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Retour sur le Concert Très Très Privé de RTL2 du 19 juin 2013

Dossier réalisé par Clémentine Barraban le 29 juin 2013

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De part la redondance du mot « très » dans l’intitulé soulignant l’aspect VIP de l’événement, on se sent véritablement une personne particulièrement importante lorsque l’on présente son invitation au Concert Très Très Privé de RTL2, à l’entrée du mythique Olympia. La station de radio a su réunir cinq invités très très prestigieux, Texas remplaçant au pied levé le groupe Madness, pour une soirée unique à guichets fermés.

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L’intrigante Lou Doillon ouvre les festivités et emplit la salle de sa voix lascive et éraillée, posée sur un rock assez doux, presque introspectif et existentiel. Elle tente de stimuler une assistance peu extravertie avec une timide invitation à chanter des paroles susceptibles d’être largement connues. L’invitation est déclinée et la température ne monte pas, même lorsqu’elle entame une audacieuse et sensiblement décalée (pour ne pas dire carrément culottée) reprise de Should I Stay Or Should I Go des Clash, laquelle suscite un engouement mitigé. Son dernier morceau, ICU, est tout de même accueilli comme mérite de l’être le single d’un album médiatiquement bien soutenu et marque, plaisamment mais sans regrets, la fin de cette introduction à la soirée.

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Après un bon quart d’heure de pause nécessaire à l’installation de la scène suivante, c’est au tour des jeunes branchés du groupe anglais Foals de mettre le feu aux poudres. Se succède une sélection judicieuse des titres tubesques les plus efficaces de leur répertoire, dont le bouillant My Number extrait de leur dernier opus. Leur rock indie euphorique, chatouillant parfois des sonorités électronique, déchaine les projecteurs qui agitent leurs faisceaux de lumière sur une fosse étonnamment statique, donnant l’impression irréelle, vu du balcon, d’un étrange désaccord entre l’image et le son. Les Foals finissent par déserter la scène sans provoquer davantage de remous et laissent la place aux interventions des animateurs de RTL 2, alors que les techniciens s’affairent déjà au changement de matériel.

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L’enthousiasme général monte enfin d’un cran quand Grégory Ascher annonce l’arrivée imminente d’un groupe écossais dont le succès n’est plus à faire. Chose promise, chose due, Sharleen Spiteri et ses musiciens de Texas pointent le bout de leurs instruments sous les projecteurs et démarrent au quart de tour sur un I Don't Want A Lover largement repris jusqu’au fond de la mezzanine. S’ensuit une alternance appréciable d’anciens mythes et de nouveaux tubes, le tout arrangé le plus sobrement du monde à la guitare-batterie, donnant au set un petit goût acoustique. Ainsi, Summer Son n’a pas pris une ride, encore moins Black Eyed Boy qui offre à la brunette Sharleen le moyen de jouer de sa sensualité naturelle.

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Une nouvelle pause puis la salle de l’Olympia est tout à coup irradiée d’une onde de charme solaire : Dido vient de faire son entrée. Douceur et simplicité incarnée, elle interprète ses chansons comme des histoires personnelles, confiées dans un moment d’intimité. Le titre Thank You, qui avait révélé la chanteuse au grand public à la suite de sa collaboration avec Eminem, fait planer sur la salle les textes du rapeur, comme une présence obscure venant côtoyer la lumière pour créer l’équilibre parfait. Pourtant belle et bien seule derrière le micro, Dido enchaine avec End Of Night puis clôt le set avec White Flag et laisse un public en totale reddition face à une pureté aussi touchante.

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La dernière prestation de la soirée est surtout la « dernière chance pour [se] mettre complètement à l’envers ». Aussitôt la proposition du chanteur acceptée, Skip The Use fait cracher les amplis et le public sort enfin de sa léthargie, agité par un rock débridé à l’énergie très très contagieuse. « Hier, j’ai vu un groupe de rock, ils étaient un peu bizarres, mais l’espace d’une chanson, ils étaient beaux » : voici mot pour mot comment l’hyperactif Mat Bastard anticipe le récit du concert qui en sera fait le lendemain au bureau. La formulation étrange et décalée frappe comme une incantation, les spectateurs envoutés acceptent, se remuent frénétiquement de droite à gauche comme demandé, quitte à débrancher le cerveau, et se laissent embarquer par la frénésie hystérique de ces gentils fous.

Abstraction faite du concept des mini-concerts formatés et destinés à promouvoir à la fois la station de radio et les dernières sorties, un Concert Très Très Privé RTL2, c’est aussi un moment rare de partage avec des artistes de renom qui s’appliquent à offrir autant leur nouvelles créations que leur anciens succès sous le meilleur jour possible. Une soirée délicieuse qu’il fallait savoir apprécier à sa juste valeur.

Crédits photos : Williamk & Little Shao