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Mogwai

Interview publiée par Emmanuel Stranadica le 9 septembre 2017

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Every Contry's Sun, le nouvel album de Mogwai, est un disque passionnant. Délaissant un peu l'électronique et ayant rebranché les guitares pour l'occasion, les écossais se renouvellent encore une fois, même s'ils restent dans l'univers post-rock. De passage à Paris par une belle journée ensoleillée de la fin juin, Stuart Braithwaite, leader de la formation, et Martin Bulloch, batteur du groupe, nous ont accordé quelques minutes de leur temps. Retour sur cette rencontre.

C'est votre premier album depuis le départ de John. Avez-vous travaillé différemment de d'habitude ?

Stuart : Ça s'est bien passé au final. Ce qui a été très différent, c'est d'avoir une personne en moins, une personne qui composait des chansons. L'ensemble du groupe a dû davantage travailler. Nous nous sommes ainsi retrouvés avec plus de chansons que nécessaire. Mais en définitive, ça ne change pas trop de d'habitude car c'est un peu toujours le cas. Il a surtout fallu travailler davantage de parties de guitares, pour Dominic, Barry et moi.

C'est un peu surprenant tout de même que le départ de John ait engendré un disque de Mogwai avec bien plus de guitares que sur Rave Tapes, votre disque précédent. C'est quelque chose que vous avez voulu ?

Stuart : C'est arrivé comme ça, sans que ce soit calculé.
Martin : Barry avait beaucoup apporté de parties musicales pour Rave Tapes. Il avait utilisé beaucoup d'instruments pour celles-ci. Il nous avait beaucoup influencés. Pour Every Country's Sun, Dominic et Stuart ont davantage contribué à ce disque, c'est pour cela qu'il y a bien plus de guitares sur cet album.

Est-ce que l'implication de Barry dans Sums a pu influencer le son de Mogwai ?

Stuart : Il faudrait poser la question à Barry. Je pense que jouer de la musique et travailler avec d'autres personnes doit beaucoup apporter et finalement influencer la manière de travailler avec son groupe principal. Cependant je ne peux pas vraiment répondre pour Barry.

L'intro de Coolverine m'a vraiment rappelé Leave Them All Behind de Ride. C'est simplement le fruit du hasard ?

Martin : Oui, tu as raison. J'étais chez moi juste avant que l'on commence à répéter pour cet album, et je m'entrainais seul à la batterie. J'ai trouvé que le jeu de batterie à la fin de ce morceau, sonne vraiment comme Ride (Rires). Ce côté très pop, c'est vraiment très proche de ce qu'ils proposent.

Je ne crains pas le succès.

Teenage Exorcists était comparable à un tube, ce qui n'est finalement pas du tout dans les habitudes de Mogwai. Vous réitérez ici l'exercice avec Party In The Dark. Pourquoi ne l'avez-vous pas sorti comme premier extrait de Every Country's Sun ? Avez-vous peur du succès et prenez-vous vraiment du plaisir à enregistrer ce genre de morceaux ?

Stuart : Je ne crains pas le succès. Dans le passé, nous avons sorti des chansons en tant que premier extrait de l'album qui n'étaient pas forcément très représentatives des disques. Les gens qui écoutaient l'album étaient ensuite surpris par le reste du disque qu'ils découvraient. Cette fois nous tenions à ce que le premier extrait soit davantage en rapport avec l'ensemble du disque. Il était important que ceux qui écoutent notre album ne soient plus étonnés par celui-ci par rapport à ce que nous avions déjà divulgué. C'est vraiment plaisant d'écrire des chansons pop. Normalement ce n'est pas le genre de choses que nous sortons, notre musique étant davantage axée sur de longs instrumentaux. C'est surtout un grand changement dans notre manière d'écrire, mais rien de plus.

J'ai l'impression que Party In The Dark a été inspirée par ta collaboration avec Minor Victories. Quel souvenir en gardes-tu ?

Stuart : J'ai beaucoup aimé collaboré dans ce super groupe. Tu as peut-être raison pour l'influence car pas mal de morceaux de Minor Victories sont simples. Ils sont rythmés et agréables à jouer.

Tu chantes sur Party In The Dark. C'est toujours quelque chose de difficile pour toi ces parties vocales ?

Stuart : Je ne dirai pas que c'est difficile, mais assurément moins facile que de jouer de la guitare...

Le son de la batterie est parfois très lourd, voire très sale, sur plusieurs morceaux de l'album. Etait-ce quelque chose que vous recherchiez ?

Martin : Non, pas particulièrement. Je pense que Dave Fridmann y est pour beaucoup. Il voulait ce son, cette distorsion, et ce fut très amusant de réaliser des sessions d'enregistrements avec lui pour obtenir un tel résultat. J'ai parfois eu l'impression en écoutant le résultat de faire des fausses notes, alors que ce n'était pas le cas (Rires). Quand tu emploies quelqu'un comme lui pour enregistrer un album il faut s'attendre à ça. Quand on a enregistré Atomic, on a beaucoup expérimenté, et le son de la batterie fut différent des précédents disques. Il y a eu énormément de tentatives sonores. Mais sur ce nouvel album, c'est Dave qui est vraiment derrière tout ça.

Tu mentionnes Atomic, j'en profite pour te demander comment avez-vous réussi à survivre à de telles expériences sonores ?

Stuart : C'était terrible ! Très sincèrement, les vidéos sont très difficiles à regarder, surtout une en particulier. Celle où un jeune garçon japonais, un enfant, tremble. Je me souviens avoir regardé cette partie et avoir eu la nausée. Je suis allé vomir. C'était si brutal. Il y a d'autres passages qui sont également très durs. Jouer tous les soirs dans le noir devant ces images fut quelque chose de très éprouvant physiquement et mentalement, même si on tournait le dos aux vidéos. Ce fut un sacré soulagement lorsque cette tournée s'est terminée. Enfin nous allions pouvoir jouer des pop songs (Rires).
Martin : Ce fut très extrême. Normalement en Europe lorsqu'on termine les concerts on retrouve des amis dans les loges, on rigole et on se détend. Mais là ce fut vraiment très différent et incroyablement difficile. Nous n'avions envie de voir personne une fois le set terminé. On quittait la salle, on partait à l'hôtel directement. Comment veux-tu que nous ayons envie d'aller boire une bière avec les potes après un tel concert ? C'était un peu comme jouer au foot à domicile et se prendre une raclée (Rires).

Il y a ce morceau minimal au milieu de l'album, Aka 47, qui s'apparente à un peu à une bande originale de films. Est-ce que la B.O. des Revenants a pu vous influencer pour ce morceau ?

Stuart Je ne sais pas, mais ce n'est pas impossible. Avec la B.O. d'Atomic, les morceaux pour Before The Flood ou même Les Revenants, le travail cinématographique fut assez fréquent pour nous ces dernières années. C'est pourquoi c'est bien possible.

L'album offre une sorte de rétrospective de la carrière de Mogwai. Il y a des morceaux qui sont typiques du groupe, d'autres qui s'aventurent vers vos débuts, mais certains aussi vers des choses nouvelles et plus électroniques ainsi que des morceaux plus pop. Mais au bout des quatre minutes et trente secondes de Don't Believe The Fyfe, l'album prend une autre tournure. Il devient lourd, rugueux, surtout sur Battered At A Scramble où les guitares sont terribles. C'était important pour vous de terminer l'album de cette façon ?

Stuart : Oui, je pense qu'on voulait vraiment ça. Ce fut quelqu'un d'autre que d'habitude qui s'occupa du tracklisting. Cette personne de notre maison de disques aux Etats-Unis nous l'a suggéré car c'est son hobby. Il a déplacé plusieurs fois les morceaux, et au final a gardé les parties les plus lourdes pour la fin du disque.

La batterie sur la dernière partie du morceau Every Country's Sun est vraiment incroyable...

Stuart : Merci ! J'ai vraiment pris beaucoup de plaisir à enregistrer ce disque. Mais pour ce morceau ce n'est pas vraiment un beat que j'ai joué normalement. C'est un peu comme si tout avait été trafiqué ensuite.

Nous sommes actuellement en train de travailler sur une nouvelle bande originale.

Vous avez déjà sorti trois bandes originales pour Zidane, Les Revenants et Atomic. Allez-vous en enregistrer d'autres dans le futur ?

Stuart : Oui. Nous sommes actuellement en train de travailler sur une nouvelle bande originale qui devrait être enregistrée le mois prochain, pour une sortie prévue en fin d'année.

Allez-vous finalement sortir la bande originale de Hudson River Project ?

Stuart : Je ne pense pas que cela arrivera, non. Il y avait deux personnes qui réalisaient ce documentaire, et celui dont nous étions proches n'est plus impliqué dans le projet. Aussi, nous ne devrions travailler dessus.

Allez-vous sortir une édition Deluxe de Rock Action ?

Stuart : Oui. C'est quelque chose que nous allons faire. Nous disposons de bon nombre de morceaux de l'époque qui ne sont pas sortis. Nous avions également enregistré tous les concerts de 2001 et de 2002. Je ne sais pas qui va devoir tout réécouter, mais il y a de quoi faire.
Martin : Probablement toi.
Stuart : Une centaine de concerts, c'est cool ! (Rires)