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Wild Beasts

Paris, Days Off Festival - 6 juillet 2012

Live-report par Julien Soullière

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La salle est splendide. Le son, pour sûr, sera quant à lui aux petits oignons, une obligation pour un lieu qui par son seul nom cherche à s’imposer comme le temple parmi les temples, l’endroit où la musique est autant à sa place que Dieu est maître en son Eglise.

Venu pour se délecter des somptueux titres charpentés par Wild Beasts trois albums durant, on s’impatiente en ce début de soirée pour une toute autre raison : première partie annoncée, sur le papier du moins, les américains d’Other Lives sont entourés d’un buzz qui les a étreints au plus fort lorsqu’ils ont été choisis par Radiohead pour les accompagner le temps de leur tournée sur les terres de l’Oncle Sam. Un signe fort, pour une attente qui l’est en conséquence tout autant. Le quartet originaire de Stillwater, Oklahoma, va devoir séduire les troupes.
Les conditions techniques de la salle n’ont pu qu’aider, il est vrai. Reste qu’Other Lives font le boulot avec talent et passion, et qu’ils pourraient, en toute objectivité, tirer leur épingle de n’importe quel autre jeu. Plongé dans une ambiance des plus cinématographiques, l’auditeur se délecte une petite heure durant de cette musique en va et vient perpétuel entre le grand Ouest cher à l’ami Ennio Moricone, et des territoires plus triste et beaux que ceux jamais foulés de leurs pieds par les Fleet Foxes. Mais qui dit cinéma dit visuels, et l’écran géant situé en bout de scène n’a alors cesse de nous balancer à la figure des images d’une infinie beauté, empruntes de ce noir et blanc crasseux qui force l’authenticité, et concourt à plonger une salle de spectacle dans un tout au doux parfum de spleen. Le passé, quand il est bien si mis en musique, émeut plus qu'il ne rebute.
En capacité de proposer ce soir un véritable concert, et dans des conditions on ne peut plus privilégiées (le son est aussi fort que limpide), nos cinq américains, dont le bon goût vestimentaire n’est pas sans rappeler celui de The National, peuvent ainsi déployer tout leur univers et leur talent, concluant leur somptueuse histoire par un Dust Bowl III attendu et applaudi. Le quintet n’a pas volé sa réputation, et il est toujours bon de savourer la musique d’un groupe de talent (plusieurs multi-instrumentalistes composent la troupe), quand celui-ci a su trouver le savant équilibre entre démonstration technique, accessibilité, et explosion des sentiments.

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Ici ou ailleurs, la ponctualité ne sera donc jamais le maître mot des salles de concert, et c’est ainsi en retard de plusieurs minutes sur l’horaire annoncé qu’Hayden Thorpe et ses collègues déboulent sur scène pour empoigner leurs instruments. Si, en début de soirée, d’aucuns pouvaient se demander lequel des deux groupes à l’affiche ce soir avait le plus poussé Parisiens et Parisiennes à se déplacer au fin fond du dix-neuvième à l’aube d'un week-end pluvieux, les doutes sur la côte de popularité de Wild Beasts se dissipent bien vite : la salle n’est certes pas pleine, mais pas de quoi rougir pour autant.
Seulement voilà, alors que l’acoustique de la salle avait plus que brillé en début de soirée, le son craché par les enceintes à l’heure du morceau d’ouverture (Bed Of Nails) se montre étrangement brouillon, foncièrement imprécis, venant gâcher sans crier gare le plaisir d’écoute de la salle.
Stupeur et tremblements. Heureusement, il n’était question ici que de réglages, et l’on reprend le cours normal des choses dès le second morceau, appréciant alors pleinement une setlist pour moitié dédiée au dernier né de la famille, le fier et bien portant Smother.
Avec Wild Beasts, point d’images défilant sur une toile blanche, mais une expérience sonore intense, à la frontière de la pop, de l’expérimental et du jazz, et deux voix se répondant à la perfection, celle, sensible et sensuelle d’Hayden Thorpe, et celle, plus grave, de son alter ego Tom Fleming. Tantôt mystiques (The Devil's Crayon), tantôt dansants (This Is Our Lot), parfois douloureux (Loop The Loop), les morceaux s’enchainent et se complètent comme autant de somptueux tourments, et ce pour la plus grande joie d’une assistance qui ne se fera jamais priée pour acclamer ses héros d’un soir.

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En confiance, les Wild Beasts jouent avec modestie autant qu'avec leurs tripes, et tire leur révérence, c'est bon signe, sur une douce sensation de trop peu. End Come Too Soon, comme ils disent. La soirée s'achève, mais pas le festival : le lendemain, ce sont Hot Chip et les turbulents Breton qui entreront dans l'arène Days Off 2012. Désolé pour le lieu commun, mais on a déjà hâte.
setlist
    Bed Of Nails
    We Still Got The Taste Dancin On Our Tongues
    Albatross
    The Devil's Crayon
    The Fun Powder Plot
    Loop The Loop
    Deeper
    This Is Our Lot
    Two Dancers
    Reach A Bit Further
    Hooting And Howling
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    Lion's Share
    All The King's Men
    End Come Too Soon
photos du concert
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