Mandrake Handshake

Alors que des milliardaires jouent avec des fusées, une poignée de hippies ont méticuleusement construit un vaisseau propulsé à l'énergie cosmique. Sa mission est double : métapsychique d'une part pour explorer avec la rigueur des utopies les univers parallèles, divertissante d'autre part car ils faut bien s'y faire, les choses sont finalement comme elles sont.

Ce groupe qui s'est formé comme les plus importants scientifiques sur le campus d'Oxford voit tout en grand, à commencer par son line up XXL qui compte une dizaine de musiciens : des guitares acoustiques et électriques, une basse, une clarinette, un saxophone, des claviers, de la flûte, une batterie et de nombreux tambourins. Succès garanti sur scène, par un effet d'entraînement, la foule est obligée de danser.


Les chansons durent entre quatre et neuf minutes, un minimum pour planter le décor et dérouler le plan de vol psychédélique : boucles, digressions, recentrage, solo de guitares, voix entremêlées, détails burlesques, décollage... Mandarake Handshake aiment les décalcomanies et leur étiquette flower kraut. On aussi de la variété française chic des années 60s, celle d'avant l'invention de l'Auto-Tune quand on n'hésitait pas à emprunter un orchestre pour une chanson pop.

Il y a fort à parier que pour écrire un album comme celui-ci le groupe ne carbure pas qu'à l'eau minérale. Charlie's Comet donne l'impression de rentrer de soirée gentiment éméché, la ligne de saxophone nostalgique permet de garder un pied dans la fête. Mandrake Handshake savent aussi s'enflammer, ils ont beau être hippies il ne faut pas les chercher, et on sent dans Hypersonic Super toutes sortes d'énergies allant de la joie jusqu'à une gentille envie d'en découdre. Earth-Sized Worlds clôture l'album dans un grand final qui part dans tous les sens, comme si dans l'impossibilité de résumer un album en une seule chanson (même si elle dure neuf minutes et trente secondes), le groupe jouait finalement plusieurs morceaux en même temps dans une grande transe psychédélique.

Earth-Sized Worlds offre une relecture peace and love du monde, comme si, finalement, il y avait un lendemain dans lequel nous pourrions entrer en chantant. Une approche optimiste tout à fait bienvenue.