Pale Blue Eyes

Troisième album en cinq ans pour le trio composé du couple Matt et Lucy Board et du bassiste Aubrey Simpson, dont le titre est une référence au fait que le groupe a dû quitter, pour des raisons familiales – le décès de la mère de Matt Board et la vente de sa maison qui s'en est suivie - le home studio dans lequel ses deux premiers disques avaient été enregistrés.

Dès How Long Is Now, on retrouve le Pale Blue Eyes qu'on connaît, avec des nappes de synthé posées sur des beats rapides. Pas de construction traditionnelle couplet/refrain, le groupe sait indéniablement travailler ses atmosphères et ses structures. Avec Scrolling, on reste dans la même lignée. C'est très bien exécuté, mais on commence à ce moment-là à craindre l'album monochrome comme le précédent pouvait l'être, malgré un gros travail sur l'utilisation de la stéréo, chose assez peu commune chez les groupes actuels.

Mais voici qu'arrive Pieces Of You, deuxième single envoyé en éclaireur, et nous voilà rassurés. Cette plongée dans la new wave du début des années 80 est simplement remarquable, notamment au niveau de la production et des harmonies vocales. On notera un riff de guitare ayant des faux airs de famille avec celui du Push des Cure. Un titre magnifique. On The Surface qui suit souffre d'ailleurs de la comparaison : malgré une bonne intro, ce titre ne décolle jamais vraiment, malgré des arrangements soignés.
The Dreamer, quatrième et dernier single en date extrait de l'album, nous offre une guitare lead en mode ligne claire, un chant qui se fait plus grave et un tempo qui se ralentit. Bref, le trio sort (enfin ?) de sa zone de confort... et c'est très bon, avec un morceau construit qui plus est de façon originale, notamment un final en forme de mantra obsédant.

L'album accuse malheureusement un petit coup de mou en son milieu avec Travel Day et Rituals, qui sonnent Pale Blue Eyes à 101% sans vraiment être transcendants ni surprenants. Mais avec Our Lost Words, voilà une guitare à la The Jesus & Mary Chain qui débarque. Une certaine agressivité, inédite jusque-là, se dégage du morceau, et la reprise finale après le pont est de toute beauté.
Plus la fin de l'album approche, plus le trio donne l'impression de vouloir aller ailleurs (New Place, toujours !) que là où on l'attend. Ainsi, Now And Again est une ballade qui, bien que très courte, tient parfaitement la route. Be There, qui bénéficie du featuring de Rachael Swinton (Cloth) sonne vaporeux à souhait, avant que Half Light, qui semble échappée de Faith (tiens, les Cure, encore !), ne déboule. Un morceau presque pop, avec des guitares noyées de reverb et un final instrumental au crescendo savamment dosé. On en redemande. Seven Years, qui clôt l'album, est la seconde ballade de l'album, portée par une basse veloutée. Un morceau qui caresse les oreilles et qui donne clairement envie de remettre le disque sur la platine.

L'évolution de Pale Blue Eyes sur cet album est donc significative, et surtout très convaincante car ce sont finalement les morceaux qui représentent le plus cette évolution qui sont les plus réussis. Le trio sera en France pour trois dates cet automne, gageons que l'album gagnera encore en profondeur sur scène.