Ambiance calme et feutrée ce soir dans le studio 104 de la Plaine Saint-Denis. Les instruments sont là devant nous et attendent l'arrivée de Cat's Eyes, à savoir Farris Badwan et Rachel Zeffira.
Ils arrivent, accompagnés de trois musiciens, et prennent possession de la scène. Comme pour faire les présentations, ils commencent par le morceau qui donne son nom au groupe,
Cat's Eyes. Voilà qui nous plonge tout de suite dans l'ambiance avec sonorités sixties, la voix sombre de Farris Badwan et celle cristalline de Rachel Zeffira qui s'entrelacent. The Jesus and Mary Chain rencontrant les Ronettes. C'est un univers obscur et décalé qui se tisse à chaque chanson et dans lequel on s'enfonce comme au cœur d'une forêt. Le très beau
Bandits, qui pourrait être la bande originale d'un western réalisé par David Lynch, est suivi par le très efficace et entêtant
Face In The Crowd.

Farris Badwan, presque autiste, reste caché derrière ses cheveux et attendra les rappels pour articuler un remerciement. Rachel Zeffira semble bien timide également, le visage souriant mais muette entre les morceaux. Et si le chanteur de The Horrors est venu avec ses guitares, la soprano est quand à elle venue avec ses claviers, piano et autre vibraphone. C'est d'ailleurs au vibraphone qu'elle interprète seule
I'm Not Stupid, titre aux paroles girlie mais émouvantes, tout en douceur et en lumière, comme une parenthèse au milieu du set.
Arrive ensuite
Sunshine Girls, initialement une composition pour The Horrors, mais au final c'est Cat's Eyes qui l'interprète et tant mieux car ce morceau assez surf bénéficie de l'apport de la voix de Rachel, ce qui le rend un peu plus original. Puis c'est à nouveau Rachel seule en scène, aux claviers pour le très beau et rétro
Love You Anyway, et le groupe la rejoint pour une reprise, le classique des 60's
The Crying Game. Ils reviendront par la suite faire des prises additionnelles, justement pour ce dernier morceau et
I'm not stupid. Cela semblait parfait à la première interprétation, mais ce sont visiblement des perfectionnistes.

On ne peut qu'être séduit par l'originalité proposé par ce projet parallèle de Farris Badwan. C'est le jour et la nuit qui se rencontrent, mais sans éclipse d'éclipse, juste un feu d'artifice aux teintes sombres et rétros. La force des guitares et la douceur du piano et de la voix. Les conditions de ce concert en studio étaient bien évidemment optimales, reste à voir ce que donnera la prestation du groupe dans une salle plus grande et plus classique. La fragile magie sera-t-elle préservée ?