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Vieilles Charrues

Carhaix, du 14 au 17 juillet 2016

Live-report rédigé par Clémentine Barraban le 8 août 2016

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Quand vient l'heur du bilan, la vingt-cinquième édition du festival des Vieilles Charrues comptabilise un nouveau record de fréquentation, franchissant la barre des 70 000 festivaliers par jour, ce qui, au total, représente environ 278 000 paires de pieds qui ont piétiné l'herbe calcinée de Kerampuilh ce week-end. Alors que le montage a été effectué sous des trombes d'eau, le soleil s'est imposé en tête d'affiche durant toute la durée du festival, ne laissant pas une goute de pluie lui voler la vedette. Le plan canicule ayant fait ses preuves, la fête a sereinement pris sa forme de summer party à coups de batailles d'eau et de beach volley dans le camping.

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Doit-on aux actualités et à l'entretient du climat de peur général de tels élans de communions public-scène dès les premiers concerts de la journée ? Quoi qu'il en soit, rarement autant d'artistes programmés ont fait de retours aussi émus de leur passage aux Vieilles Charrues. Pour les présidents et organisateurs : « Cette année aura été un cap franchi dans l'exceptionnel ».

Jain (prononcez « Jane ») n'a que vingt-trois ans, et déjà toute une existence nomade derrière elle. Une vie transportée au gré des affectations de ses parents, la menant de Dubaï au Congo, la nourrissant de percussions afro-beat et rythmes métissés des énergies terrestres. Seule sur la scène Kérouac, affublée d'une tenue ajustée et d'un col claudine de poupée de porcelaine, elle joue sa pop transgenre teintée de soul et de reggae, face à vingt milles festivaliers débraillés et poussiéreux, prêts à la soulever à bout de bras quand, dans sa bulle, elle s'élance dans les airs.

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Avec son look jean, t-shirt et lunettes noires, Jake Bugg a des allures d'agent infiltré, se montrant impassible face aux manifestations d'adorations juvéniles des premiers rangs. Débarqué de Nottingham, le jeune anglais à la voix chaude et profonde a manifestement une âme de vieux folk-singer coincée dans son corps d'éternel ado. Il électrise mais reste impénétrable, s'imposant uniquement par sa présence vocale et les solos de guitare brillants qui s'échappent de ses doigts. Ses titres aux accords hypnotiques et puissants, empreints de folk et de country, entrainent Kérouac dans un road-trip vintage vers les contrées du grand ouest.

« Qu'elle est jolie Louane ! ». A tout juste dis-huit ans, la jeune française resplendit de fraicheur et illumine la grande scène du festival des Vieilles Charrues. Elle confie les paroles de ses morceaux, déjà sur toutes les lèvres (en particuliers des nombreux enfants venus avec leur famille, en ce dimanche après-midi) comme des fragments d'intimité, ou cris sa joie de vivre dans une soif de liberté contagieuse. Elle termine en partageant une reprise de Imagine, invitant dans sa chambre d'adolescente rêveuse, quelque cinquante milles festivaliers sous le charme de ces éclats d'optimisme.

Virtuose du rap incisif, Nekfeu incendie Kérouac de ses récits mordants, habitant ses personnages de chaire et de sang, quand, à l'autre bout de la plaine, Youn Kamm et le Bagad du Bout du Monde embarquent trompettes et binioùs bien au-delà du chapiteau Gwernig, vers le large breton.
A l'autre bout du festival, la scène Glenmor abrite une créature hybride, sorte de fusion d'icône de cinéma hollywoodien des années 1950 et de hit-girl postmoderne. Lana Del Rey (ou Elizabeth « Lizzie » Grant de son vrai nom) déploie un esthétisme rétro embaumé de beats et arrangements bien actuels. Adulée ou détestée, la jeune femme, tout droit sortie d'un film de David Lynch, ne laisse pas indifférent, en particulier quand elle joue de ses charmes et son timbre vaporeux, ou qu'elle va à la rencontre des ses fans faire des selfies en plein concert. Son sens de la mise en scène a aussi quelque chose de fascinant. Ses chorégraphies sensuelles l'entourent d'une aura de grâce et de volupté pour un show hypnotique.

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Pour clore la programmation de la scène Kérouac, Editors ne font pas dans la demi-mesure. Dès les premières notes jusqu'aux derniers accords, le leader Tom Smith traverse leur discographie, réchauffant les textes crus et les lignes de basse oppressantes de sa voix souterraine. D'une extrémité à l'autre de la scène, comme au piano, il convulse, s'offre, oscille sans cesse, cherchant les émotions dans la force et la force dans la fébrilité.

Le collectif Major Lazer plonge le festival dans une hystérie électro-dancehall faite de projections et jeux de lumières tirant une conclusion hallucinante à cette vingt-cinquième édition.

Prochain rendez-vous des Vieilles Charrues : à New York ! Pour une édition spéciale USA dans Central Park le 1er octobre, avec M (Matthieu Chedid), The Avener et The Celtic Social Club. Le festival breton à la conquête du monde !
artistes
    Jain
    Sofiane Saidi
    Denez Prigent
    Alan Corbel
    Jake Bugg
    Sourdure
    Lilly Wood & The Prick
    Louane
    Las Aves
    Youn Kamm et le Bagad du Bout du Monde
    Nekfeu
    Too Many Zooz
    Lana Del Rey
    Organic Bananas
    Editors
    Odesza
    A-Wa
    Major Lazer
    La Yegros
    Afuma