Edwyn Collins

Il y a des disques moyens, des bons disques et des très bons disques. Et il y a des disques qui font du bien. Qui prennent l'auditeur par la main le temps d'une quarantaine de minutes et qui lui racontent des histoires de vie, plus ou moins heureuses. Le dernier album d'Edwyn Collins fait partie de ces albums comme, par exemple, tous ceux de Richard Hawley. C'est dire le niveau.

Tout, dans ce Nation Shall Speak Unto Nation, met du baume au cœur. C'est un disque de dimanche matin. Un disque de soirée dans le canapé avec un bon bouquin. Un disque de route de campagne. Edwyn Collins, revenu de très loin suite à son AVC subi il y a près de vingt ans, livre onze chansons qui sont autant de pépites. Il y a majoritairement ici des ballades, comme l'entrée en matière soyeuse qu'est Knowledge, avec cette voix tout de suite reconnaissable, ces cuivres discrets et ces chœurs soul, on est bien au chaud. Mais citons aussi Paper Planes et sa basse bien ronde, It Must Be Real avec une magnifique performance vocale, ou encore The Bridge Hotel, qui ose proposer un solo de flûte sans sombrer dans le ridicule, bien au contraire.

Lorsque le tempo s'accélère, Edwyn Collins montre qu'il en a encore sous le pied, avec notamment The Heart Is A Foolish Little Thing et une basse mixée très en avant, un refrain imparable et des chœurs savamment distillés, ou encore Strange Old World, sa voix noyée de reverb et son final instrumental. Les nostalgiques de A Girl Like You esquisseront un sourire à l'écoute de The Mountains Are My Home qui démarre par un délicat picking avant qu'un solo de guitare gorgée de fuzz ne vienne prendre le relais.
A grand disque, grande conclusion : Collins ose une bossa nova avec Rythm Is My Own World, et c'est une nouvelle fois splendide. Mais s'il ne fallait retenir qu'un seul titre de cet album, c'est celui qui lui donne son nom. Nichée en plein milieu du disque, Nation Shall Speak Unto Nation convoque des harmonies vocales à tomber par terre, une mélodie magnifique et des arrangements organiques simplement parfaits. Un vrai bonheur.

Edwyn Collins réussit avec cet album un disque « doudou », un disque qui rassure et qui apaise. Et en ces temps troublés, voilà qui est précieux.