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Liz Green

Interview publiée par Sandra Stefanini le 22 mai 2012

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C’est avant son dernier concert parisien que nous avons eu la chance de pouvoir rencontrer Liz Green et bavarder un peu avec elle autour d’un verre. Une fin d’après-midi tranquille dans la salle du Café de la Danse, tandis que dehors les fans commençaient alors à arriver sur les lieux.

Il est 18h et il y a déjà du monde qui attend dehors, comment ressens-tu ta popularité grandissante en France ?

C’est un peu étrange, drôle. Je veux dire, j’adore jouer live mais jamais je n’aurais pensé jouer à Paris. Il y a deux ou trois ans j’ai écrit quelques chansons avec Villeneuve. Et quand il a joué ici, je l’ai rejoint sur scène, et je me suis dit : « il faut être super connu en France pour jouer dans ce genre d’endroit ! ».

Qu’est ce que ça fait de toucher de plus en plus de personnes ?

C’est super, mais ce n’est pas le but. Je veux dire, même si une seule personne m’apprécie suffisamment pour venir voir le show, c’est génial. Alors imagine un peu quand il y a toute une salle comme ça en France, je me dis « les gens ne comprennent peut-être même pas les paroles et ils viennent voir le concert, c’est bizarre » (rire). J’ai écrit la majorité des chansons toute seule dans ma chambre. Ce sont des petites chansons, minuscules. Et parfois, quand les chansons voient une grande salle, elles se disent « pouvons nous remplir cette salle ? ».

Comment écris-tu les chansons ?

Ça dépend des jours, mais il faut que je sois seule pour travailler, c’est difficile d’écrire des chansons quand il y a du monde autour. Je ne peux pas me concentrer, je me dis que je pourrais être en train de m’amuser, de faire autre chose. Mais bon, c’est différent à chaque fois, aucune chanson ne m’est jamais sortie comme ça d’un coup, elles viennent toujours par petits morceaux, et les petits bouts s’assemblent petit à petit. Je ne suis pas très prolifique (rires).

D’où tires-tu ton inspiration ?

De tout, les images que je vois et qui m’attirent. J’ai une image en tête et j’essaye de faire en sorte que la chanson ressemble à cette image. Je n’écris pas à propos des gens que je rencontre, je trouve ça bizarre. Ce serait malpoli, au cas où ils se reconnaissent, ils n’ont peut-être pas envie que je parle d’eux dans une chanson ! Si je dois parler de quelqu’un alors j’invente un personnage. J’adore les histoires, raconter des histoires, ce sont des petits voyages de trois ou quatre minutes.
J’ai une amie qui fait partie d’un groupe à Brighton, et elle construit un monde avec ses chansons, un monde qu’elle remplit d’étranges créatures, c’est assez fantastique. Quand tu les vois en concert tu es vraiment dedans. Mes chansons sont différentes, mais je crée toujours un monde. Mon monde ressemble plus à ce monde dans lequel nous vivons, mis à part quelques étranges aventures au détour du chemin. J’aime quand l’étrange surgit dans la vie de tous les jours.

Tu es en tournée depuis le mois de février. Qu’est-ce qui te manque le plus lorsque tu es sur la route ?

J’adore ma maison. Enfin ce n’est même pas vraiment une maison, je vis dans une chambre que je loue. Mais c’est mon monde et il me manque. J’ai tout dans ma chambre, mon piano, mon lit, un bureau ou je dessine et une guitare. Et ça me manque. Sur la route, le fait de vivre dans un espace réduit avec six autres personnes, ce n’est pas si facile. Les gens commencent à se rendre compte à quel point tu es irrationnel ! Tout le monde devient irrationnel quand tu passes trop de temps dans un van (rires). Les petits défauts des autres t’énervent. Mon espace personnel me manque. Mais être sur la route me manque quand je suis à la maison.

Après cette tournée, vas-tu te reposer ou bien continuer à donner des concerts ?

Nous allons jouer dans plusieurs festivals. Ce n’est pas vraiment une tournée, mais nous jouerons quasiment tous les week-ends. Et puis cet été j’ai des tickets pour allez voir les Jeux Olympiques à Londres, j’ai hâte !

As-tu une chanson préférée, que tu aimes jouer sur scène plus que les autres ?

Bad Medicine, je ne me lasse jamais de la jouer. Il y a d’autres chansons comme Midnight Blues ou French Singer que je n’ai pas toujours envie de jouer, mais ce n'est jamais le cas pour Bad Medicine. C’est certainement ma préférée, j’en suis fière. Et je ne suis pas souvent fière de quelque chose, mais là je pense que le résultat est vraiment bon.

Tu vas donc passer encore un peu de temps sur la route, mais as-tu pour projet de rentrer en studio bientôt ?

Oui il paraît que je vais enregistrer à la fin de l’année (rires). Je ne suis pas du genre à faire les choses très rapidement. Les chansons sont presque écrites, mais je pense qu’il faudra encore quelques semaines de travail d’écriture avant de les enregistrer.

En parlant d’enregistrement, pourquoi avoir choisi le titre O Devotion pour ton premier album ?

Ça m’est venu en rêve (rires) ! C’est vrai, je rêve beaucoup ! J’écoute beaucoup de blues et un jour, Sun House m’est apparu en rêve. Il m’a chanté une chanson géniale et il a dit « elle est à toi ». Et en me réveillant je me suis dit que c'était une super chanson, il fallait que je l’écrive, mais la seule chose dont je me souvenais, c’était le titre « O Devotion ».

Vous écoutez donc du blues, mais quels autres genres de musique t'inspirent ?

J’aime toutes les musiques. J’aime vraiment beaucoup le blues, le « delta blues ». J’aime aussi toute la scène « anti-folk » qui a émergé à New York ces dernières années. J’aime la nature un peu bricolage de cette musique. J’aime aussi la country, je pourrais partir sur une île déserte avec juste des disques de Johnny Cash. Je fais les choses à fond, quand j’aime un artiste, j’écoute toute sa musique. Il y a quelques années nous avons joué dans un festival à Saint-Ouen, et là-bas j'y ai vu The Konki Duet. Ce groupe m’a complètement époustouflée, c’était fantastique. Il y devait y avoir vingt personnes dans la salle mais c’était le meilleur concert auquel j'ai jamais assisté. J’ai acheté tous leurs albums !

Dans tes chansons, l’idée de la mort est souvent présente. Est-ce de la peur ou de la fascination ?

C’est de la fascination. C’est juste un simple fait, la mort fait partie de la vie. Les gens n’en parlent pas de façon ouverte. Je trouve ça drôle, pourquoi est-ce qu’on ne pourrait pas en parler ? Les gens qui meurent ne voudraient certainement pas que l’on soit tristes pour toujours. Ils nous diraient sûrement « Rappelez-vous de nous, mais faites la fête ! ». En plus, c’est l’histoire ultime à raconter, naître, vivre et mourir, la mort est donc une fin naturelle pour une chanson.

Et French Singer, est-ce que cette chanson exprime un amour particulier pour la France ?

Les Anglais trouvent cette chanson tellement romantique ! Il y a des gens qui se sont mariés avec cette chanson. Mais quand je l’ai écrite il y a sept ou huit ans, je ne savais pas qu’un jour je serai venue en France. Et aujourd’hui les gens rient quand je la joue, et je me demande en effet pourquoi je voudrais être une chanteuse française. Je n’ai jamais trop pensé au sens de mes chansons, de quoi elles parlent. Tu commences à penser à ça quand on te pose la question en interview. Mais pour en revenir à French Singer, elle traite de l’idée de l’amour. Et quand tu es anglais, quand tu penses amour romantique, tu penses à la France, la Tour Eiffel, Montmartre, le Sacré Cœur... Souvent l’idée qu’on se fait de l’amour est plus romantique que l’amour lui-même.