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Ghostpoet

Paris, Point Éphémère - 13 mai 2015

Live-report par Julien Soullière

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Ces derniers temps, la couleur du ciel varie plusieurs fois dans la même journée, mais les températures se révèlent elles aussi constantes qu'agréables. En extérieur du moins, car entre quatre murs, c‘est tout autre chose, surtout dans une salle de concert dont la porte affiche la mention « Complet ». « Il fait chaud, ici, non ? » lancera Ghostpoet plus tard dans la soirée. Ça, tu l'as dit.

Obaro Ejimiwe est un imposant bonhomme, un être à l'ampleur considérable. Dès lors qu'il dicte son texte (mais, à dire vrai, c'est aussi le cas quand il laisse la parole aux instruments), il s'élance et zèbre la scène de ses longs bras couleur ébène, vers sa console, ou vers le néant, occupant un peu plus encore l'espace qui lui est offert. A gesticuler de la sorte, comme s'il l'abandon de soi était pour lui l'unique réponse aux hurlements des instruments, Ejimiwe nous rappelle celles et ceux qui s'observent autant qu'ils s'écoutent, ces artistes comparables à des champs magnétiques de haute intensité, ces hommes et ses femmes qui aimantent les âmes humaines par leur seul présence.

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Tout en puissance sèche, le maître n'en éclipse pour autant les musiciens qui l'accompagnent, de véritables compagnons de route sans qui il serait impossible de donner corps aux compositions signées Ejimiwe. En fait, plus que ce seul homme, Ghostpoet est un tout, un groupe. Un ensemble fait de parties qui se connaissent, se respectent et s'apprécient, preuve en sont les nombreux sourires lancés par les uns en direction des autres toute la soirée durant. Il ne sera d'ailleurs pas question que de seuls regards complices : subitement, c'est une banane, oui, une banane, qui sera lancé par le bassiste en direction de l'un de ses acolytes, une private joke qui viendra compléter un tableau de bonne humeur déjà bien avancé.

Tout de noir vêtu, et aussi concentré qu'un samurai avant l'assaut, Ejimiwe livre son texte avec une facilité déconcertante. Rapide, le débit impressionne autant que la voix, grave, et la diction, malicieuse (accentuation des fins de mots, répétitions de syllabes, etc...). Mais cet état proche de la méditation prend fin aussi vite qu'il débute, et entre deux titres, le visage d'Ejimiwe se détend, ses membres également, et c'est avec une réelle bienveillance qu'il adresse ses remerciements au public. L'œil rieur, le bonhomme semble aussi étonné que ravi par l'engouement de la foule, ne sachant parfois pas comment reprendre le cours de son concert devant les vagues d'applaudissements qui déferlent sur lui. Nul doute qu'un tel accueil vous accroche fermement la chaleur au cœur, vous donnant plus encore l'envie d'aller puiser en vous de quoi communier avec vos convives.

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Outre Ejimiwe et son public, les musiciens se donnent eux aussi sans trop compter. Leurs instruments retranscrivent à la perfection les morceaux proposés ce soir, et ce quel que soit l'album dont ils sont issus. Nichée au fond de la scène, une petite demoiselle impressionne tout particulièrement par la qualité de sa voix, reprenant sans mal le flambeau portée sur le dernier opus par Nadine Shah (X Marks The Spot, That Ring Down The Drain Kind Of Feeling), Lucy Rose (Sorry My Love, It's You Not Me) ou Mélanie de Biasio (Shedding Skin). Aidée dans l'exercice auquel elle s'attelle par un bon équilibre des forces sonores en présence, la troupe s'exécute sans faillir, vivement remerciée par la foule, à la fois collectivement entre chaque morceaux (les passages instrumentaux à base de guitare heroes font toujours leur effet), et individuellement lors des présentations orchestrées ici et là par Ejimiwe.

Bien que gorgées de pluie fine, les compositions de Ghostpoet ne se défont jamais d'une belle pointe de groove, et les conditions live ne sont pas sans lui donner plus de vigueur. C'est en tout cas une bonne ambiance qui règne ce soir au Point Éphémère, et quand les titres entendus n'obligent pas les têtes à osciller, c‘est tout notre corps qu'ils invitent à bouger. En dehors d'un petit coup de mou en milieu de parcours (une histoire d'un titre ou deux), aucun temps mort n'est à signaler durant ce set généreux, dans le fond comme dans sa durée.

Une pluie soutenue d'abat désormais sur la capitale. A croire que le ciel aussi pleure la fin de cette bien belle soirée.
setlist
    Better Not Butter
    X Marks The Spot
    Survive It
    Be Right Back, Moving House
    That Ring Down The Drain Kind Of Feeling
    Plastic Bag Brain
    The Pleasure In Pleather
    Finished I Ain't
    Shedding Skin
    Sloth Trot
    MSI musmiD
    Sorry My Love, It's You Not Me
    Yes, I Helped You Pack
    Meltdown
    Cash And Carry Me Home
    Off Peak Dreams
    --
    Liiines
    Us Against Whatever Ever
photos du concert
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