Anna Calvi

Dernière soirée de l'édition 2011 du festival des Inrocks Black XS, ce lundi 7 novembre était placé sous le signe du rock, dans toutes sa globalité et ses nuances : sombrement électrique avec EMA, sexy et bruitiste avec Dum Dum Girls, sensible et emporté avec Le Prince Miiaou, puissant et lyrique avec Anna Calvi.



EMA ouvre les hostilités dés 19h. Arrivée pour ma part au milieu du set, ma première constatation est de remarquer que l'Olympia est encore un peu vide, quelques espaces de la fosse étant totalement clairsemés. Originaire du Dakota du Sud, la demoiselle, Erika M. Anderson de son vrai nom, un t-shirt blanc mi-long et un caleçon moulant en guise de tenue de scène, balance avec force sa musique à la fois sombre et pénétrante; on soulignera les bienfaits de sa guitare puissante avec laquelle elle ne fait incontestablement qu'un, sa voix délicieusement froide et ses ambiances captivantes. A défaut d'être en totale communion avec son univers et d'avoir pu saisir pleinement sa musique complexe dont on sait la cérébralité, beaucoup sur disque, un peu moins sur scène.



La suite de la soirée nous emmène toujours en Amérique, mais cette fois ci du côté de Los Angeles où les Dum Dum Girls, programmées à 19h50, ont grandi. Fidèles à l'image décomplexée de la ville hollywoodienne connue pour ses excès en tous genre, les quatre filles arborent un look sexy - des hauts noirs assortis à des shorts satinés qui dévoilent leurs jambes et collants à rayures ou déchirés - le tout saupoudré d'une bonne dose de rouge à lèvres et d'eyeliner sur leurs visages. Ce soir, l'esthétique du quatuor féminin surpassera certainement sa performance qui, quoique relativement énergique, restera affaiblie par un son souvent imprécis et une fâcheuse impression de surplace.



20h45 : la France prend le relais avec comme ambassadrice de la soirée Le Prince Miiaou, alias Maud-Elisa Mandeau, qui a su relever la tête à des moments où bien d'autres se seraient faits tout petit : pas facile de lancer un concert en accusant de problèmes techniques dés les premiers morceaux (« le son est à chier » lâchera un monsieur en pétard dans la salle, pas assez patient pour attendre que ce dernier s'améliore finalement sur le titre d'après). Le set puise dans les trois albums de la Charentaise, dévoilant notamment les titres Frénézie Horizontale, J'ai deux Yeux ou We Both Wait). Légère et joueuse, la demoiselle relâche parfois la pression en arborant un masque de ski orange fluo sur Football Team, se décontracte sur la pop farfelue de Turn Me Off pour lâcher quelques flûtes à bec dans le public, séduisant néanmmoins totalement sur ses titres les plus rock et crescendo (I Don't Know My Name, No Compassion).



Star de la soirée, l'Anglaise Anna Calvi, seule Britannique programmée, monte sur les planches à 22h. Comme de coutume, la Londonienne - cheveux en chignon, arborant un chemisier rouge vif porté sur un pantalon noir et campée sur des talons - impose d'emblée une classe impeccable. Les titres de son premier album éponymes défilent, les uns interprétés tantôt avec technique et maîtrise (Rider To The Sea et son jeu de guitare époustouflant), sensibilité (No More Words, The Devil), tempétuosité (Blackout, Suzanne And I), groove rock (I'll Be Your Man), et tous avec émotion et charme ensorcelant.
Timide, concentrée, investie, Anna Calvi contraste la douceur de ses arpèges au rock puissant et ténébreux de ses accords, faisant vibrer sa corde vocale sur ses hymnes les plus enlevées (Love Won't Be Leaving, Desire). Accompagnée d'un batteur et d'une demoiselle à l'harmonium, l'Anglaise est aussi à l'aise dans le registre du King Presley sur sa reprise bienvenue de Surrender ou sur celle de Jezebel de Piaf, deux reprises beaucoup plus attendues que celle, hardie mais efficace, de Wolf Like Me de TV On The Radio.

Audacieuse Anna Calvi !