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The Computers

Paris, Le 114 - 6 mai 2012

Live-report par Cyril Open Up

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Alors que d'autres préoccupations semblent agiter le pays tout entier en ce dimanche 6 mai 2012, une bande d'irréductibles est bien décidée à passer quelques heures enfermée dans un bar de la rue Oberkampf en cet après-midi. Même en cherchant bien, il n'y a pas trace de tasse pouvant contenir de l'eau chaude et infusée pour ce tea time mais plutôt des pintes de bière bien fraîches en lieu et place. Et pour cause, le magazine Plugged met le bon vieux rock & roll à l'honneur avec une belle affiche anglo-belge.

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Il n'est pas encore 17h00 quand les jeunes anglais de The Computers, tout de blanc vêtus, investissent la petite scène du 114. Les cinq gaillards sont un peu à l'étroit et le chanteur s'est même installé dans la fosse avec son pied de micro et les pédales d'effets de sa guitare pour que ses camarades de jeu soient un peu plus à leurs aises. Les manches retroussés, les bras tatoués pour quelques uns d’entre eux, ils règlent une dernière fois leurs fidèles alliés avant de débuter les hostilités. Le chanteur Alex Kershaw est relativement à l’aise. Il chante fort, crie, gesticule dans tous les sens en adoptant toutes les positions possibles. Alex se rapproche un peu de Ricky Wilson de Kaiser Chiefs scéniquement parlant. Il visite les moindres recoins du bar, se faufilant au milieu des spectateurs, debout, allongé ou à quatre pattes. Il monte sur les claviers, une caisse ou encore une table jouxtant la porte d’entrée, plongeant ainsi les nouveaux arrivés directement dans le bain avec de grands yeux écarquillés et pour invariable conséquence l’apparition d’un sourire jusqu’aux oreilles sur leurs visages.
Alex n’est pas tout seul, ses compagnons s’agitent également comme de beaux diables. Le batteur maltraite ses fûts, le claviériste tape les touches avec hargne et la guitare et la basse emboitent le pas pour faire plonger tout ce petit monde dans un tourbillon survitaminé sacrément euphorisant. Alex est là pour « sauver nos âmes », selon ses dires, mais il est surtout venu pour nous en mettre plein les oreilles et les yeux. Les huit titres de la courte setlist sont joués pied au plancher quasiment sans temps mort à l’exception de quelques ruptures de rythmes au cours desquels il nous intime le silence total pour repartir plus fort encore.

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The Computers jouent dans la catégorie rock & roll/garage punk et s’exécutent particulièrement bien dans ce registre. Ne se fiant à aucune mode, ils balancent leurs énergiques décharges avec maîtrise et, pour le coup, on pense, pour ce qui est de notre époque, à leurs cousins The Hives. Passée à la vitesse de l’éclair, Alex referme la prestation en introduisant le dernier morceau par quelques paroles empruntées à Jim Morrison. Il repart pour un bain de foule et termine avec sa guitare dans la rue, abandonnant au passage son pied de micro dont le fil trop court s’était débranché. Le groupe le plus dangereux, selon son leader, aura revisiter les racines du rock & roll avec style et punch pour le plus grand plaisir du public présent qui en ressort heureux bien qu’un peu assourdi.

Le temps de prendre un peu le frais et c’est désormais au tour du trio belge Triggerfinger de poursuivre. Ils portent tous le costume ce qui leur donne une sacrée classe. Une guitare, une basse et une batterie sont amplement suffisants. Leur rock stoner est bougrement bien fichu. Puissants et entrainants, les titres s’enchainent pendant plus d’une heure rappel compris. Les gars sont souriants, blaguent avec le public. La voix rauque de Ruben Block fait le boulot tout comme l’impressionnant batteur Mario Goossens, élu meilleur musicien belge en 2011 (et l’on comprend vite pourquoi). Mario est également producteur de Black Box Revelation et la filiation semble assez évidente. Dopé au café et caché derrière ses lunettes noires, Paul Van Bruystegem fait vrombir sa basse. La température monte, les vestes et les cravates tombent, la setlist enchaîne les morceaux forts en intensité pour le plus grand plaisir de tous.

Cet après-midi, le 114 nous a offert un bien bel échantillon de ce que le rock actuel fait de mieux dans le domaine des cracheurs de décibels. The Computers ont montré leur facilité à se réapproprier tout un pan de l'histoire du rock avec talent et Triggerfinger ont confirmé leur place sur le podium des meilleurs stoners. Des après-midis comme celui-ci, on en voudrait tous les dimanches !