The Computers

Que les plus punk 'n' roll d'entre vous, accros au premier album des anglais, se rassurent, l'intro au clavier reflète effectivement le virage pop soul vintage pris sur Love Triangles, Hate Squares, mais dès le premier titre Bring Me The Head Of A Hipster, qui ouvre également leur deuxième opus, ça décoiffe très vite avec un son indéniablement sixties mais très pêchu ! Alex Kershaw, frontman et guitariste, harangue le public tel un prédicateur païen, allant jusqu'à clamer haut et fort que lui et son gang sont carrément des poids lourds du rock 'n' roll, les sauveurs de la soul ! C'est que l'on serait près à le croire ; ça sonne rock revival avec choeurs travaillés à l'appui mais avec une patate digne de leur compatriote Jim Jones et le jeu piano de Fred Ansell rappelle celui, véritablement apocalyptique, de Henri Herbert qui officiait au sein des fameux Jim Jones Revue.

Saturday Night, son saxo, ses wow wow et autres yeah yeah, est sans contexte LE titre pop et ça marche au vu des reprises en choeur côté public. Rythm Revue, tiré du premier album et qui lui succède, fera le bonheur des fans du killer Jerry Lee Lewis et du classique de la surf music, Papa Oom Mow Mow. Selina Chinese fait lui aussi la part belle à la prestation de Fred Ansell et pour l'occasion, Alex Kershaw change un brin les lyrics ; ce n'est plus « stay alright and never come back » mais « we gonna stay all night » !

Lors de leur concert à Paris en novembre 2015, The Computers ont gardé leur hit C.R.U.E.L pour la fin, peut-être est-ce un clin d'oeil à la capitale de l'amour (voir le vidéo clip tourné sur le pont Saint André des Arts) ou plus prosaïquement parce que ce titre est une tuerie so romantic. Disco Sucks, déclaration totalement dénuée d'ambiguïté et martelée avec conviction par un Alex Kershaw survolté, réconciliera sans nul doute punk rockers et pop addicts et Point Of Interest pourrait même séduire les vieux fans de Jacques Dutronc tant l'intro à la batterie ressemble aux Cactus... Sur Call On Me, qui devient en live Call On You, les riffs de guitare de Sonny Crawford sont en totale osmose avec le piano, un régal !

Si Music Is Dead, véritable manifeste dédié aux fucking punkers, permet à tous les adeptes de pogo de donner libre cours à leur jeu favori, Single Beds, qui suit calme leurs ardeurs. Et grâce au saxo qui s'insinue pour accentuer le glamour, ce slow, un peu mou en version studio, devient beaucoup plus fun en live... Sans doute savez-vous que les petits gars d'Exeter ont repris Elvis Costello, mais également le King. Et c'est à sa version bad boy - avec Trouble et son petit frère Jailhouse Rock - qu'ils rendent hommage. Tell Me Something I Don't Know, dernier morceau et face B de l'EP Disco Sucks clôture cet excellent live, indispensable pour les amateurs de garage soul énervé !

Un live enregistré en 2013 à Exeter - at home donc - et un reflet fidèle de la générosité de The Computers sur scène !