Fear Of Men

Ce n'est pas parce que nous n'avons encore jamais parlé de Fear Of Men dans les colonnes de Sound Of Violence que nous ne suivons pas la carrière de ce jeune et très prometteur groupe de Brighton. Emmené par la délicieuse et timide Jess Weiss, le groupe, déjà auteur de trois singles et deux cassettes aux tirages confidentiels, commence à se faire remarquer : il prépare actuellement un EP compilation de ses premiers titres pour l'excellent label américain Kanine, spécialiste en indie pop en qualité (Surfer Blood, Princeton, Eternal Summers, Bleeding Rainbow, The Depreciation Guild...) et enregistre un album prévu pour le printemps 2013. D'ici là, le concert nantais et celui de ce soir en première partie de The Pains Of Being Pure At Heart à Paris sont leurs premiers en dehors de l'Angleterre.



Pour une première, elle est plutôt réussie avec brio, même s'il est évident que la grande scène du Trabendo les impressionne un peu, d'autant que la salle est à moitié vide lorsque le groupe entonne la face B de son dernier single, Your Side. J'arrive tout juste pour le second morceau, la goutte au front. Diantre, moi qui ne voulais absolument pas rater leur venue, j'ai mal fait mon calcul... Peu importe, je profite pleinement de la formidable Doldrums, leur chanson la plus immédiate avec Ritual Confessions. Peu à peu, le groupe semble prendre ses aises, certainement rassuré par l'accueil chaleureux que lui réserve le clairsemé mais attentif public parisien qui semble enchanté de cette entrée en matière.

Fear Of Men est manifestement une excellente surprise pour beaucoup. Par certains aspects, le groupe nous renvoie aux débuts de Veronica Falls dont on connait aujourd'hui le succès mérité : une chanteuse au charme évident et à la voix de velours, un superbe son de guitare en ligne claire, des chansons modestes, mélancoliques, intelligentes et sensibles. Le groupe entonne ensuite Phantom Limb, chanson rescapée (avec Green Sea) de leur première et introuvable cassette Hannah Schygulla Demos puis Mosaic, le tout nouveau simple encore chaud de la presse à vinyle. Le public dodeline sagement de la tête, les yeux rivés sur la scène. Les anglais en finissent avec une reprise, un peu fade, du Pink Frost des Chills (mais nous savons comment il est difficile de s'attaquer à un tel monument de la pop) et Green Sea qui finit un remarquable set d'ouverture.



Si le rock anglais n'est certainement pas à son apogée à l'heure actuelle, empêtré dans un vrai un conflit d'identité tant le passé est parfois lourd à porter, Fear Of Men ne s'encombrent pas de ce genre de questionnements. Attachant, humble et profondément sympathique (ravis d'être là, ils auront pris le temps de bavarder avec les français à la fin du concert près de leur stand de merchandising ratiboisé), le groupe manque encore certainement d'assurance sur scène mais possède tous les atouts dans sa manche pour réussir.

En deuxième partie de soirée, The Pains Of Being Pure At Heart auront quant à eux offert un set efficace et ramassé d'environ une heure, ce qui n'est pas pour me déplaire. A mon léger désarroi, le groupe s'est principalement appliqué à défendre son second album, heureusement sans le son ignoble des enregistrements studio, mais peut-être dois-je le réhabiliter. Young Adult Friction et Come Saturday en furent bien sûr les moments forts. Mais tout ceci est une autre histoire.