Hill
  • 04. Denim
  • 05. Hungry Are We
  • 06. Ah Yeh
  • 07. Blood Miles
  • 08. Secrets
  • 09. Cellophane
titres conseillés
    Strawberry Line - Denim - Secret Miles
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