These New Puritans

Six ans après le sublime Inside The Rose, un nouvel album de These New Puritans est un événement rare. Toujours à la pointe de l'innovation et attirés par l'expérimentation, les frères Barnett nous surprennent encore une fois.

Le plus surprenant est que pour leur cinquième album, ils optent pour la simplicité. Simplicité d'un enregistrement à la maison entre l'Essex et Londres, avec quelques excursions dans des quartiers ou villages plus ou moins reculés pour capter quelques sons qui seront samplés, dont la cloche qui ouvre Crooked Wing. Les jumeaux confirment leur amour pour les percussions en tout genre, les instruments classiques (orgues, cordes, cuivres...) et leur sampler. En parfaite maîtrise de leur son, toujours aidés par Graham Sutton à la production, ils créent une Musique avec un grand M, où chaque élément rythmique ou mélodique entre en résonance pour créer un vaisseau mystique qui touche droit au cœur.

Une démonstration vaut mieux que des mots : écoutez Goodnight jusqu'à sa trompette sur des nappes de synthé ! C'est beau à pleurer. Trop perché ? Deux démonstrations valent mieux qu'une, je vous invite à écouter Industrial Love Song chanté par Caroline Polachek qui montre encore une autre facette de son talent après des collaborations aussi différentes que celles avec caroline ou Charli XCX. Cette chanson est à prendre au second degré puisqu'elle traite de l'histoire d'amour entre deux grues sur un chantier, montrant que les émotions peuvent se trouver partout si on y prête attention.


Avec un sens de l'humour bien à eux, les jumeaux expliquent "qu'une aile tordue est une oreille, vous en avez une de chaque côté de votre corps, et elles ont une forme ondulée. Si vous avez de la chance, elles peuvent vous aider à voler". C'est bien ce que se propose cet album dès son ouverture avec le chant éthéré d'un jeune soprano soutenu par des notes d'orgue et quelques clochettes. C'est beau, calme et captivant. Les notes de piano du second morceau répondent aux sons percussifs des clochettes et sont vite rejointes par un xylophone, des nappes d'orgue et la voix caractéristique de Jack Barnett. Tous les éléments se mettent en place avec une impression de réveil printanier.

Même s'ils font chanter les anges, These New Puritans ne font pas dans l'angélisme et savent sublimer le sordide ou l'horreur. Sur A Season In Hell, l'orgue est toujours là, renforçant le thème religieux de l'album, mais on trouve aussi des percussions et samples qui renvoient à la musique industrielle du début des années 80, un morceau délibérément déplaisant et pourtant absolument fascinant. Tout comme Wild Fields qui, malgré son titre, semble plus proche d'une usine que d'un champ sauvage, faisant penser à des remixes particulièrement obscurs de Depeche Mode des années 80.

Crooked Wing est un album complexe mais à la beauté directe comme un Kid A, et qui pourrait bien devenir un classique.