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Tindersticks
Oisin Leech

Paris, Salle Pleyel - 12 mars 2025

Live-report par Emmanuel Stranadica

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Après une première partie de tournée à l'automne dernier, les Tindersticks sont de retour sur les scènes européennes depuis quelques jours. Si les Parisiens n'avaient pas eu la chance de voir le quintette à cette période, leur attente n'a pas été vaine : pour la Salle Pleyel, comme pour une poignée d'autres dates en mars, les Anglais se sont entourés d'un ensemble à cordes et d'invités spéciaux. Autant dire que la date a affiché complet en un temps record, ce qui n'a rien de surprenant tant la magnificence des concerts du groupe dans cette configuration est reconnue.

Avant de retrouver les Tindersticks, c'est l'Irlandais Oisin Leech qui ouvre le bal dans une salle Pleyel déjà bien remplie. Il ne fallait d'ailleurs pas arriver en retard, sa performance débutant quinze minutes plus tôt que l'horaire mentionné sur le billet. Accompagné par Graham Heany, compatriote dublinois à la contrebasse, Oisin Leech entame son set avec One Hill Further, extrait de son album solo Cold Sea. Habitué à jouer au sein de The Lost Brothers, il distille, avec sa jolie voix et sa guitare acoustique, des morceaux folk aux mélodies délicates. Si c'est sa première fois à la Salle Pleyel (il confie au public être plus familier des toutes petites scènes irlandaises), Paris ne lui est pas inconnue : il s'y est déjà produit au Point Éphémère avec M. Ward en 2023, ce dernier ayant d'ailleurs contribué à son album. Majoritairement composé de titres extraits de Cold Sea, son set comprend aussi une interprétation à l'harmonica d'un vieux classique irlandais, An Buachaill Bán. Par moments, ses intonations rappellent celles de Damien Jurado et ses moments musicaux intimistes. Après trente-cinq minutes, il conclut son concert avec Colour Of The Rain. Le public applaudit chaleureusement les deux musiciens avant leur sortie de scène.

À 20h45, l'ensemble à cordes s'installe sur la scène d'une Salle Pleyel pleine à craquer. Il faudra toutefois patienter encore deux minutes avant l'arrivée de David Boulter, Neil Fraser, Earl Harvin, Dan McKinna et Stuart Staples, rejoints par Terry Edwards et Julian Siegel pour la section de cuivres. Le leader des Tindersticks lance un "good evening" au public avant d'entamer How He Entered. Le son est superbe, et cette chanson extraite de The Waiting Room est sublimée par la présence des cordes. Dès les premières notes, la magie opère. Stuart, concentré sur son chant, ponctue la fin de la chanson de petits mouvements de mains une fois sa partie vocale terminée. Aucun doute n'est permis, nous allons vivre un concert exceptionnel.
A Night So Still et les incroyables sons de guitare de Neil Fraser nous emportent littéralement. Stuart joue du mélodica, tandis que David Boulter et Dan McKinna ajoutent une touche de mélancolie au clavier. Après un merveilleux Trees Fall, les Tindersticks débutent l'interprétation live des morceaux de leur splendide dernier album Soft Tissue. Falling, The Light, dévoilé quelques mois avant la sortie du disque, est suivi de Nancy, où les saxophones insufflent un rythme latino. Une fois encore, la guitare de Neil Fraser est exceptionnelle, et que dire de la voix de Stuart lorsqu'il supplie Nancy de son timbre de baryton...

The Waiting Room est à nouveau à l'honneur avec Second Chance Man, porté par le jeu de batterie d'Earl Harvin, tout bonnement remarquable. Son jeu regorge de subtilités, à l'image de l'ensemble du concert. Les anciens morceaux prennent une nouvelle dimension, enrichis par des sonorités inédites et magnifiés par les cordes. La reprise de Lady With The Braid est stupéfiante grâce à son orchestration, tandis que Willow se fait délicate, presque minimaliste, avec uniquement David Boulter et Dan McKinna aux claviers. Puis, changement d'ambiance avec The Bough Bends, où trois guitares – dont celle de David Boulter – créent une atmosphère électrique. Les sonorités noisy de Neil Fraser tranchent avec l'univers habituel des Tindersticks. Both Sides of the Blade, inédit de la rétrospective Past Imperfect, précède une replongée dans Soft Tissue. Le spleen de Always a Stranger, magnifié par les cordes et la trompette de Terry Edwards, nous transporte, avant que The Secret Of Breathing, baignée de lumières évoquant des aurores boréales, ne nous touche en plein cœur. Plus poignante encore en live que sur l'album, elle confirme l'excellence de la soirée.
Mais les surprises ne sont pas terminées : Gina Foster rejoint le groupe pour une version très groovy de Turned My Back, où saxophones et cordes se déploient avec jubilation. Sur Slippin' Shoes, les cuivres sont encore à l'honneur, tandis que Gina revient ensuite pour accompagner Stuart sur New World. Après un concert mené sans un mot, Stuart Staples prend la parole pour annoncer la dernière chanson et saluer le public et la salle. La somptueuse Soon to Be April clôt 1h35 de toute beauté.

Si l'ensemble à cordes reste sur scène, le reste du groupe se retire brièvement avant de revenir pour un rappel de vingt minutes. Il s'ouvre sur Stars At Noon, où Stuart caresse une cymbale avec une baguette-balai, ajoutant une touche aérienne aux sonorités sud-américaines du morceau. Gina Foster revient pour deux chansons supplémentaires : la très élégante Travelling Light, où son duo avec Stuart Staples fait des merveilles, puis le grand classique Show Me Everything, avec son final en forme de joyeux chaos musical. Enfin, For The Beauty conclut ce concert immense avec une dernière vague d'émotion, portée par des cordes somptueuses. Les musiciens saluent le public avant de quitter la scène, tandis que True Love Will Find You In The End de Daniel Johnston résonne dans les enceintes de la salle Pleyel où s'est déroulé un concert que nous ne sommes pas prêts d'oublier.
setlist
    OISIN LEECH
    ONE HILL FURTHER
    EMPIRE
    OCTOBER SUN
    TRAWBREAGA BAY
    AN BUACHAILL BAN (TRADITIONAL)
    MALIN GALES
    AMONG THE TREES
    COLOUR OF THE RAIN

    TINDERSTICKS
    HOW HE ENTERED
    A NIGHT SO STILL
    TREES FALL
    FALLING, THE LIGHT
    NANCY
    SECOND CHANCE MAN
    LADY WITH THE BRAID (DORY PREVIN COVER)
    WILLOW
    THE BOUGH BENDS
    BOTH SIDES OF THE BLADE
    ALWAYS A STRANGER
    THE SECRET OF BREATHING
    TURNED MY BACK
    DON'T WALK, RUN
    SLIPPIN' SHOES
    NEW WORLD
    SOON TO BE APRIL
    ---
    STARS AT NOON
    TRAVELLING LIGHT
    SHOW ME EVERYTHING
    FOR THE BEAUTY
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