Cela fait déjà deux mois que nous avons assisté au fabuleux concert parisien de Skunk Anansie à l'Olympia. Lors de cette dernière date de leur tournée européenne, Skin et toute sa bande s'étaient comme toujours donnés à fond, ravis d'honorer de leur présence la capitale, alors face à une salle archi complète et complètement acquise à leur cause. La setlist se présentait comme un Best Of, et seulement deux titres de ce nouvel album à paraitre (An Artist Is An Artist et Animal) nous avait été dévoilés. C'est donc gonflés à bloc après cette superbe soirée que nous attendions l'arrivée de The Painful Truth , septième album studio, neuf années après le plutôt décevant Anarchytecture.
Skin nous avait bien expliqué que comme tout un chacun, le COVID-19 et les aléas de la vie expliquent en grande partie ce long hiatus dans la discographie de Skunk Anansie. Une chose est certaine, album ou pas, le groupe a toujours été fidèle à son public, et les concerts n'ont pas attendu les sorties dans les bacs. Une très bonne chose qui nous permet de garder le lien avec ce groupe mythique des années 90, car malheureusement, ce The Painful Truth n'est pas encore à la hauteur de nos espérances.
Skunk Anansie peinent à retrouver les fulgurances qu'ils ont montré sur leurs premiers disques, et ce nouvel album demeure de façon frustrante dans un répertoire pop rock bien trop commun pour un groupe de cette qualité. Evidemment, ce qui ne change pas, c'est la magnifique voix de Skin, toujours prompte à nous exprimer tout un tas d'émotions, passant de la rage à la sensualité, avec ce timbre qui n'a définitivement pas bougé d'un iota depuis les premières années (nous pouvons en dire autant physiquement, Skin demeurant cette beauté rayonnante et flamboyante sur scène depuis toujours). Ce qui nous agace dans cet album est la suite quasi ininterrompue de morceaux très passe-partout, certes absolument pas ratés, mais qui ne définissent plus ce qui fut l'ADN de Skunk Anansie, soit du détonant.
A l'exception du titre d'ouverture, An Artist Is An Artist, un message très ironique sur ce que l'on attend des musiciens de nos jours, et l'aspect moutons de Panurge que les fans peuvent adopter, notamment au travers des réseaux sociaux, nous avons beaucoup de mal à nous accrocher un morceau en particulier parmi le reste du tracklisting. On aime toujours les riffs de guitares (sur Lost And Found ou Cheers), beaucoup moins quand le groupe se fourvoie dans une sonorité electronique pas très originale (Shoulda Been You, Animal ou Fell In Love). Les ballades qui nous permettent généralement de nous laisser hypnotiser par le chant de Skin sont présentes (le titre Meltdown étant la piste peut-être la plus authentique du disque), mais ne nous bouleverseront pas comme ont pu le faire des Hedonism (Just Because You Feel Good), You'll Follow Me Down ou Secretly. Non, nous ne restons pas coincés en 1999, mais peut-être attendons-nous une évolution un peu plus marquée du style du groupe, et depuis lors quelques nouveaux hymnes, ceux qui rendent transcendants les concerts quand la foule reprend en hurlant des refrains en faisant littéralement trembler les parterres des salles.
Neuf années sont passées et Skunk Anansie, portant légendes vivantes sur scène, ne réussissent pas encore à nous offrir avec The Painful Truth un nouvel album que l'on pourra hisser au rang de classique du groupe. Nous attendrons encore avec confiance la prochaine fournée, en espérant une nouvelle épiphanie pour cette formation que nous ne pouvons cesser d'admirer.