Grands espoirs de la scène britannique, et mancunienne plus précisément, depuis quelques années désormais, Nightbus auront finalement attendu près de vingt-quatre mois avant de faire leur retour sur une scène à Paris, la double actualité que constituait la sortie de leur premier album Passenger et une invitation à se produire dans le cadre du MaMA Music & Convention ayant ainsi constitué l'occasion parfaite au duo constitué de Olive Rees et Jake Cottier de reprendre sa marche en avant.
Si leurs enregistrements en studio, qu'ils soient récents ou plus anciens, n'ont à ce jour pas encore permis de déterminer le domaine de prédilection du duo, lequel jongle sans retenue entre new wave, trip-hop, post-punk et musique électronique, la prestation du soir sur la scène principale de la Machine du Moulin Rouge va nous apporter quelques éléments de réponse. Accompagné sur scène par deux musiciens additionnels à la basse et la batterie, ainsi que quelques pistes préenregistrées somme toutes discrètes, le duo de guitaristes a ainsi tout à loisir de dérouler son univers sous les yeux d'un public de néophytes et curieux. Prudents et appliqués, pour ne pas dire réservés, durant les premières minutes, la faute peut-être à une acoustique inégale, les musiciens vont malgré tout parvenir durant près de quarante-cinq minutes à monter en régime et convaincre le plus grand nombre.
Si la paire Somewhere, Nowhere / Angles Mortz, lancée d'emblée sans crier gare, fait dans un premier temps gentiment dodeliner les têtes, c'est lorsque le groupe durcit un peu plus le ton qu'il se veut le plus convaincant ce soir, les lignes de basse souvent imparables, notamment sur Landslide, étant assurément un de leurs plus beaux atouts, alors que la communication se voit réduite au strict minimum malgré quelques mots ou introductions adressés par Olive Rees, tandis que le reste du groupe se veut concentré sur son art, à l'image d'un Jake Cottier tout aussi discret qu'impeccable pour distiller ses lignes de guitare.
Plus lente tout en faisant grimper la tension, Host ne manque également pas d'atouts ce soir, tout comme Ascension durant lequel la chanteuse fait la démonstration de toute sa palette vocale, alors que la très attendue Average Boy déçoit quelque peu en comparaison avec sa version studio en raison d'un léger manque de relief. Tout le contraire d'un Mirrors jubilatoire, titre final de la prestation, nerveux et enlevé, porté par une Olive Rees délestée de sa guitare, arpentant la scène avec conviction et au chant rageur, l'ombre de Joy Division semblant à cet instant planer sur les lieux.
Disposant à n'en pas douter encore d'une marge de progression importante, Nightbus ont parfaitement su retranscrire ce soir toutes les qualités entrevues sur leur premier album, optant pour une approche live plus organique et rock, tout en étant capables ponctuellement de percées hypnotiques au bénéfice de leur répertoire.