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Walls

Paris, La Machine du Moulin Rouge - 15 novembre 2011

Live-report par Julien Soullière

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Alerte, je me hisse hors de la bouche de métro, le bras fourré dans mon sac pour tenter d’empoigner ce qui me servira d’en-cas ce soir. C’est arrivé aux pieds de la Machine du Moulin Rouge que je mets enfin la main sur l’immonde sandwich acheté sur le chemin; poussé par la faim, je le descends néanmoins d’une traite, les yeux rivés sur le parmesan brunâtre et luisant qui constelle son pain.
Je m’essuie les doigts, une fois, puis deux, et lève les yeux. Ça faisait longtemps que je n’avais plus vu une file d’attente aussi fournie. Ceci étant, ça fait tout aussi longtemps que je n’ai plus été à l’heure. Je ne suis pas du genre ponctuel. Pire, je ne tente même pas de me soigner. Je préfère laisser faire les choses. C’est mieux comme ça.

J’interpelle bientôt le videur. A l’œuvre depuis un moment déjà, il m’invite à rentrer sans débattre. Je récupère mon invitation, et trace ma route jusqu’à la scène, aux abords de laquelle je croise un photographe qui ne m’apparait pas comme tout à fait inconnu. Visiblement, je lui rappelle quelqu’un également. On entame alors a conversation.
Soudain, une voix quelque peu hésitante nous annonce que le set de Battles débutera un peu plus tard que prévu, en conséquence de quoi WALLS se voient créditer d’un temps de jeu plus long que prévu. Bonne nouvelle. La mauvaise, car il y en a toujours une, c’est que ces derniers n’ont pas attendu cette annonce brutale pour tâter de leurs instruments. L’autre mauvaise nouvelle, car elles vont souvent de paire, c’est que c’est à la Chaufferie que ça se passe, et l’endroit, une petite salle moite située au niveau inférieur, est déjà copieusement remplie à mon arrivée. Mince, pas moyen de se rapprocher davantage. On fera avec. Je ferais avec.

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Derrière WALLS se cache en réalité un duo, deux énergumènes tout droit débarqués de leur Angleterre natale, et aussi complémentaires dans leur art que différentiables et disparates sur le plan physique : là où le préposé aux consoles se révèle assez grand, et somme toute bien fait, le guitariste accuse lui un gabarit diamétralement opposé. L’image est amusante, et ces Laurel & Hardy d’un soir apparaissent dans la seconde comme éminemment sympathiques.
Une chose est sûre, les deux compères font dans la sobriété, et force est de constater que ça leur sied plutôt bien. Planqués derrière leurs consoles, noyés par les vapeurs rosées qui émanent de part et d’autre de la petite scène, Alessio Natalizia (Banjo Or Freakout) et Sam Willis (Allez Allez) déroulent leur séquence électronique avec application.
Les quidams qui leur font face ont l’air d’apprécier, du moins dans leur majorité ; certains, c’est vrai, préfèrent se la couler douce ; ça s’affale dans l’un de ces drôles de canapés rouges, ça étanche sa soif, et ça montre avec insistance à sa moitié(e) à quel point la journée à été rude sans lui/elle.

Nombreuses sont les têtes à se dodeliner, la mienne avec, et si tout cela n’est rien de plus qu’un apéritif visant à faire patienter avant l’arrivée des maîtres Battles, aucun manque de plaisir n’est à déplorer : à la croisée de l’ambiant et du progressif, à la fois psychédélique et dansante, la musique de WALLS, aura, ce soir, été des plus agréables à écouter.