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RM Hubbert
Aidan Moffat & Bill Wells

Paris, Flèche d'Or - 4 novembre 2011

Live-report par Emmanuel Stranadica

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C’est une affiche très alléchante que nous proposait vendredi dernier la flèche d’or. En effet, à l’exception d’un passage quasi confidentiel en avril 2008 au palais de Tokyo, l’immense Aidan Moffat s’est malheureusement fait très rare dans notre pays. Avec un magnifique dernier album, Everything's Getting Older, enregistré avec Bill Wells et sorti en mai 2011, le retour sur une scène parisienne de l’écossais ursidé était une excellente nouvelle.

C’est toutefois dans une Flèche d’Or plus que déserte que ce come-back va s’effectuer. Concurrencé par un Festival des Inrocks quasi complet sur chaque date, la cinquantaine de personnes s’étant déplacé rue de Bagnolet n’allait pourtant pas le regretter.
La soirée démarre aux alentours de 21h30 avec la prestation solo de Sammy Decoster. Originaire de Deauville, le jeune français s’amuse sur scène à grands coups de guitare électro-acoustique devant un public un peu timide. La chaleur et bonne humeur du garçon réussit toutefois à faire mouche et dérider l’assistance. Présentant quelques titres d’un second album à venir en 2012, Sammy Decoster, à l’issue d’un dernier titre bien noisy et de très belle facture, réussit à se payer le luxe d’un rappel quémandé par le public. Agréablement surpris par cette requête, il conclut son set par une reprise de Dean Martin, Everybody Loves Somebody, ultime ballade d’un artiste à suivre de près.

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Dans une ambiance plus intimiste, l’écossais RM Hubbert investit ensuite la scène de la Flèche d’Or. Beaucoup plus à sa place, et certainement plus à l’aise, que lors des premières parties de Mogwai en début d’année, le virtuose de la guitare distille avec maestria les morceaux de son premier album First And Last. Son folk harmonieux prend parfois même la couleur du flamenco. En effet, grâce à la dextérité de ses doigts et de sa main gauche, il donne à sa guitare une musicalité qui transforme entièrement son seul instrument de musique.
Si ses titres sont juste instrumentaux, le bonhomme aime raconter de petites histoires sur la mort ou la maladie entre ses chansons. Particulièrement humble et touchant, RM Hubbert réussit à captiver son public pendant son set d’une demi-heure. Son prochain album sortira en janvier 2012. Une pléiade d’artistes (Aidan Moffat, Emma Pollock, Alex Kapranos...) a contribué à celui-ci. L’ambiance de ce second effort sera possiblement bien différente de celle que nous pu revoir hier soir.

Enfin, c’est un peu avant 23h qu’Aidan Moffat, Bill Wells et deux autres comparses prennent enfin possession de la scène. En guise d’ouverture, le quatuor s’élance dans un instrumental de toute beauté. Double tom-tom pour Aidan, clavier pour Bill, contrebasse et trompette pour les deux autres musiciens, le décor est planté. C’est dans une ambiance cabaret que vont nous transporter les écossais. Les tensions musicales d’Arab Strap, le groupe suicidé par Moffat en 2006, semblent dissipées et l’atmosphère du concert est tout simplement magique. Un improbable reprise de Bananarama, Cruel Summer, tout juste sortie en single, dans une version revisitée et parfaitement jazzy, enchante le public. On a l’impression de se retrouver dans un piano bar.
Au bout de quelques chansons, l’ours barbu drôle et sarcastique prévient son public que si celui-ci veut danser, c’est maintenant ou jamais. C’est alors que le groupe, pendant trois petites minutes, accélère un peu le rythme pour une performance jazzy rock des plus réussies. Aidan nous glisse juste après cet écart : ‘Retournons où nous en étions restés’. L’ambiance feutrée reprend immédiatement ses droits. C’est fort, intense, simple et pleinement convaincant. Il faut dire que les deux membres principaux de ce quatuor ont sacrément de la bouteille. En parlant de bouteilles, ce sont trois canettes de bière au pied du micro d’Aidan qui nous font comprendre que tout n’a pas tant changé que ça chez le bonhomme. Et même si musicalement cette collaboration est résolument différente d’Arab Strap, la jointure entre les deux formations est toujours le timbre sombre et inoubliable d’Aidan.

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Celui-ci continue inlassablement à nous compter ses histoires de vies ratées, de tromperies, de trahisons, de frustrations. Un univers tant caractéristique de la vie de cet écossais. Quarante cinq petites minutes de concert avant deux titres pour un petit rappel, puis les quatre musiciens disparaissent pour de bon. Longtemps espéré mais finalement espoir déçu, aucun retour musical ne se fera vers le moindre morceau de son groupe d’antan. Aidan et sa troupe auraient mérité bien mieux qu’une audience si réduite. D’ailleurs on peut regretter l’absence de sièges devant cette prestation qui aurait très certainement trouvé place dans une salle plus intimiste et plus cosy. Insérer Aidan Moffat et Bill Wells entre deux concerts d’une affiche du Festival des Inrocks aurait été également très judicieux.

On se consolera toutefois avec le privilège d’avoir eu la chance d’assister à une fort belle soirée en ce vendredi soir à la Flèche d’Or.