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Eurockéennes

Belfort, du 6 au 9 juillet 2017

Live-report rédigé par Simon Cordat le 21 juillet 2017

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La nuit fut courte pour réitérer une série de concerts le deuxième jour. La musique ne s'est pas arrêtée une seule seconde au dortoir des Eurockéennes. Et sous un soleil de plomb, les premiers concerts allaient pointer le bout de leur nez.

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Nous nous rendons à la scène de la Greenroom pour le concert de Tash Sultana. Jeune australienne de 21 ans, elle a fait connaître ses compositions sur YouTube avant de percer. Avec ce live, on la voit tenir un solide concept, entre solos de haut vol et reggae électronique. Avec des samples et boucles instrumentales enregistrées en direct, c'est elle seule qui pilote son matériel semblable à une cabine d'hélicoptère. Quoi qu'il en soit, c'est confiante que la musicienne délivre un concert original tout en réveillant les festivaliers déjà affaiblis.

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Vers 18h, la pluie s'est montrée intermittente. Et All Them Witches prennent possession de la Loggia, une scène qui a accueilli essentiellement des groupes de rock plutôt énervés. Les américains se montrent brutaux ; leur catalogue rock'n'roll ébavure avec lourdeur des sons psychés. Quelques passages du set virent dans le stoner où le math-rock. Le bassiste se perd dans l'esprit d'un Lemmy Kilmister lorsqu'il torture sa Rickenbacker lors des longs passages instrumentaux. Appuyés par des moments calmes et mélodieux, le tout est achevé en une cadence tapageuse. Très présents sur les routes d'Europe, il n'est pas difficile de les croiser en festival à côté de grands noms.

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Pour la suite, on poursuit dans les sons distordus en nous rendant sur la grande scène. IDLES, c'est une véritable machine punk qui sait se montrer mélodieuse. Contrastée par un décor à fleurs, la musique dérive dans le post-punk. S'ils jouent des chansons plutôt pop dans les mélodies de refrains (qui ne sont pas sans rappeler les Ramones ou The Damned), ils font également dans l'expérimental avec de longues outros. Pas vraiment de repos donc, mais le groupe attentionné n'oublie guère de s'adresser au public ; et en français s'il vous plaît ! Grandes gorgées de whisky entre accords de guitares saccadés ; les musiciens finissent le concert dans la brèche du hardcore. Ils repartent, souriants d'avoir conquis le public français.

C'est tranquillement que nous attendons l'arrivée d'une grande figure de la chanson française, un pilier du genre. Hubert-Félix Thiéfaine balance un concert de taille, et avoue que c'est une première pour lui de jouer avec un orchestre symphonique en festival (direction : Gisèle Gérard-Tolini). De quoi voir en lui un contemporain de Scott Walker ? A 68 ans et toujours énigmatique, le poète se montre épanoui pendant ce concert si spécial. Du rock boogie woogie jusqu'aux chansons orchestrales plus touchantes, on retrouve cette parfaite synthèse dans Confession d'un Never Been. La nuit a plongé le site dans l'obscurité lors de La Fille du Coupeur de Joints, la chanson qui a fait office de cadence d'un roi des mots.

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En termes de qualité, nous sommes servis. On parle ici d'un produit français qui a réussi à s'exporter au États-Unis depuis quelques temps déjà. Gojira est un groupe sismique sur scène, un total volcan en éruption. À titre personnel, l'émotion est forte en les revoyant onze ans après avoir assisté à l'une de leurs dates du From Mars To Sirius Tour en 2006. Ils ont fait du chemin, et se sont améliorés sur tous les plans. Musicalement cadré, le set est joué avec une dextérité profonde et une technique incroyable. Face au batteur à la frappe si lourde, nous sommes comme ébahis devant le son distinctif du groupe : ce sont des acharnés de travail, ça se remarque très vite. Nous avons donc le droit à du très grand Gojira qui, mine de rien, a attiré du monde. Les fans de death metal sont servis avec une setlist qui retrace leur carrière. Backbone, Oroborus, le char d'assaut Remembrance et sa boucle rythmique intense, Flying Whales : il y en a eu pour tout le monde. Le groupe très méticuleux entraîne inlassablement la foule en parlant méditation avec nous : « pendant un instant, on lâche le portable et on oublie les emmerdes, je travaille là-dessus en ce moment » déclarera le chanteur avec le sourire. C'est déjà chose faite sur les pogos et sur ce qui va suivre. Le mémorable slam d'une personne en fauteuil roulant qui a pu profiter du concert au-dessus la foule est un instant magique. Comme quoi, s'il y a bien une marque de respect que l'on peut retrouver aussi forte, c'est chez eux. Un grand merci à une entité divine du death metal ; Gojira a tout gagné, sans concession.

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Lorsque l'on s'attend à redescendre dans les décibels sur la grande scène, nous voyons qu'Editors sont dans les parages. Le public s'étant divisé pour le ricain Gucci Mane, la foule gonfle davantage de notre côté. Et pour ceux qui se gavaient aux Two Door Cinema Club, Interpol ou Kasabian, il est certain que ce concert va leur parler. Les bêtes de scène sont dans un décor habillé de panneaux de lumières imposants. Lors des premières notes, la nuit accélére cette sensation géniale à vivre. Ayant commencé dans le calme avec la chanson Cold, le groupe enchaîne directement avec son artillerie rock grand format. Munich placé en troisième position fait tournoyer les têtes, transformant le champ en piste de danse. Plus qu'un concert, c'est un show impeccable où chaque titre a une place bien ancrée. Un groupe à revoir, selon nous.

Plus tard, les quelques préjugés que nous avions sur La Femme se dissolvent. Se défaire des écoutes de leurs albums studios est le mieux à faire. Le groupe tiendra 1h15 pour nous convaincre sur la scène Greenroom. Sous leur caractère un brin énervant, les musiciens ne manquent pas le coche en alternant les sons électriques et l'électro-pop branchée. La scène devient un cabaret fou, digne d'Alice au pays des merveilles, où les festivaliers aguerris créent le mouvement. Antitaxi célèbre le revival disco à la française en fin de spectacle, suivi d'un rasage de cheveux en direct sur scène, laissant aussi perplexes que curieuses les personnes qui découvraient le groupe pour la première fois.

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C'est une fois de plus devant le gros son de la Grande scène que s'achève la deuxième soirée. Pour Moderat, tout se sera passé pour le mieux. La musique électronique allemande jouée sans retenue a attiré l'attention du public, lui-même éclairé par les lumières stroboscopiques. On est comme dans une sphère ambiante. Aussi visuels que sonore, Moderat se montrent à la hauteur d'une pièce de théâtre millimétrée. Tout s'est passé très vite. Les enchaînements entre les morceaux, et les quelques mots du groupe ne sont que bonus dans cette communion musicale qui laisse chacun sans voix. Époustouflant. Et le lendemain soir ne va pas être calme...
artistes
    Editors
    Gojira
    Hubert-Félix Thiéfaine & Orchestre
    Blues Pills
    Devandra Banhart
    Gucci Mane
    La Femme
    Lorenzo
    Moderat
    Alaclair Ensemble
    Alkpote
    All Them Witches
    Bon Gamin (avec Ichon, Myth Syzer, Loveni)
    Gracy Hopkins
    IDLES
    Machine Gun Kelly
    Parcels
    Psykup
    Rhinoféroce DJ Crüe
    Tash Sultana
    The Geek X VRV
photos du festival