Mogwai

Quatre années se sont écoulées depuis la sortie de As The Love Continues, le dixième album de Mogwai. Les voici de retour en ce début d'année 2025 avec The Bad Fire, dont la pochette illustre magnifiquement l'atmosphère musicale de ce nouveau disque. Pourtant, avant d'entrer dans le vif du sujet, une question persiste : après toutes ces années et une discographie aussi riche, Mogwai peuvent-ils encore nous surprendre ?

Il faut bien avouer que Lion Rumpus, single annonciateur du disque, ne nous avait pas complètement convaincus. Ce morceau est, somme toute, un peu trop électronique et s'accompagne de solos de guitare digitalisés pour le moins curieux. Cependant, c'est bel et bien la seule des dix compositions de The Bad Fire qui ne nous a pas emballés. God Gets You Back, autre extrait de l'album, s'affirme comme une sorte d'hommage à Ride. En effet, après deux minutes trente de sonorités synthétiques, les guitares entrent en scène et le morceau nous plonge dans une réminiscence du shoegaze emblématique du groupe d'Oxford, pour les quatre minutes restantes. Bien sûr, avec un tel son sur ces deux premiers titres, on s'interroge : Stuart Braithwaite et ses acolytes auraient-ils pris un virage plus électronique, voire même plus « pop » ? Finalement, il n'en est rien. Fanzine Made Of Flesh, dernier single dévoilé, remet les pendules à l'heure avec un morceau tout à fait conforme à ce que l'on peut attendre de Mogwai.

Toutefois, les Écossais savent aussi alterner avec des moments de post-rock délicat, qui les caractérisent si bien. What Kind Of Mix Is This contient l'essence même des Glaswegiens : des guitares noisy, accompagnées de montées rugissantes, bien que contenues, sur un faux rythme envoûtant. Pale Vegan Hip Pain illustre également à merveille ce son qui leur est propre et que l'on a toujours tant aimé chez eux. Mais The Bad Fire, c'est également un disque de contrastes et de moments extrêmes. Hi Chaos voit Mogwai pousser leurs guitares comme ils ne l'avaient pas fait depuis bien longtemps. Il en va de même pour If You Find This World Bad, You Should See Some Of The Others, où la puissance, la force et l'énergie sonore déployées par le groupe atteignent une intensité incroyable. On imagine aisément combien l'état de santé de la toute jeune fille de Barry Burns, à cette période, a pu influencer les sessions d'enregistrement du disque.

Pourtant, les cinquante-cinq minutes de The Bad Fire ne se résument pas à ces déferlements sonores. En effet, on ne s'attendait pas à un morceau comme Hammer Room, avec son clavier et son rythme atypique, totalement inédit dans le répertoire de Mogwai. On a presque l'impression d'entendre une mélodie joyeuse, voire dansante. Le final du disque, quant à lui, est une véritable réussite. Complexe dans sa conception, il n'en demeure pas moins empreint d'une forme d'apaisement, comme si le fameux bad fire s'était finalement éteint, après tant de moments de rage et de vacarme.

Mogwai célèbrent cette année leurs trois décennies de carrière. Pour entamer 2025, le groupe nous offre The Bad Fire, un magnifique album qui nous accompagnera sans aucun doute tout au long de l'année. S'il séduira assurément les aficionados du groupe, il pourrait également capter l'attention d'un public moins familier de ce style musical, grâce à la richesse et à la diversité de ses morceaux.