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Nilüfer Yanya

Paris, Trabendo - 20 mars 2022

Live-report par Franck Narquin

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Quelques jours après la sortie de son excellent deuxième album Painless, Nilüfer Yanya venait déjà défendre sur scène ses petites pépites indie groovy. Remarquée par sa sublime reprise de Hey des Pixies puis par un premier album, Miss Universe, porté par quelques hits de haute volée mais qui avait tendance à s'éparpiller à vouloir embrasser trop d'influences en même temps, la londonienne a clairement passé un cap avec son deuxième opus. Les morceaux y sont plus construits, la production plus cohérente et le style plus affirmé. On attendait donc de pied ferme sa prestation scénique, pour voir si le ramage live se rapportait bien au plumage studio.

Comme sur l'ensemble de sa tournée européenne, la première partie est assurée par Léa Sen, jeune française originaire de Cergy, exilée à Londres pour fricoter avec les producteurs pointus Vegyn et Kwake Bass et poser sa voix de pretty woman sur un morceau de Joy Orbison. Se produisant pour la première fois à Paris, confinement oblige, Léa joue ce soir à domicile. Les copains sont là, la famille aussi et on sent poindre une vraie émotion. Nul besoin de se presser, ni de trop en faire. Sa voix, tantôt mat et éthérée, tantôt grandiloquente et haut perchée, posée sur des accords de guitare tout en réverbération impose sans mal sa post-soul, évoquant les expérimentations arty de Dean Blunt et la grâce de Tirzah. On était simplement venu tendre une oreille en buvant une bière et pourtant, juste une semaine avant Will Smith, on s'est pris une sacrée claque.


On l'attendait affublée de grandes ailes d'ange roses comme chez Jimmy Fallon, pourtant Nilüfer Yanya débarque sur scène en même temps que son groupe, en toute sobriété et emmanche timidement sa guitare pour entonner midnight sun, point d'orgue de Painless, aussi cool as fuck que tendu à souhait. Sans transition, les titres de son dernier album s'enchainent à la vitesse grand V. Ce concert sera donc court mais intense. Passage désormais obligé, on aura droit à une reprise de Rid Of Me de PJ Harvey toute en rondeur, comme si Steve Albini avait fumé un énorme spliff, et nous pris un énorme kiff.

Après un petit temps de chauffe, l'anglaise tombe la veste et faite monter la température dans la salle au son de Stabilise, tube imparable qui donne autant envie de se dandiner que de jouer du air guitar. Les fans de la première heure ne seront pas en reste avec Baby Blu et surtout le volcanique In Your Head, dernier morceau avant les rappels, qui nous aura fait suer les quelques excès du weekend.


On n'aura pas vu le temps passer, pourtant il ne reste que deux morceaux, mais quels morceaux ! Crash vient exploser nos tympans avec sa pop mutante, trouble et sexy comme dans un film de David Cronenberg avant que Heavyweight Champion Of The Year, léger comme une plume, ne vienne s'imposer comme une dernière caresse, une douce comptine avant d'aller dormir.

Emballé, pesé en à peine soixante-dix minutes, le show de l'anglaise aura fait son petit effet et confirmé la belle mue de l'ancien espoir en voix qui compte dans la scène indie pop UK. On sent qu'elle a en a sous la pédale (de distorsion) et pourrait déployer encore plus grand ses ailes. Convaincus, mais pas pleinement rassasiés, on demande déjà du rab !
setlist
    midnight sun
    belong with you
    chase me
    The Unordained
    L/R
    Rid Of Me (PJ Harvey cover)
    Baby Blu
    Stabilise
    Same Damn Luck
    Anotherlife
    Angels
    the dealer
    In Your Head
    ---
    Crash
    Heavyweight Champion Of The Year
photos du concert
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