Wolf Alice

Wolf Alice savent se faire discret dans nos contrées. Malgré leur nomination en 2016 pour le Grammy Award de la meilleure prestation rock, puis avoir remporté en 2018 le Mercury Prize avec son second album Visions Of A Life, le quatuor londonien ne fait pourtant pas plus de bruit que ça en dehors du Royaume-Uni.

Difficile d'y trouver une explication rationnelle tant le groupe, en deux disques remarquables et des performances scéniques fortes, aura su convaincre quiconque se penche un tant soit peu sur son cas, aussi bien du côté des critiques que du public, unanimes en tout point.


Le troisième album de Wolf Alice ne déroge pas à la règle fixée par ses deux prédécesseurs. Reprenant la même formule, Blue Weekend est gorgé de pépites rock aux notes shoegaze et grunge, à commencer par Smile et Lipstick On The Glass, dans le pur style Wolf Alice, ainsi que How Can I Make it OK et sa synthpop entraînante.

On y retrouve également le brûlot punk de rigueur, ici en la présence de Play The Greatest Hits, au milieu de morceaux plus pop tels que le lumineux Safe From Heartbreak (if you never fall in love) ou encore le premier single The Last Man On Earth et sa structure complexe qui ne cesse de fasciner après tant d'écoutes.


Les arrangements sont toujours aussi poussés, chaque instrument insufflant un supplément d'âme, et la voix d'Ellie Rowsell envoûtante, pouvant délivrer cris bestiaux et chant cristallin en un claquement de doigts. La raison à cela vient peut-être du côté du producteur Markus Dravs (Arcade Fire, Björk), venu épaulé la formation anglaise qui, profitant du confinement, l'a poussé à remettre en question chacune des compositions du disque durant l'enregistrement.

En résulte d’ailleurs un son général sensiblement adouci, où l’on retrouve davantage de guitare acoustique et de cordes (Delicious Things, Feeling Myself, No Hard Feelings). Les deux plages d’introduction et de conclusion, à la fois éthérées et dissonantes, en sont ainsi le parfait exemple, imposant un rythme progressif qui fait office de fil conducteur tout au long de l’album.


Sans pour autant égaler Visions Of A Life, Blue Weekend en reprend toutefois les nuances et la profondeur, tout en y apportant la spontanéité et la férocité que contenait My Love Is Cool. Wolf Alice ne cessent de confirmer leur statut de groupe important sur la scène rock actuelle, non pas uniquement britannique mais clairement internationale.