Il fait très froid en cette sombre nuit de décembre. Le vent transperce mon manteau et ce n'est pas de la neige mais une légère pluie que je sens poindre. Me voilà presque arrivée à la Flèche d'O, et il me tarde de pouvoir me mettre à l'abri des frimas de l'hiver. Lorsque j'arrive enfin, je trouve une jeune femme habillée en infirmière à l'entrée qui me tend non pas un vin chaud dont j'aurais fort besoin mais des billets de tombola. Cette soirée s'annonce étrange...
C’est un chant de Noël ce soir, pas celui de Charles Dickens, mais celui de PIAS, et tel Jacob Marley devant le vieil Ebeneezer Scrooge, je m’en vais vous présenter trois visions de Noël.
Pour commencer, laissez moi donc vous conter l’histoire de L’Atelier des Lutins. Il était une fois dans l’atelier du Père Noël, trois lutins venus du froid. Les trois compères de
First Aid Kit sont en effet suédois, et c’est eux qui assurent ce soir l'ouverture. Deux jeunes filles et un jeune homme aux cheveux longs pour une musique folk hippie scandinave et gentillette qui s’écoute une bière à la main (et oui, toujours pas de vin chaud) afin de se réchauffer les oreilles.

Maintenant que nous sommes à notre aise dans la vieille gare reconvertie, approchons-nous tout doucement de la scène, et retrouvons La Jeune Fille et L’Oiseau, à savoir la rouquine
Liz Green. Seule en piste avec sa guitare, l’anglaise nous propose une prestation pleine de douceur et d’humour. Elle nous présente son ami imaginaire, mi-homme mi-oiseau, à travers une jolie bande dessinée sur un calepin et interpréte même un titre a cappella avec une cagoule à tête d’oiseau. Ses chansons ont beau traiter de sujets aussi réjouissants que la guerre et la mort, les mélodies sont toujours légères et Liz ne se départit jamais de son humour so british. Mais au delà de tout cela, c’est bien évidemment sa voix profonde et soul qui nous charme, cette voix qui peut nous transporter sans même l’aide d’un micro.

Et c’est justement un peu plus loin, vers la vision d’un Noël à venir qu’elle nous transporte. Ce soir c’est en quelque sorte La Nuit Avant Noël, on réveillonne avec Tom Smith et Andy Burrows. Le chanteurs d’Editors et l’ex-batteur de Razorlight et désormais membre de I Am Arrows et We Are Scientists ont décidé d’unir leurs talents pour nous souhaiter un joyeux Noël. Sur scène, un sapin, des guirlandes lumineuses, un coffre à jouets en bois et un paquet cadeau dans un coin.
Smith & Burrows se présentent dans le salon, pardon, sur la scène, flanqués de trois compagnons de jeu, et l’on apprendra d’ailleurs que le producteur de leur album officie ce soir aux claviers.
Andy Burrows est au piano et Tom Smith à la guitare, ou inversement selon les morceaux. Les deux voix se marient à la perfection, nous offrant un subtil florilège de leur chansons ainsi que des reprises de Black, REM et de leurs groupes respectifs. Leur interprétation laid back et toute en délicatesse est un pur ravissement, un moment de beauté musicale assez rare, et c'est un magnifique triplé
In The Bleak Midwinter,
Rosslyn,
The Christmas Song qui clôture la première partie du concert.

En lieu et place du rappel, c'est une tombola que les anglais nous proposent, d'où les billets à l'entrée. Dans le coffre à jouets des cadeaux pour les heureux gagnants : un vinyle du crooner américain Johnny Mathis, une mug et un t-shirt Smith & Burrows et même une bouteille de vin. Il ne manque qu'un bon feu de bois à cette distribution de cadeaux pour se croire en effet en train de fêter Noël en famille.
Puisqu'il s'agit tout de même d'un concert, Smith & Burrows sont de retour après avoir pris le temps d'enfiler leur ailes de drôles d'anges pour trois magnifiques chansons afin de prolonger encore un peu la magie de l'instant. Mais comme ils le chantent si bien, la veille de Noël est devenu le jour de Noël, le temps passe et toutes les bonnes choses ont une fin. C'est donc avec un
When The Thames Froze plein de grâce qu'ils nous laissent, les yeux et les oreilles emplis d'étoiles, heureux et réjouis comme des enfants qui découvrent leurs cadeaux.