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The Virginmarys
Skunk Anansie

Paris, Olympia - 22 février 2011

Live-report par Julien Soullière

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A peine après avoir passé la sécurité et récupéré mon invitation VIP, j’avance en direction de la mezzanine de l'Olympia, le sourire idiot du type satisfait gravé sur le visage. C’est bête, mais je n'ai pas l’habitude de me rendre dans un lieu avec ce genre de sésame en ma possession. Alors, même si cela ne change pas ma vie, que ça ne me donne finalement pas le droit à grand-chose de plus, ça me plait, ça m’amuse. Rien besoin de plus, ce qui est un fait foncièrement tragi-comique.

Il fait déjà nuit noire dans la salle. A peine le temps d'observer les mecs de The Virginmarys, et par là-même, de contempler leur look de ploucs texans, que la placeuse m’amène à mon siège, toute lumière devant. Vissé dans mon fauteuil rouge carmin, je me concentre enfin sur ce qui se passe sur scène et sur ce que crachent les puissantes enceintes. Les Virginmarys font du rock, du vrai, un truc de chevelus qui aiment le pays de tonton Sam, les blousons en cuir et les gangs à la Samcro. A l'évidence, ça envoie et du lourd; le batteur, sûrement un grand romantique, maltraite ses fûts à n’en plus pouvoir, les cordes crissent de douleur à force d’être sévèrement grattées, et le chanteur, lui, s’amuse à trouver le fameux point de rupture, celui-là même qui vous rappelle si atteint que vos cordes vocales sont finalement bien peu de choses.
Alors, c’est vrai que ce n’est pas du petit bois leur musique, mais ce n’est jamais brouillon non plus, et ça plait au public. Il ne bouge pas trop, ce public, mais ça lui plait, c’est sûr : s’il applaudit sans se faire prier, c’est qu’il aime ça, et nos trois gaillards, ils le ressentent. Ils se la jouent gros méchants rockeurs, mais en fait, ils sont quand même touchés par l’accueil qui leur est réservé. Et ils remercient, beaucoup. Et sont émus.

 

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L’Olympia nous offre vingt minutes d’entracte. Je n’invente rien, c’est ce que la voix féminine en provenance directe des haut-parleurs nous annonce sur un ton désespérément monocorde. Les Virginmarys viennent tout juste de partir. Le temps d'une bière, et je reviens.
Sans savoir si le cap des vingt minutes a été atteint, les choses sérieuses ne tardent pas à reprendre. Le cœur bariolé et grunge à l’honneur sur la pochette de Wonderlustre s’affiche, immense, sur le fond blanc qui sépare nos yeux de la scène. Puis, de la musique, électronique et violente, à la Prodigy. Et des effets stroboscopiques, de ceux qui vous lacèrent les yeux sans prévenir et sans remords. Au centre de la scène, on distingue tant bien que mal Mark, le batteur, regard bas et capuche sur la tête. Ace, Cass et Skin le rejoignent bientôt dans la pénombre, leurs ombres projetés dans les airs. La foule est en délire.

Fiers de leur son surpuissant, Skunk Anansie démarrent cash, emmenés sur le chemin du brûlot Yes It’s Fucking Political par une Déborah Dyer survoltée. Un petit bout de femme, un petit démon, qui arbore comme un symbole des ailes d’ange d’une noirceur de jais. La tension est à son comble. Du moins durant les trois premiers titres, car une fois passé Because Of You, l’un des inédits de Smashes And Trashes, les choses se gâtent un peu l’espace de quelques minutes aux alentours de God Loves Only You. Problème de setlist, rien de bien grave, un petit creux de vague. Qui se répètera un peu plus loin d’ailleurs, mais le reste du set est tellement intense, tellement bien exécuté, que le désagrément ne peut que rapidement devenir un lointain et insignifiant souvenir.
Outre une pluie de titres à vous faire sauter l’ensemble de l’Olympia (ça n’est pas qu’une image, c’est un fait), Skin se révèle sacrément charismatique. Du genre à courir d’un bout à l’autre de la scène sans jamais donner l’impression de vouloir s’arrêter. Du genre à faire se lever celles et ceux qui, confortablement assis dans les hauteurs de la salle, pensait ne pas avoir à donner de leur corps. Du genre également à vous balancer à la figure, et avec le sourire, que si vous téléchargez leur musique gratuitement, vous pourriez au moins acheter un t-shirt. Du genre, pour finir, à slammer pour la forme, mais à s’aventurer dans la foule comme Jésus se risquait à aller à l’eau : en marchant dessus. Car c’est bel et bien une nuée de bras levés qui, sous nos yeux ébahis, permet à la chanteuse, surplombant la fosse, de se frayer un chemin parmi ses fans. Dommage qu’elle n’ait pas gardé ses ailes sur le dos, l’image aurait été merveilleusement biblique.
Bruit, fureur et envie au programme. La foule a quasiment entre sept et soixante dix-sept ans, mais la setlist proposée balaye allègrement la discographie du groupe (du I Can Dream de 1995 au God Loves Only You de 2011), pas de déçus donc. A la vue de l’énergie déployée ce soir, de toute façon, comment pourrait-on l’être ? Bonne question, non ?

 

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Une grosse louche de titres plus tard, le concert touche à sa fin. Deux rappels : un premier long de trois titres, et un tout petit, intimiste au possible. Si l'on vivait dans un monde où les rappels s’obtenaient à la seule rage de l’assistance (et pas seulement parce c’est un lieu commun), nul doute que le public parisien aurait bien mérité ce que Skunk Ansansie lui à proposé ce soir. Il aurait même pu avoir plus. C’est, au final, ce qu’on appelle un concert de haute volée : un truc fait de sons et de lumières, où le public se donne autant que les artistes. Et réciproquement.
setlist
    THE VIRGINMARYS
    Nothing To Lose
    Bang Bang Bang
    Out Of Mind
    Just A Ride
    My Little Girl
    In The City
    Portrait Of Red
    Off To Another Land

    SKUNK ANANSIE
    01. Intro Tape (Into Political)
    02. Yes It’s Fucking Political
    03. Charlie Big Potato
    04. Because Of You
    05. God Loves Only You
    06. Pity
    07. 100 Ways
    08. Secretly
    09. Over The Love
    10. I Can Dream
    11. Sweetest Thing
    12. Intellectualize
    13. Ugly Boy
    14. Weak As I Am
    15. Brazen
    16. My Love Will Fall
    17. Twisted
    18. I’ve Had Enough
    19. On My Hotel TV
    20. Tear The Place Up
    21. Skankheads
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    22. Hedonism
    23. You Saved Me
    24. Little Baby Swastika
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    25. Follow Me Down
photos du concert
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