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Tindersticks

Paris, Trianon - 5 mars 2012

Live-report par Emmanuel Stranadica

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Moins d'un an après leur inoubliable passage à l'église Saint-Eustache dans le cadre de leurs performances des Bandes Originales de films de Claire Denis, les Tindersticks se produisaient de nouveau lundi dernier sur une scène parisienne. Auteurs d'un tout récent album, The Something Rain, encensé par la presse musicale et présenté par Stuart Staples comme le possible dernier disque du groupe, c'est dans un Trianon archi-complet que s'est déroulé ce concert tant attendu.

Sur les coups de 21 heures, les six musiciens, Terry Edwards en guest, démarrent contre toute attente leur set avec Blood, morceau de bravoure pioché dans leur premier effort sorti il y a maintenant près de vingt ans. D'entrée le groupe est en place. Le son quasiment parfait nous emporte dans une performance musicale proche du cousu-main. Stuart Staples, leader charismatique au timbre si reconnaissable, est élégamment habillé d'un costume gris anthracite et attire vers lui tous les regards du public. Sa voix se pose somptueusement sur les mélodies parfaites présentées par le groupe qui l'accompagne sur scène.
Avec deux petits retours vers le répertoire très fourni des britanniques, If You're Looking For A Way Out extrait de Simple Pleasures, puis Dick's Slow Song sur Curtains, il faudra attendre la quatrième chanson du concert pour que le sextet plonge enfin dans les chansons de son tout nouvel opus. C'est d'ailleurs par la plage d'ouverture de ce disque, Chocolate que commence la relecture intégrale de cet album.

En effet, les Tindersticks nous emmènent ce soir quasi exclusivement dans les sonorités soul jazzy de The Something Rain. Les titres défilent dans une ambiance quasi religieuse. Le public semble hypnotisé par cette luxueuse harmonie qui se propage dans tout le Trianon. Stuart Staples qui passe du tambourin à la guitare électrique, puis retourne à la guitare acoustique, se tourne souvent vers la gauche à chaque démarrage de chanson, renforçant un peu plus ce côté crooner qui lui sied comme un gant. Fort heureusement la chaleur étouffante dans la salle ne vient en rien gâcher le côté soyeux et magnifique du concert. D'une manière assez étonnante, aucun morceau des deux précédentes sorties, The Hungry Saw et Falling Down A Mountain, ne figure dans la setlist. C'est pourtant sur ce dernier que le groupe s'était engagé vers une nouvelle orientation musicale, peut-être influencée par l'arrivée du nouveau batteur Earl Harvin.
Si Stuart Staples reste toujours aussi peu prolixe, le public présent ce soir ne quémande aucune chanson au groupe, tant l'assiduité au spectacle produit est de mise. Don't Ever Get Tired et I Know That Loving seront les seuls titres plus anciens à venir s'immiscer entre ceux de leur dernier disque. Come Inside, plage finale de The Something Rain, vient clore les 1h15 de concert.
Rapidement les six musiciens reviennent sur scène pour un premier rappel de deux titres débuté par l'époustouflant 4 :48 Pyschosis tiré de Waiting For The Moon. Cherry Blossoms, unique retour de ce concert vers le second album, conclut le premier de ces deux retours. Le second rappel ne se fait pas attendre bien longtemps. Avant de l'entamer, Stuart Staples, présente ses excuses au public si celui-ci trouve le concert un peu long, ce qui déclanche quelques rires dans l'assistance. Cette fois, point de pioche dans le back-catalogue des Tindersticks. Les deux chaînons manquants de leur album, Medicine tout d'abord puis Goodbye Joe, petit instrumental digne d'une Bande Originale d'un film de Claire Denis, viennent conclure de la plus belle des manières un concert harmonieux et irréprochable.

Certes, l'absence de chordes a pu engendrer une certaine frustration chez certains. Mais la magie des Tindersticks fonctionne de diverses manières. On peut supposer que certaines chansons étaient très attendues. Certains devaient espérer le prodigieux Jism, les classiques Tiny Tears, City Sickness, Bathtime ou encore Can We Start Again?, mais en définitive, tous manquent à l'appel. Les Tindersticks ont toutefois proposé un concert de toute beauté et à la setlist cohérente.
Il est vrai dans cette période possiblement de rupture, les Tindersticks n'ont pas donné dans le Best Of, ce qui est entièrement à leur honneur. Reste à savoir, en cas de réels adieux, si ce groupe hors du commun viendra nous honorer une dernière fois de sa présence dans une salle parisienne avant de nous laisser avec d'éternels regrets. Mais ceci est une autre histoire...

Rendez-vous dès maintenant sur le site d'Arte Live Web à cette adresse afin de revivre ce concert !
setlist
    Blood
    If You're Looking For A Way Out
    Dick's Slow Song
    Chocolate
    Show Me Everything
    This Fire Of Autumn
    Don't Ever Get Tired
    I Know That Loving
    A Night So Still
    Slippin' Shoes
    Frozen
    Come Inside
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    4.48 Psychosis
    Cherry Blossoms
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    Medicine
    Goodbye Joe
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