Pour son troisième album, mais son premier chez Ninja Tune (BICEP, Glass Beams, Young Fathers, Nabihah Iqbal...), on aurait pu penser que Nilüfer Yanya allait s'attacher les services d'un producteur réputé dans un grand studio pour développer sa musique. Il n'en est rien, l'artiste reste la même et garde la même équipe : Wilma Archer (collaborateur de Jessie Ware et Celeste ou du rappeur MF Doom) est toujours à la production comme d'habitude. Il faut dire qu'il sait capter les intentions de la chanteuse et les riffs de sa guitare pour un résultat net et dépouillé. Côté visuel, Molly Daniel, la sœur aînée de la musicienne, est toujours derrière la caméra pour réaliser ses vidéo clips et ses photos.
En territoire connu, et en perfectionniste insatiable, Nilüfer Yanya se concentre sur l'écriture et l'interprétation. C'est peut être cela qui l'a poussée à explorer le Method Acting, une technique de jeu où les acteurs essaient de ressentir les émotions de leur personnage comme si elles étaient les leurs. L'album est ainsi centré sur les émotions sans artifices. Les guitares, aussi bien acoustiques que électriques, et la voix occupent la place centrale, la batterie vient y mettre une touche funky. Ici et là, des notes de synthés ou des cordes viennent relever les compositions comme l'assaisonnement d'un plat simple et parfaitement maîtrisé.
Cette œuvre très introspective invite les auditeurs et les auditrices dans l'univers intime de l'artiste et nous assistons à son exploration. C'est dans une atmosphère plus acoustique qu'évoluent les chansons avec parfois même des accents aussi bien orientaux qu'Americana pour les grands espaces, le soleil qui tape et une mélancolie profondément enracinée.
My Method Actor est parfaitement réalisé et offre un vaste monde à explorer, il a l'assurance d'un classique, mais il lui manque quelques pépites qui donneraient envie de danser ou de crier comme sur les précédents albums de Nilüfer Yanya.