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Rock en Seine

Paris, du 23 au 27 août 2023

Live-report rédigé par Fab le 27 août 2023

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Après un première journée mi-figue mi-raisin, la programmation du festival Rock en Seine pour ce samedi 25 août présentait bien des espoirs et attentes, avec les venues très attendues notamment de Yeah Yeah Yeahs, Dry Cleaning, The Chemical Brothers voire des vétérans de Cypress Hill en remplacement de Florence + The Machine, forfait de dernière minute pour raisons de santé.


Ce postulat se confirme dès l'ouverture des portes à la venue du public présent en masse très tôt, et ce notamment afin de retrouver les canadiens de Chromeo sur la Grande Scène, après plusieurs années d'absence en France. Nombreux semblent surpris de les voir se produire en ouverture du bal, tant leur aura mais aussi la nature de leur musique, entre funk, synth-pop et électronique semblaient les destiner à animer la soirée. Il n'en n'est rien au final mais David Macklovitch et Patrick Gemayel, respectivement à la guitare et aux claviers, ne s'en laissent pas compter, multipliant les échanges avec la foule entre les titres et se partageant le chant d'un titre à l'autre, la fosse devenant rapidement un dancefloor sur lequel fans et amateurs se mêlent avec bienveillance et faisant grimper l'ambiance dans le Domaine de Saint-Cloud. Une entame inattendue mais indéniablement réussie.


Sur la scène de la Cascade, Ethel Cain est elle aussi attendue par un public venu nombreux, et notamment plusieurs dizaines de fans très actifs massés dans les premiers rangs. Accompagnée seulement d'un guitariste et d'un batteur, celle à qui l'on promet une trajectoire à la Lana Del Rey restera durant l'intégralité du set au centre de la scène, le plus souvent tenant son pied de microphone, un écran géant placé au second plan diffusant tout du long des images rétro la mettant en scène dans son Amérique natale. Une influence ressentie tant dans cet univers visuel que dans sa musique, entre alt rock, country ou dream pop lors de passages plus lancinants. Point de véritable coup d'éclat dans ce set somme toute uniforme, mais une prestation maîtrisée de laquelle ce sera notamment détaché le single American Teenager, hymne en devenir. Une certaine vision de l'Amérique qui n'aura pas manqué de charmer bien plus que sa simple fanbase prête à réagir au doigt et à l'oeil à la moindre de ses sollicitations.


Leur popularité ne naissant de croître ces dernières années, il n'est pas étonnant de retrouver le sextet Altin Gün à l'affiche de Rock en Seine, qui plus est en se voyant offrir une place sur la Grande Scène. Avec ces pourvoyeurs de rock anatolien, mélange d'ambiances psychédéliques et de sonorités plus traditionnelles originaire de la Turquie, la musique se veut accessible en dépit d'un chant dans la langue natale des deux vocalistes du groupe, Erdinç Ecevit Yıldız et Merve Daşdemir. Si l'accueil leur étant réservé ne sera pas aussi positif que celui reçu par Chromeo plus tôt, la faute peut-être à un certain sentiment de répétitivité et l'absence de titres évidents, le contrat sera au final rempli pour les amateurs d'ambiances envoûtantes.


Une heure plus tard, nous voici arrivés sur la scène Firestone où sont attendus The Amazons. Déjà apparus à plusieurs reprises sur les scènes de France depuis leurs débuts, les quatre anglais viennent aujourd'hui défendre sur scène leur troisième album studio, How Will I Know If Heaven Will Find Me?. Avec un son taillé pour les stades, le groupe paraît aujourd'hui presque à l'étroit sur la plus petite des scènes du festival, balayant l'ensemble d'une discographie les ayant placés parmi les plus dignes représentants du bon vieux rock à guitares britannique. Très loquace et visiblement à l'aise dans son rôle de meneur, Matt Thomson attire aujourd'hui les regards tandis que ses trois compagnons d'armes se font plus discrets derrière leurs instruments respectifs. Avec des titres courts mais efficaces, et une influence américaine à la Queens Of The Stone Age semblant parfois planer au-dessus d'eux, les anglais offrent un set concis et centré sur quelques uns de leurs meilleurs singles, notamment In My Mind ou Mother. Rien de bien original, certes, mais une conviction dans les interprétations leur permettant de s'attacher la sympathie d'un public présent du début à la fin de leur prestation.


Opposés au très populaire Tamino à quelques centaines de mètres de là, Dry Cleaning vont contre toute attente drainer aujourd'hui un important public sur la petite scène du Bosquet. Auteurs de leur second album, Stumpwork, à l'automne dernier, les quatre anglais livrent là, de leur propre aveux, leur dernier concert avant une plusieurs mois de repos mérité. Comme toujours, la dualité se dégageant de leurs prestations peut surprendre dans un premier temps : au centre de la scène, les yeux observant l'horizon tout en multipliant les mimiques, l'atypique Florence Shaw déclame ses textes dans un style proche du spoken word, tandis que les trois musiciens Lewis Maynard, Tom Dowse et Nick Buxton se démènent quant à eux comme de beaux diables pour proposer un post-punk plus ou moins relevé. Le résultat pourra rebuter les plus novices, mais après quelques titres de rodage, la machine finit par s'emballer pour trouver son rythme de croisière. Si Gary Ashby ou Her Hippo font leur petit effet, on leur préfèrera assurément Strong Feelings, mais aussi et surtout une fin de set débridée durant laquelle se succéderont l'entêtant Scratchcard Lanyard, le très psychédélique Magic Of Meghan extrait de l'EP Sweet Princess, et enfin Anna Calls From The Arctic et ses touches de saxophone. Le doute n'est plus permis, si sur disque quelques réserves subsistent, en live la machine Dry Cleaning tourne encore aujourd'hui à plein régime.


Après avoir publié ces dernières années plusieurs EPs n'ayant guère franchi la Manche, Coach Party semblent avoir passé la vitesse supérieure depuis le début de l'année 2023. En multipliant les premières parties tant au Royaume-Uni que sur le continent, et en enchaînant les sorties de singles, les quatre anglais préparent sans le moindre signe de fatigue l'arrivée de leur premier album Killjoy le 8 septembre. Sur scène, c'est la même débauche d'énergie que dégage le quatuor, ses courts titres entre power pop et punk, terriblement britanniques en dépit d'un soupçon d'influence américaine, n'étant pas rappeler leurs compatriotes de Wolf Alice, la finesse et la qualité vocale en moins. Car si Jess Eastwood, au chant, dégage un capital sympathie certain et fait preuve d'une conviction évidente dans ses interprétations, ses limites vocales sont difficiles à ignorer, tout comme le manque d'originalité de nombreuses chansons interprétées aujourd'hui. Un moment agréable avec ces seconds couteaux ne demandant qu'à grandir.


L'heure est désormais à l'un des temps forts annoncés de cette édition 2023 du festival Rock en Seine pour le retour en France de Yeah Yeah Yeahs, dix ans après un dernier concert à l'Olympia de Paris. Un peu moins d'une année après la sortie de son nouvel album, Cool It Down, le trio va démontrer ce soir qu'il n'a pas pris une ride, faisant chavirer de bonheur le public dès les premières minutes pour ne jamais lever le pied durant la courte heure de sa prestation. Proposant pour l'occasion un show visuel impressionnant et qui plus est renforcé par l'utilisation de canons à confettis, c'est surtout via l'énergie de l'intenable Karen O que les Yeah Yeah Yeahs font une fois encore forte impression. Arpentant la scène en long et en large, haranguant le public tout en multipliant les poses, la tornade américaine ne ménage pas ses efforts et traine dans son sillage ses deux camarades Nick Zinner et Brian Chase, aussi appliqués durant le set qu'ils se montreront enjoués et satisfaits de l'osmose ressentie avec le public à l'heure de quitter les lieux. Entre temps, c'est une setlist Best Of qui aura été interprétée, du Spitting Off The Edge Of The World inaugural au furieux Date With the Night final, en passant par quelques incartades plus électroniques comme Wolf, Heads Will Roll ou Zero, et bien entendu Gold Lion. Un sans-faute pour le trio que l'on ne peut qu'espérer retrouver en France très bientôt tant le concert du jour restera dans les mémoires.


Après un tel feu d'artifice, la fin de soirée, consacrée aux artistes électroniques avec les venues de The Chemical Brothers, Charlotte De Witte ou Overmono prend des allures d'afterparty, le spectacle dantesque tant visuel qu'auditif délivré par les premiers allant lui aussi laisser des traces à l'heure des comptes. Place désormais à un repos mérité en attendant le programme très chargé de de la dernière journée avec rien de moins que The Strokes, Foals, Wet Leg ou encore Young Fathers !
artistes
    ADA ODA
    ALTIN GÜN
    BRUTUS
    CHARLOTTE DE WITTE
    CHROMEO
    COACH PARTY
    CYPRESS HILL
    DITTER
    DRY CLEANING
    ETHEL CAIN
    HUMAN EYES
    L'IMPÉRATRICE
    NKA
    NOGA EREZ
    OVERMONO
    PARLOR SNAKES
    ROSE ROSE
    SOCIAL DANCE
    TAMINO
    THE AMAZONS
    THE CHEMICAL BROTHERS
    UZI FREYJA
    VENYTHIA
    YEAH YEAH YEAHS
photos du festival